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8 décembre 2009 2 08 /12 /décembre /2009 09:18
DAVID LEAN, L'IMAGIER PRESTIGIEUX

 

Consacré en 1957 par le triomphe mérité du "Pont de la rivière Kwaï", David Lean, né en 1908, fut d'abord assistant -opérateur, puis monteur - c'est dire qu'il connaissait dans les moindres détails la technique cinématographique - avant de passer derrière la caméra et de devenir le metteur en scène prestigieux qui compte à son actif quelques-unes des oeuvres majeures du 7e Art. Son sens inné du visuel lui permet de traduire avec exactitude des atmosphères très diverses et de peindre avec une minutieuse exactitude les manies et les obsessions de ses personnages dont il saura choisir, pour les camper, des acteurs de premier plan. Doué d'un souffle impressionnant, il démontrera à des critiques, parfois agacés par son exubérance et son lyrisme, que l'art de l'imagerie n'a rien de péjoratif. Dès 1945,  Brève rencontre  marquera une génération entière. Tourné dans une grisaille appropriée, ce film était en phase avec la mélancolie de l'immédiat après-guerre et marquait une rupture avec les comédies précédentes  "Heureux mortels"  et  "L'esprit s'amuse"  qu'il avait réalisées en collaboration d'écriture avec  Noël Coward. Dans un registre assez proche, "Chaussure à son pied" sera une savoureuse comédie boutiquière servie par la clarté du montage et la direction d'acteurs, traditionnelle mais ferme. Par la suite, deux adaptations de romans de Charles Dickens lui fourniront l'occasion d'affirmer son talent. Ce seront "Oliver Twist" (1947),  qui reste aujourd'hui encore la plus grande réussite du genre, fidèle en tous points à l'oeuvre littéraire et "Les grandes espérances" (1946) qui bénéficie d'une interprétation exceptionnelle, dont celle de Jean Simmons.  Avec "Les amants passionnés", Lean laisse apparaître son romantisme dans un déploiement lyrique qui force l'émotion. Il retrouvera cette veine, traversée d'une cruauté assez proche de celle d'Henry James, dans "Vacances à Venise" (1954),  où il joue du contraste entre une austère vieille fille (Katharine Hepburn) vivant un amour douloureux avec un séducteur sans scrupule dans une Venise opalescente.


"Le pont de la rivière Kwaï" ouvre une page nouvelle dans sa carrière. Dès lors le réalisateur, qui ne produira plus qu'une oeuvre tous les quatre ou cinq ans,  se consacre à donner une ampleur épique à l'histoire la plus simple ; ainsi "La fille de Ryan"  sera d'abord un projet modeste avant de prendre les proportions d'une métaphore cosmique. En 1965, "Le docteur Jivago", film qui touchera tous les publics par son universalité et le souffle qui l'anime, achèvera d'asseoir sa renommée planétaire. Tiré du roman de Boris Pasternak, interprété par un trio inoubliable formé par Omar Sharif, Julie Christie et Géraldine Chaplin et servi par la musique de Maurice Jarre, ce film illustre à merveille ce qu'un imagier méticuleux et inspiré peut produire en alliant tous les arts : ensemble ceux de l'écrivain, du peintre, du musicien et du comédien. Dans "Lawrence d'Arabie" (1962), le parti pris de mettre au service d'une oeuvre sévère une illustration grandiose est parfaitement menée. Lean y confronte le mystère d'un héros obsédé par la grandeur à l'étendue énigmatique du désert, en ne perdant rien de sa sensibilité et de son humour dans la magnificence de l'imagerie. Son dernier opus en 1984 "La route des Indes" d'après le roman de E.M. Forster est à la fois sobre et exalté. La volonté d'opposer des personnages quelconques à un décor qui les dépasse y trouve sa justification dans les rouages complexes et subtils du récit. Ainsi, le cinéaste aura-t-il réussi à être à la fois populaire, audacieux, psychologue et homme de spectacle dans ce qu'il a de plus complet et de plus ambitieux. Un challenge conduit de main de maître. Il meurt en 1991.

 

Pour lire les articles consacrés à Julie Christie et  aux Réalisateurs, cliquer sur leurs titres:

 
JULIE CHRISTIE            LISTE DES ARTICLES - REALISATEURS du 7e ART  

 

Et pour consulter les films de Lean que j'ai critiqués, cliquer sur leurs titres :

 

LE PONT DE LA RIVIERE KWAÏ


LA FILLE DE RYAN de DAVID LEAN  
   

LAWRENCE d'ARABIE, DE LA REALITE A LA LEGENDE

 

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commentaires

G
La superbe musique épique, électronique et symphoniquee mixée par le compositeur français Maurice Jarre pour Lawrence d'Arabie, Le Docteur Jivago, La Fille de Ryan et La Route des Indes, contribuera également, à mon avis, au succès de ces films.
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D
Bonjour Armelle, à Paris, cette semaine, 4 films méconnus de ses débuts viennent de ressortir. C'est une bonne nouvelle. Bonne journée.
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D
Bonjour Armelle, c'est bien que tu aies écrit un article sur David Lean qui à mon avis est au purgatoire: on n'ont parle moins ainsi que de ses films et pourtant... J'aime beaucoup, son dernier, La route des Indes qui est passé un peu inaperçu et je conseille aussi La fille de Ryan (anti-irlandais certes) mais qui donne à Mitchum un très beau rôle. Sans parler des autres films: classiques et/ou chefs d'oeuvre du 7ème art. Bon samedi enneigé.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

Stanley Kubrick

 

 

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