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2 février 2022 3 02 /02 /février /2022 09:48
LA FILLE COUPEE EN DEUX de CLAUDE CHABROL

   

Inspiré d'un fait divers américain, l'assassinat en 1906 d'un célèbre architecte Stanford White par l'époux de son ex-maîtresse, une jeune actrice de music-hall, et de  "La fille sur la balançoire " (1955), l'excellent film de  Richard Fleischer,   La fille coupée en deux  de  Claude Chabrol  décrit l'ambition d'une jeune femme, présentatrice météo sur une chaîne de télévision locale, d'abord éprise d'un écrivain en vogue égotique et pervers, puis d'un jeune héritier déjanté et suicidaire, dont les amours partagées aboutiront à un drame trop bien annoncé pour surprendre aucun des spectateurs, et nous immerge dans le microcosme médiato-culturel de la télévision et de l'édition.


Chabrol, qui se considère volontiers comme "l'impitoyable anatomiste des passions humaines",  ne nous fait grâce d'aucune des perversions de ce milieu restreint et nous le dépeint avec une sombre férocité qui, malheureusement, n'échappe pas au trait excessif et caricatural, au point de gâter notre plaisir et de nuire à la cohérence psychologique des personnages. Ce maître du trompe-l'oeil, qui se plait depuis  Le beau Serge  à dénoncer les faux-semblants et les tares de notre société, nous livre ici un scénario trop outrancier, une intrigue qui dégénère assez vite en une farce dans laquelle le fils à papa, dandy de sous-préfecture, campé par un  Benoît Magimel  auquel on en demande trop et qui surcharge son rôle de façon à ce qu'il ne soit plus crédible, coopèrent pour rendre peu vraisemblable cette histoire de séduction et de vengeance. Je suis sortie déçue de cette projection, alors que je m'y rendais sans aucun à-priori, étant une admiratrice du cinéaste dont je considère certains de ses films comme d'incontestables chefs-d'oeuvre.

 

Là, le savoir-faire de Chabrol, son rythme de découpage incisif et percutant, l'atmosphère qu'il sait créer dès les premières images, moment où le décor, les personnages, les situations se mettent en place, ce talent où se mêlent dérision et subtilité ne fonctionne pas à plein et nous laisse sur une amère déception. On ne retrouve pas le grand Chabrol que nous avons apprécié et dont chacun des films était une leçon du style le plus décapant qui soit. Là, on subit un échantillonnage d'êtres en rupture avec eux-mêmes, figés dans des compositions paroxysmiques dont on ne peut croire qu'elles sont l'ordinaire de notre temps. Seule Ludivine Sagnier  nous touche, lors des premières scènes, quand la jeune fille, qu'elle est sensée représenter, découvre le monde corrompu dans lequel son amant tente de l'entraîner... un moment de grâce.

 

Pour prendre connaissance de l'article consacré à Claude Chabrol, cliquer sur son titre :

 

CLAUDE CHABROL OU UNE PEINTURE AU VITRIOL DE NOTRE SOCIETE

 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, dont La femme infidèle, Le beau Serge et Que la bête meure, cliquer sur le lien ci-dessous :
 

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS

 


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LA FILLE COUPEE EN DEUX de CLAUDE CHABROL
LA FILLE COUPEE EN DEUX de CLAUDE CHABROL
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commentaires

S
Une femme avec un sens de l'amour et de l'attitude, c'est exactement le genre de film que nous imaginons...
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D
télévision et de l'édition
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E
Eh bien moi qui vénère Chabrol, je n'ai jamais entendu parler de ce film!
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V
Un Chabrol extrêmement décevant, je crois qu'il ne croit plus à son sujet (à la différence de Lellouch plein de vie dans "Roman de gare"), il se caricature lui-même, les personnages archétypaux ou/et incroyablement outrés (la palme à Benoit Magimel qui est pourtant mon acteur français préféré) et leurs relations entre eux sont totalement incrédibles. Pour ma part, je trouve Ludivine Sagnier très surcôtée et cabotine par moments (jeu irrégulier, quelques rares fulgurances) et je rejoins le com Dasola que seule Caroline Sihol (et un peu aussi Mathilda May) m'ont semblé jouer juste. Même Berléand est terne, un tour de force!!!
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D
D'accordpour dire que Ludivine Sagnier nous touche dans ce film par ailleurs regardable, même si l'extrême fin est ratée, même si les autres personnages sont des pantins sous la caméra de Chabrol, seule Catherine Sihol est absolument magistrale dans son rôle de belle-mère a priori évaporée et qui est pourtant une sacrée "garce" quand elle congédie Gabrielle (Ludivine) comme une simple domestique ou quand elle décrit la tragédie qui l'a touchée.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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