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24 juillet 2008 4 24 /07 /juillet /2008 08:51
LE REBELLE de KING VIDOR



Le Rebelle est une variation sur le thème de l'amour dans ce qu'il a de plus fou, désespéré, impossible. Amour passion qui se vit dans une exaltation de tous les instants et amène les personnages à sacrifier leur équilibre, leur carrière et même leur existence. A l'image de New-York, dans laquelle l'action se déroule, cet opus exalte la démesure et la solitude de l'homme de talent en perpétuelle lutte pour sauvegarder son originalité et son indépendance. Dans cet univers de gratte-ciel mis en scène par King Vidor, les constructions architecturales prennent une dimension humaine et le héros peut affirmer : Un édifice a son intégrité, tout comme un homme, et c'est aussi rare. N'est-ce pas au nom de cette intégrité que Roark détruira la cité de Cortlandt ? Architecte visionnaire, cet homme refuse de s'incliner devant les désirs d'éventuels commanditaires susceptibles de dénaturer ses plans. Il va jusqu'à préférer travailler comme simple ouvrier sur un chantier que de céder aux pressions des médiocres. Homme passionné et exigeant jusqu'à la violence, il conçoit ses ouvrages de façon audacieuse et révolutionnaire. Un jour, il rencontre une journaliste Dominique Francon pour laquelle il va tout de suite éprouver un sentiment véritable. Mais celle-ci épouse le patron d'un journal The Banner, qu'elle n'aime pas, dans le seul but de se mortifier de sa liaison avec Roark. Ces deux êtres hors du commun ne vont plus cesser de se déchirer et de s'affronter.


                     

Que quelques-unes des scènes les plus puissantes aient pour décor le bureau du patron de presse Gail Wynand, devenu le mari de Dominique, véritable toit du monde qui domine tout New-York, n'est pas dépourvu de sens et met sans cesse en situation de vertige. On sait que le personnage de Roark n'est autre que l'architecte Frank Wright dont la vie a été romancée par Ayn Rand, tout d'abord pour les besoins de son roman The Fountainhead, et d'autre part pour le scénario qu'il a été chargé de réaliser à partir de ce dernier.  " Je m'étais fiançée à Peter Keating, - déclare fièrement et non sans cynisme Dominique, l'héroïne du film, - parce que je savais qu'il était l'être le plus insignifiant que je pourrais rencontrer et que je ne l'aimerais jamais".  Cette phrase donne le ton et l'ambiance dans lesquels les personnages évoluent, se combattent sur fond de bulding new-yorkais et se déchirent au nom de leur amour et de leur intégrité. Amour sans concession, amour-conflit, où les caractères et les natures s'opposent sans cesser de se fasciner. Le décor est donc celui de New-York, ville grouillante symbolisée par l'un de ces journaux à gros tirage comme The Banner, dont le directeur Gail Wynand se transforme sous nos yeux, à force de compromissions, en parfait miroir de ses lecteurs, devançant leur désir de crainte de ne pas assez refléter leur banalité. Riche, puissant, redouté, il convoite une femme qui, jusqu'ici  lui a échappé, Dominique Francon, sa propre collaboratrice. Une femme exceptionnelle qui ose avouer : "  Si jamais un jour je décidais de me punir de quelque chose de terrible, je vous épouserais."  Leur relation est déjà l'un des affrontements fulgurants du film.

 

Face à ce couple se dresse la figure de Howard Roark, ce génial architecte qui pose ses propres normes et n'autorise personne à altérer l'un de ses projets. Ce sera pour échapper à son emprise que Dominique, fière et insoumise, épousera Wynand, alors même qu'elle vient de démissionner de son journal. Wynand propose alors à Roark de bâtir la maison où il souhaite vivre avec sa femme, une maison qu'il ne veut partager avec personne et qu'il demande à l'architecte de concevoir de façon telle qu'elle soit un temple dédié à la femme qu'il aime et une véritable forteresse qui protège leur amour. Roark accepte de réaliser la maison, alors qu'il est également épris de Dominique. La tension du film et ses rebondissements tournent autour de ces trois personnages et sont ponctués de cataclysmes et de morts violentes. Lors du tournage, Gary Cooper et Patricia Neal étaient passionnément amoureux l'un de l'autre, et il est possible que cela ait contribué à apporter au film une intensité rare et rendu plus vraisemblable encore cette relation presque sauvage de deux natures qui ne peuvent s'aimer sans se détruire. Un film inoubliable qui semble se plaire à frôler les abysses avec fureur et volupté. Les acteurs principaux traduisent cette violence de manière admirable et sont impressionnants de vérité. Autour d'eux évoluent une bande d'hommes d'affaires et de membres de conseil d'administration divers, habitués à toutes les formes de compromission possibles, des hommes qui par-dessus tout redoutent l'originalité, le talent, le génie. Un grand moment de cinéma.

 

Pour lire l'article consacré à Gary Cooper, cliquer sur son titre :   GARY COOPER - PORTRAIT

 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN, cliquer sur le lien ci-dessous :


LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN

 

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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

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La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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