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7 avril 2008 1 07 /04 /avril /2008 09:53
PEAU D'ANE de JACQUES DEMY

                                                                             

Le film  Peau d'âne (1970) est un bijou qui mérite tous les éloges tant le charme du récit de Perrault a été respecté et mis en images de la façon la plus exquise par Jacques Demy. Une réussite absolue et un vrai enchantement pour le spectateur, le metteur en scène ayant su harmoniser à la perfection la féerie du conte tout en le saupoudrant d'un zeste d'humour contemporain. Décors splendides, costumes somptueux, chansons ravissantes sur une musique de Michel Legrand, anachronismes savoureux, rien ne manque à ce long métrage qui apparaît comme un petit miracle. Il arrive que le cinéma nous offre ce genre de divine surprise.
 

 

L'histoire est celle d'une jeune princesse dont le père a fait le serment à son épouse bien-aimée, juste avant qu'elle ne meure, qu'il ne se remarierait qu'avec une femme plus belle qu'elle. Or il ne découvre qu'une seule prétendante qui puisse rivaliser avec la défunte reine : sa propre fille. Pour ne pas se marier avec son père et, sur les conseils de sa marraine la fée Lilas (Delphine Seyrig , la jeune fille s'enfuit dans la forêt, cachée sous la dépouille d'un âne, et va vivre là comme une pauvresse, loin des fastes d'antan. Mais le prince charmant l'a surprise  dans  sa splendeur et, désormais, le souvenir de sa grâce ne cesse de le hanter. Il n'a plus qu'un souhait, la revoir, et fera en sorte de tout tenter pour la rejoindre. Un anneau d'or glissé dans une galette par Peau d'âne le mettra sur le chemin de sa belle et, bien entendu, ils se marieront et auront beaucoup d'enfants.

                                                                                        


La présence de Jean Marais dans le rôle du père est là pour rappeler l'hommage que Demy rend à Cocteau à travers ce film qui évoque, bien sûr, La belle et la bête, mais plus spécifiquement ce surréalisme qui frise l'onirisme et plaisait tant au poète-dramaturge. Aussi se laisse-t-on séduire par cette féerie, le symbolisme parfois un peu trop insistant, les robes couleur de temps ou de lune et cette imaginaire qui fait fi de la raison. Car dans les contes, la raison est l'usage des fées, c'est dire que c'est une raison délicieusement déraisonnable, enchâssée de rêve et de fantaisie. Et n'en doutons pas, la morale sera sauve. L'inceste sera évité et  remplacé par la fraîcheur d'un amour adolescent, tandis que le plaisir, comme le labeur, finira en chansons et que l'humour fera en sorte d'être présent au bon moment.

                       

Catherine Deneuve, dont c'était là le troisième film avec Demy, après Les parapluies de Cherbourg et Les demoiselles de Rochefort, nous séduit davantage par sa présence évanescente, son profil de camée et sa blondeur idéale, que par son jeu qui n'était pas encore affirmé ; Jacques Perrin est un prince charmant assez pâlichon, mais Delphine Seyrig en fée Lilas est absolument adorable et Micheline Presle magnifique en Reine rouge. Ce film enchanteur dispense un plaisir extrême et nous assure durant 1h30 une immersion totale dans le monde féerique de l'enfance.

 

Pour lire les articles que j'ai consacrés à Jacques Demy et catherine Deneuve, cliquer sur leurs titres :

 

JACQUES DEMY, L'ENCHANTEUR             CATHERINE DENEUVE - PORTRAIT

 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, dont Lola et Les demoiselles de Rochefort, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

 
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4 avril 2008 5 04 /04 /avril /2008 08:49
PIERROT LE FOU de JEAN-LUC GODARD

                                                                                              

Dixième long métrage de Jean-Luc Godard, "Pierrot le fou"  (1965) est peut-être son film le plus célèbre tant le cinéaste y maîtrise plus que jamais son art et se livre à un véritable feu d'artifice narratif et visuel où éclatent, en un patchwork de couleurs, le bleu/liberté, le rouge/violence, le blanc/pureté. Ce film est tout ensemble un poème dédié à Anna Karina, sa ravissante épouse d'alors, et une sorte de voyage dans la lune. "Un film est comme une fusée à plusieurs étages - disait Godard. Là, le dernier étage est monté très haut. Je n'en suis pas encore revenu".


Sur le thème éternel de l'amour et de la mort, le metteur en scène signe une oeuvre colorée et poétique. Il y fustige la société de consommation et revendique le droit au rêve au travers d'une cavale entre Paris et la Méditerranée. A propos de ce film, il n'est pas déplacé de parler d'un souffle libertaire, voire existentialiste, souffle dans la conception et dans le fond. Les deux sont liés en une symbiose rarement atteinte dans un projet cinématographique de ce genre. Nous sommes en 1965 et Godard n'hésite pas à expérimenter les cadrages et les plans pour les sortir de leur conformisme. D'extravagance en extravagance, il joue avec le spectateur, puisqu'il filme l'homme par des moyens techniques surréalistes dans le but de mieux donner prise à l'illusion d'une réalité informelle. Ainsi invente-t-il un langage qui s'affranchit des règles de ses prédécesseurs et entend jouer du champ et du contre-champ à sa guise, s'attribuant ainsi toutes les audaces. Il y a donc, de sa part, une construction organisée selon de nouveaux critères, afin d'instaurer un sens, une signification autonome, dans le souci constant d'échapper à une narration trop homogène. En quelque sorte, il désarticule le narratif pour le transformer en un interrogatif et transgresse sans vergogne les valeurs établies. Selon lui, le 7e Art est une création dont l'objectif est de tout réinventer et réactualiser, de manière à l'inscrire en lettres capitales dans le paysage intellectuel contemporain.

                 

Ferdinand quitte sa femme pour suivre Marianne. Délaissant la réception que celle-ci a organisée, il passe la nuit avec la jeune fille et, au matin, tous deux découvrent un cadavre dans l'appartement qu'ils viennent d'occuper. Une sombre histoire de gangsters va les obliger à fuir. Après diverses aventures, ils arrivent au bord de la mer. Marianne s'ennuie et finit par le trahir avec le chef des gangsters. Ferdinand la tue, puis il se peint le visage en bleu, s'entoure la tête d'explosifs, allume la mèche avant de se raviser. Mais trop tard, il explose face à la mer.


Qu'est-ce, en comparaison de cette intrigue plutôt mince, que le cinéma aux yeux de Godard ? Le cinéma, c'est d'abord et avant tout l'émotion et "Pierrot le fou" est à cet effet une réussite cousue des sentiments les plus vifs, où il apparaît que nous sommes faits de rêves et que les rêves sont faits de nous. Dès lors, c'est un cinéma qui prend ouvertement ses distances avec la logique et procède par intuition, au hasard d'une pensée créatrice. A ces fins, le film utilise les ruptures de rythme, les faux raccords, les citations, les collages...  inaugurant la forme de liberté à laquelle il aspire. Nullement provocatrice, cette oeuvre est celle d'une sincérité qui s'emploie à se manifester avec une éloquence généreuse, servie par la caméra de Raoul Coutard et l'originalité d'un montage heurté, en parfaite adéquation avec la bande-son. Anna Karina et Jean-Paul Belmondo prêtent à leurs personnages respectifs le charme de leur jeunesse et leur naturel et nous touchent par un jeu nuancé et fantasque, s'offrant à la caméra du maître avec un total abandon. 

 

Pour lire les articles consacrés à Jean-Luc Godard et Belmondo, cliquer sur leurs titres: 

 

JEAN-LUC GODARD OU UN CINEMA IMPERTINENT        

 

 JEAN-PAUL BELMONDO

 

 Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :
 

 
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PIERROT LE FOU de JEAN-LUC GODARD
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31 mars 2008 1 31 /03 /mars /2008 09:37
LA PISCINE de JACQUES DERAY

                                              

A la fin des années cinquante, ils s'étaient fiancés puis s'étaient quittés, jusqu'à ce que le cinéaste Jacques Deray ait l'idée géniale de les réunir à nouveau sur l'écran pour des étreintes torrides sous le soleil de Saint- Tropez. Ce sera "La piscine", un film qui nous remet en présence d'une actrice merveilleuse qui s'était un peu effacée derrière le masque trop conventionnel de la célèbre impératrice Sissi et explose littéralement dans ce long métrage, au côté de deux acteurs de premier plan : Alain Delon et Maurice Ronet. Le film fera un triomphe et amorcera la seconde partie brillantissime de la carrière de Romy Schneider. Pour Jacques Deray, ancien acteur, puis assistant, qui avait abordé la réalisation en 1960 avec "Le gigolo", drame psychologique interprété par Alida Valli et Jean-Claude Brialy, avait poursuivi avec "Du rififi à Tokyo" en 1961, "La piscine" (1968) débute sa longue collaboration avec Alain Delon (pas moins de 9 films) et lui ouvre également les portes du succès international. Cette production, très bien reçue par la critique et le public, l'installe définitivement dans le cercle fermé des cinéastes qui comptent. "Borsalino" sera, quelques années plus tard, un autre grand succès qui fera de lui, aux yeux de certains, le digne successeur d'un Jean-Pierre Melville. Par contre la fin de sa carrière décevra.

 

Tourné sur la côte d'azur, "La piscine" distille avec subtilité une tension croissante, appuyée sur un scénario fort bien élaboré par Jean-Emmanuel Conil et une distribution irréprochable des quatre principaux acteurs dont Jane Birkin à ses débuts dans le rôle de Pénélope. Alors qu'ils passent des vacances tranquilles dans leur villa de Saint-Tropez, Jean-Paul et Marianne voient débarquer à l'improviste Harry accompagné de sa fille. Dans une atmosphère faussement sereine, l'hôte indésirable, qui a été autrefois l'amant de Marianne, prendra un malin plaisir à remuer les souvenirs d'antan et a lentement, inexorablement, susciter la jalousie de Jean-Paul jusqu'au dénouement final. Remarquablement conduite et maîtrisée, l'intrigue tient le spectateur en haleine jusqu'au bout, sous la forme d'une tragédie divisée en cinq actes avec, pour point d'ancrage, la piscine, théâtre aquatique de l'amour et de la mort. Si l'on a prêté au couple recomposé pour la circonstance Schneider/Delon, sublime de beauté, le mérite de constituer l'intérêt principal et d'apporter cet aura singulière dans lequel baigne ce long métrage, si l'on apprécie la présence gracieuse et éthérée de Jane Birkin dans son premier rôle significatif, il faut attribuer une mention spéciale à Maurice Ronet dans celui de Harry qui, par sa seule présence, parvient à donner à l'histoire sa vraisemblance et son intensité face à un Delon soudain vulnérable. Une réussite.


 

Pour lire l'article consacré à Romy, cliquer sur son titre :    

 

ROMY SCHNEIDER - PORTRAIT

 

MAURICE RONET, L'ETERNEL FEU FOLLET



Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

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LA PISCINE de JACQUES DERAY
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28 mars 2008 5 28 /03 /mars /2008 10:42
CLINT EASTWOOD - PORTRAIT

                                                              

Un nom qui signe une carrière prolifique et bénéficie d'une aura internationale, qui se conjugue aussi bien sur le plan de l'interprétation que de la réalisation de films. Né le 31 mai 1930 à San Francisco, Clint Eastwood fit son apprentissage d'acteur à la  firme Universal avec laquelle il signa l'un des derniers contrats de salarié proposé par les studios. Alors qu'il semble confiné dans les seconds rôles et des séries comme Rawhide, Sergio Leone va lui donner l'occasion de révéler son talent d'interprète en le faisant tourner successivement dans trois longs métrages : "Pour une poignée de dollars" (1964),  "Et pour quelques dollars de plus " (1965) et surtout dans  "Le bon, la brute et le truand" (1966), le chef-d'oeuvre que l'on sait. De retour aux Etats-Unis, Clint va fonder sa propre société, Malpaso, et entamer une fructueuse association avec Don Siegel, d'où sortiront notamment "Les proies" (1970) et le premier volet de la saga de l'inspecteur Harry. C'est en 1971, après trois collaborations fructueuses avec Siegel, que Eastwood décide de faire cavalier seul en tournant son premier film "Un frisson dans la nuit", où il démontre un incontestable talent pour la mise en scène épurée et terriblement efficace. Grâce à la réussite de la série de l'Inspecteur Harry, créée conjointement avec Siegel, qui a eu le mérite de le propulser au hit-parade du Box-Office au même niveau qu'un Robert Redford et un Al Pacino, Clint a désormais les moyens de financer des projets plus personnels, des films en demi-teinte souvent emplis d'émotion. Un auteur est né dont les capacités ne vont cesser de s'affirmer, réalisant une oeuvre où il analyse cliniquement l'Amérique en diversifiant les genres : drame, polar, western, film noir. Le réalisateur sait habilement utiliser tous les outils mis à sa disposition pour offrir sa propre vision de la société : des services de santé à la conquête spatiale, de la corruption politique à l'homosexualité, jetant un regard toujours humain, mais sans complaisance, sur les problèmes qui se posent à son pays. Rien ne laisse indifférent cet esprit curieux, qui veille à se forger sa propre opinion et à ne pas se laisser influencer par les modes. Certains critiques verront en lui un héritier de John Ford et salueront ce fils spirituel des grands maîtres de l'âge d'or d'Hollywood.
 


En 1992, il obtient l'Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur pour "Impitoyable" (Unforgiven), western sombre dédié à Don Siegel et Sergio Leone, ses deux pygmalions. Grand film que celui-ci sur la violence et la rédemption qui clôt définitivement le genre et semble achever une époque de sa propre vie. En effet, dans les films qui vont suivre, il semble que Clint prenne du recul et de la hauteur et cède à une inspiration plus apaisée, nous peignant des héros qui, en avançant en âge, ont opté pour la sagesse, sans être pour autant fades ou conventionnels. Ce sera, entre autre, la magnifique réalisation de "Sur la route de Madison" (1994), l'une des plus belles histoires d'amour portée à l'écran, avec une finesse et une sensibilité rares. Tout en retenue, en regards et frôlements, Clint face à Meryl Streep  nous dévoile une passion mâture d'une poignante intensité. Ainsi en une vingtaine d'oeuvres, ce soi-disant réactionnaire aura tout abordé, du plaidoyer contre la peine de mort "Jugé coupable" aux préjugés dont souffre un riche homosexuel "Minuit dans le jardin du bien et du mal " jusqu'aux frasques sexuelles d'un président  "Les pleins pouvoirs", il analyse avec intelligence et acuité les symptômes propres à une civilisation en train de traverser de dangereuses turbulences, dessinant un portrait réaliste de son pays, sans se laisser aller au défaitisme. Car si Clint redoute l'opinion de masse, il garde confiance dans les contre-pouvoirs et fait passer sur l'écran un souffle puissant inspiré de son idéal et de sa conviction qu'il y a toujours un sursaut possible pour retrouver les valeurs basiques et construire plutôt que détruire. En 2003, "Mystic River", intrigue puissante à la texture complexe s'accompagne d'une réalisation classique et épurée qui fait de cet opus l'un de ses meilleurs films, de même  que "Million Dollar Baby", deux ans plus tard, lui mérite une nouvelle consécration en remportant, douze ans après "Impitoyable", l'Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur, tandis que Hilary Swank, son personnage central, repart avec la statuette de la meilleure actrice et Morgan Freeman celle du meilleur second rôle masculin. 
 
              


Acteur et réalisateur de premier plan, Clint Eastwood jouit aujourd'hui d'un statut particulier dans l'univers cinématographique, celui d'un homme fort et humain, d'un conteur hors pair qui sait mieux que quiconque mettre son talent exigeant au service de thèmes graves et actuels, tous abordés avec la même audace et le même souci d'impartialité, composant une belle oeuvre de réflexion sur les grandeurs et misères de notre temps. Il incarne d'autre part, à la perfection, ce qu'un certain cinéma hollywoodien est en mesure de faire : mise en scène dynamique, gravité du propos sous l'apparence d'une production de genre à la finalité spectaculaire. Son dernier opus " American sniper", qui crée polémique, compte déjà comme un des films marquants de l'année 2015 et fait salles combles aux Etast-Unis. Bien qu'âgé de 85 ans, Eastwood regarde toujours notre monde avec la soif inassouvie d'en déchiffrer la complexité profonde.

 

Pour lire les articles de la rubrique consacrée aux réalisateurs, cliquer sur son titre :


LISTE DES ARTICLES - REALISATEURS du 7e ART

 

Et pour accéder à mes critiques des films de Clint Eastwood, comme Sur la route de Madison, L'homme des hautes plaines,  L'échange, Gran Torino,  Au-delàE. Edgar, Million Dollar Baby, Pale Rider, cliquer sur le lien ci-dessous :     

 

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CLINT EASTWOOD - PORTRAIT
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22 mars 2008 6 22 /03 /mars /2008 09:56
LE DERNIER DES GEANTS de DON SIEGEL

                                     
Précédé d'une réputation de justicier infaillible, John Bernard Books (John Wayne) arrive à Carson City dans le Nevada. Tandis que plusieurs de ses ennemis entendent lui faire payer une dette ancienne, Books profite de l'occasion d'être dans cette ville pour consulter son ami le docteur Hostelder (James Stewart) au sujet de sa santé. Celui-ci ne lui cache pas qu'il est atteint d'un cancer en phase terminale qui ne lui laisse plus que quelques semaines de sursis. Se refusant au désespoir et, afin de rester fidèle à sa réputation, le vieux cow-boy entend bien mourir debout, les bottes aux pieds et le colt à la main. Chose facile puisqu'il lui suffit de provoquer ses adversaires pour qu'ils organisent aussitôt un guet-apens, au cours duquel le barman de l'auberge l'abattra dans le dos, mais sera tué par Gillon, le fils de la logeuse, qui vouait à Books un véritable culte. Ainsi sera-t-il mort comme il le souhaitait, laissant à la postérité l'image d'un héros valeureux.

 

                                      
Film ultime de John Wayne, Le dernier des géants  (1976) de Don Siegel  met fin à ma série consacrée aux westerns. Je l'ai choisi parce qu'il a marqué la disparition d'un genre qui contribua à illustrer de façon brillante l'une des périodes les plus productives de Hollywood, celle que l'on a toujours considérée comme son âge d'or. Les premiers plans sont un montage de quelques-uns des longs métrages de Wayne, une manière de conter en images la carrière tumultueuse de John Bernard Books qui débarquait à Carson City le 22 janvier 1901, le jour même du décès de la reine Victoria. Avec la mort de cette souveraine se tournait une page romanesque d'un temps révolu, comme ce dernier rôle de Wayne témoignait de la disparition du Far West, tel qu'on l'envisageait à l'époque, alors que Carson City portait déjà les marques du modernisme à l'américaine, dont on sait l'influence qu'il aura sur le reste du monde. Une Amérique qui venait de découvrir du pétrole au Texas, assistait à l'assassinat de McKinley et à l'arrivée au pouvoir de Théodore Roosevelt.




Le genre cinématographique qui s'achève avec ce film prend, pour toutes ces raisons, les allures d'une célébration, hommage rendu au vieux géant ( en même temps l'acteur et le héros légendaire ) qui symbolise et illustre à l'écran, par sa seule présence, la formidable odyssée de la conquête de l'Ouest. Ainsi que Books, qu'il incarne, Wayne,  miné par le cancer, savait sa mort proche et disparaîtra d'ailleurs moins de trois ans plus tard. Les concordances entre la personnalité de Books et celle de son interprète sont frappantes. Aux côtés de Wayne, James Stewart - âgé de 68 ans - n'est plus le compagnon confident de L'homme qui tua Liberty Valance, mais le médecin messager de la mort. Richard Boone, Lauren Bacall, Harry Morgan et John Carradine portent eux aussi, à divers degrés, les stigmates du passé. Ce film a donc été conçu à la manière d'un adieu : l'adieu du cinéma au western traditionnel et l'adieu de John Wayne au cinéma. Symboliquement les années 70 se concluent avec la mise en production de La porte du paradis, une saga westernienne qui ne sera distribuée qu'en 1980. Onze ans après l'oeuvre de Cimino,  Danse avec les loups, réalisé et interprété par Kevin Costner, réussira à obtenir un grand succès populaire et recevra l'Oscar du meilleur film. On a eu raison de souligner le courage de l'acteur-metteur en scène qui, pour son premier film en tant que cinéaste, a osé tourner un western d'une durée inhabituelle (presque quatre heures), dont la plupart des dialogues sont en lakota, la langue des Sioux. " Je n'ai pas cherché - a-t-il déclaré - à manipuler vos sentiments, à réinventer le passé ou à régler mes comptes avec l'Histoire. J'ai simplement voulu regarder, de façon romantique, une période épouvantable de l'histoire de mon pays, quand l'expansion à tout prix, au nom du progrès, nous apporta finalement très peu, mais nous coûta beaucoup. Ce film est ma lettre d'amour au passé". Entre le regard de John Wayne et celui de Kevin Costner, deux visions opposées et respectables de la naissance des Etats-Unis.

 

Pour lire les articles consacrés aux grands maîtres du western et à John Wayne, cliquer sur leurs titres :


  JOHN WAYNE  

      

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LE DERNIER DES GEANTS de DON SIEGEL
LE DERNIER DES GEANTS de DON SIEGEL
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19 mars 2008 3 19 /03 /mars /2008 18:29
LA FLECHE BRISEE de DELMER DAVES

              

La reprise du film  La flèche brisée est une heureuse initiative. Pour deux raisons : tout d'abord parce que c'est un beau film, ensuite parce qu'il vient à point nommé nous rappeler les valeurs de sagesse et de modération dont notre monde a le plus urgent besoin. Cette histoire pourrait évoquer et illustrer n'importe lequel des conflits qui sévissent actuellement sur notre planète. Voyez plutôt : En 1870, dans l'Arizona, la guerre fait rage entre Blancs et Indiens. Tom Jefford (James Stewart) apprend patiemment le chiricahua avant de partir en mission auprès du chef Cochise (Jeff Chandler), avec l'objectif  de lui soumettre des propositions de paix. Devenu son hôte, il s'éprend de la belle indienne Sonseeahray (Debra Paget) et l'épouse, selon les coutumes en vigueur chez les Apaches. De retour à Tucson, Tom fait part à la population des entretiens qu'il a eus avec Cochise et les assure que, désormais, les courriers seront autorisés à traverser son territoire. Peu après, Tom emmène avec lui le général Howard ( Basil Ruysdael ), nommé le Père-la-Bible, qui professe avec conviction que tous les hommes sont frères sans distinction de couleurs. De son côté, Cochise brise une flèche afin de sceller avec les Blancs un accord de paix durable. Mais Géronimo (Jay Silverheels), un rebelle, se refuse à pactiser et entend poursuivre le combat. Chez les Blancs, certains ne désarment pas davantage. Slade (Will Geer), un impénitent raciste, tend une embuscade à Cochise, au cours de laquelle Sonseeahray trouve la mort. Fou de douleur, Tom veut la venger et c'est alors que Cochise intervient en lui rappelant que pour un meurtre, on n'a pas le droit d'entraîner à nouveau deux peuples dans la guerre. Tom s'éloignera le coeur lourd mais riche de souvenirs.
 

             
C'est d'ailleurs une phrase du même style prononcée par Cochise " Peut-être un jour me tueras-tu. Peut-être un jour te tuerai-je. Mais nous ne nous mépriserons jamais - qui symbolise le mieux l'esprit avec lequel Delmer Daves a tourné son film. Celui-ci marque une date déterminante, comme le souhaitait son auteur, dans le renouvellement complet des données du genre. La flèche brisée est un western adulte, un western vrai - se plaisait-il à dire. La plus grande partie de l'action se déroule dans le camp de Cochise, le chef apache de la tribu des Chiricahuas. D'où le souci du metteur en scène de décrire avec le plus grand réalisme et le plus grand respect les moeurs indiennes. Jusqu'alors ces populations étaient volontiers caricaturées et considérées comme les ennemis à abattre, ceux qui empêchaient les Blancs de s'installer sur des terres qu'eux-mêmes ne savaient pas exploiter. Daves va changer la donne et sera le premier à montrer les Indiens comme des gens respectables et non plus comme des sauvages. A travers le personnage de Cochise, il nous propose la vision d'un indien qui a le sens de l'honneur, une dignité naturelle et les espoirs simples de tous les êtres humains. Si bien que ce long métrage jouera un rôle considérable dans la manière dont Hollywood envisagera à l'avenir sa représentation du peuple indien.
 

                
Ce film sera, avec La porte du diable d'Anthony Mann sorti la même année (1950), l'élément qui contribuera activement à poser avec justesse la question des rapports entre Blancs et Indiens et à réhabiliter ces derniers dans l'inconscient collectif. Delmer Daves se veut néanmoins plus optimiste qu'Anthony Mann, foncièrement désespéré, qui filme l'anéantissement et la mort de son héros comme le symbole d'une race condamnée de toute éternité à disparaître. Par ailleurs, il est remarquable que le réalisateur ait su renoncer à tout manichéisme, puisque l'on trouve dans les deux camps des âmes droites et honnêtes, d'autres fourbes et belliqueuses. En-dehors de Cochise et Tom Jefford qui rêvent de vivre dans un monde pacifié, il y a aussi Howard, ce général chrétien, qui démontre clairement que l'armée n'était pas composée que d'assoiffés de sang. La générosité du propos de Daves ne fait pas de doute et on ne peut qu'adhérer à son humanisme et à son intégrité morale qui lui permettent d'aborder avec autant de respect que de déférence le douloureux problème indien.

                


Ce film a su alterner les scènes d'affrontement et celles très délicates de l'amour qu'éprouvent l'un pour l'autre Tom et Sonseeahray. L'image des jeunes mariés partant le soir de leur nuit de noces sur des chevaux blancs est inoubliable. De même que le sont les relations entre Tom et Cochise. Le fait que Delmer Daves ait lui-même vécu au milieu des Indiens, appris leurs usages, leur manière de vivre et se soit initié à leur langue, procure à ce film son authenticité. C'est certainement l'un des grands souvenirs de James Stewart que d'être entré dans le noble personnage de Tom Jefford qu'il incarne admirablement, face à des acteurs de premier plan, comme Jeff Chandler, magnifique Cochise, sans oublier Debra Paget, belle et touchante Sonseeahray. Rappelons-nous, avant de conclure, du dernier conseil que Cochise adresse à son ami Tom. Il mériterait d'être entendu de toutes les nations, tant la voix porte loin et haut : - Ecoute mon frère. Il faut accepter que les militaires respectent la paix. Géronimo ne valait pas mieux que ces Blancs. Je porte le fardeau de leur traîtrise, porte celui de cette morte. Cochise est fidèle à son peuple. Personne ici ne rompra la paix, pas même toi - C'est sur ces paroles que s'achève un film qui compte parmi les plus sensibles et les plus remarquables de la filmographie westernienne . Aujourd'hui, comme hier, nous avons encore toutes les bonnes raisons de le méditer.

 

 

Pour lire les articles consacrés aux grands maîtres du western et à James Stewart, cliquer sur leurs titres : 
 

 JAMES STEWART - PORTRAIT

  

 Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN, dont la plupart des westerns, cliquer sur le lien ci-dessous : 

 

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16 mars 2008 7 16 /03 /mars /2008 20:31

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Li Ahh et Li Ohm grandissent sans mère auprès de leur père Sui, qui répare les mannequins des magasins et est à tel point dévoré par son travail qu'il en délaisse ses fils. Ceux-ci sont livrés à eux-mêmes ; l'aîné de 9 ans prenant soin du plus jeune. Ils vont à l'école mais, ensuite, errent dans les rues et les terrains vagues où, un jour, ils recueillent un chiot abandonné. Le plus jeune, ne voulant pas s'en séparer, le cache dans son cartable et l'emmène avec lui à l'école. Mais la maîtresse s'en aperçoit et en parle au directeur, qui convoque le père. Ce dernier prend alors le chiot et va le déposer dans une décharge publique mais, devant le chagrin que cela provoque chez ses enfants, et surtout chez le plus petit, il est saisi de compassion et réalise à quel point il les aime. Ce film un peu trop lent à mon goût - mais cela est le fait de beaucoup de films asiatiques, qui n'ont certes pas le débit des films américains - ne manque pas de charme, à cause de la tendresse qu'il dégage, de sa fraîcheur, de sa drôlerie et du jeu merveilleux des deux enfants confondants de naturel et de spontanéité. Cet opus est le premier long métrage de Liew Seng Tat, né en 1979 à Jinjang, qui vient d'être couronné, il a tout juste une semaine, par le Festival du film de Fribourg et  sera présent, le mois prochain, à Vancouver pour représenter ce jeune cinéma malaisien.


Selon ses propres dires, l'auteur a lui-même grandi dans un milieu familial harmonieux, plein d'amour et de rires, d'où cette vision assez idyllique de l'enfance et ce portrait de deux gamins surpris dans leurs jeux insouciants. Fait avec peu de moyens, un scénario réduit à sa plus simple expression, ce long métrage a été tourné la caméra sur l'épaule et nous rappelle ce que fut dans les années 60 la Nouvelle Vague française, suscitant un sentiment identique, celui d'assister à une tranche de vie saisie sur le vif et qui séduit d'autant mieux que l'oeil, qui se trouve derrière la caméra, est empli d'indulgence et que ce monde de l'enfance reste à jamais un univers privilégié. Une jolie réalisation qui est comme une bouffée d'air frais.

 

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16 mars 2008 7 16 /03 /mars /2008 11:18
WONDERFUL TOWN de ADITYA ASSARAT

                                                                                                                               
Dans la petite ville de Takua Pa, au sud de la Thaïlande, Ton, un jeune architecte, a été chargé de surveiller les travaux de reconstruction d'une chaîne hôtelière, au bord de la plage récemment ravagée par le tsunami. Dès son arrivée de Bangkok, il choisit, dans l'arrière-pays, un hôtel modeste, tenu par une jeune femme discrète, au charme délicat. Peu à peu, elle et lui vont tisser  des liens de tendresse et vivre un amour empreint de pudeur et de retenue. Mais cela ne va pas être du goût de tout le monde, et du frère de Na en particulier, un voyou paresseux, père d'un jeune enfant dont la jeune femme s'occupe avec dévouement. Pour faire cesser cette liaison, on comprend vite qu'il est prêt à tout et, en effet, les provocations se succèdent. D'ailleurs celui-ci met en garde sa soeur, alors que, dans le même temps, il encourage  Ton à la protéger car, contrairement à lui, elle est un coeur pur. Cela jusqu'au dénouement, où l'on verra que pour la garder auprès de lui, il n'hésitera nullement à employer les moyens les plus radicaux. Avec sobriété, le réalisateur
Aditya Assarat, dont c'est le premier long métrage, a choisi de traiter le tsunami, qui a frappé les côtes thaïlandaises et provoqué un profond traumatisme parmi la population, à travers le destin de deux êtres attachants, âmes blessées dont l'histoire d'amour ne peut manquer de nous émouvoir, d'autant que le film nous peint cette liaison avec sensibilité et procède par petites touches, en une suite de plans au ralenti, à l'égal du sentiment qui éclot entre  Na et Ton. Le cinéaste  a très bien rendu l'ambiance, s'attardant sur les maisons désertées, les objets de la vie quotidienne abandonnés là comme les épaves d'un autre temps, d'un autre monde, références à la solitude qui étreint les survivants. Ode touchante, avec quelques images superbes de cette région prise entre mer et montagne, tant appréciée des touristes autrefois, et soudain délaissée, mise à l'écart de la marche offensive du monde. Si bien qu'on se sent, tout au long du film, un peu hors du temps, au coeur d'une rêverie mélancolique exprimée sans faute de goût, sans excès, avec élégance et fluidité, par un jeune cinéaste qui réussit là un ouvrage grave, empli d'une poésie simple et quotidienne et mérite que l'on suive avec attention la suite de ses réalisations.

 

Prix du Jury du 10e Festival du Film Asiatique de Deauville

 

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15 mars 2008 6 15 /03 /mars /2008 10:13
Le bon, la brute et le truand de Sergio Leone

 

Alors que la guerre de Sécession fait rage aux Etats-Unis, trois hommes, absolument indifférents aux hostilités, consacrent leur énergie et leurs balles de revolver à rechercher un trésor caché  par l’armée nordiste, opus qui clôt le cycle de ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui la "trilogie des dollars". Il est vrai qu’en un  court laps de temps, Leone a pulvérisé les codes du genre avec son style innovant dont la grammaire baroque se décline à partir d’un attirail de règles immuables : plans séquences étirés en longueur, immenses silences, utilisation du grand angle, zooms arrière et travellings à profusion, le tout soutenu par une musique lancinante, celle d’Ennio Morricone. C’est la révolution. D’autant que les histoires de Leone (et, ne l’oublions pas, de son coscénariste Sergio Donati) ne ressemblent à rien de ce qu’on a vu jusque-là. Cette révolution du western à la Leone marque l’arrivée tonitruante d’un nouveau genre avec le même personnage populaire du pistolero auquel le réalisateur donne le visage impassible de  Clint Eastwood. De même que ses deux comparses, Eli Wallach et Lee Van Cleef, qui contribuent grandement à la démythification volontaire de l’histoire traditionnelle de l’Ouest. Les moyens qu'utilisent le cinéaste lui permettent une ampleur spatiale et une dimension narrative peu communes, même lorsque les duels et les affrontements se développent comme de purs jeux formels.

 

 


Personnages atypiques,  le bon, la brute et le truand, improbable trio d’affreux dans un monde impitoyable, immoral, cruel et rempli d’un humour sardonique, sortent leur pétoire pour un oui ou un non, faisant fi de tous les sentiments, même de l’amitié. Jusqu’au dénouement final, fantastique duel à trois dans un cimetière, scène d’anthologie qui marquera la fin de la collaboration entre Clint Eastwood et Sergio Leone. Le comédien craignait de se laisser enfermer dans un archétype mais, plus tard, devenu réalisateur à son tour, il rendra hommage au western spaghetti et de manière appuyée, puisqu’il incarnera à nouveau dans "L’homme des hautes plaines" cet individu sans nom qu’il fut à trois reprises pour Leone. Il n'en reste pas moins que cet opus est un pur chef-d'oeuvre, interprété par des acteurs fabuleux, opéra baroque s'il en est qui défie les lois habituelles du western made in Hollywood. Inoubliable.

 

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Et pour prendre connaissance de l'article que j'ai consacré à Sergio Leone, cliquer sur son titre :
 

SERGIO LEONE ou le cinéma comme opéra baroque

 

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Le bon, la brute et le truand de Sergio Leone
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7 mars 2008 5 07 /03 /mars /2008 09:27
JEREMIAH JOHNSON de SYDNEY POLLACK

                       

Se voulant l'antithèse des premiers westerns, ceux magnifiquement illustrés par John Ford ou Fred Zinnemann  qui relataient l'épopée de la conquête de l'ouest magnifiée par la grandeur des héros, films qui liaient le tragique au romanesque et s'accompagnaient de chevauchées et de poursuites, de règlements de comptes et de batailles,  "Jeremiah Johnson"  (1972)  de Sydney Pollack  va nous conter la vie d'un homme qui, dégoûté par le monde civilisé, gagne les montagnes Rocheuses pour y mener la vie rude et dangereuse des trappeurs et se lie d'amitié avec la tribu indienne des Têtes-Plates. C'est ainsi que ce long métrage ferme le cercle ouvert par "La ruée vers l'Ouest "(1931) ou "La charge fantastique" (1941), en nous proposant un destin absolument contraire à celui des pionniers d'antan : un homme qui tourne le dos à cette civilisation pour revenir à la vie primitive, au coeur d'une nature encore sauvage. Cependant Pollack n'a pas suivi à la lettre la philosophie d'un Jean-Jacques Rousseau  et a eu le mérite de nous montrer que les antagonismes, qui subsistent au coeur de cet univers, sont aussi violents et sanglants qu'ailleurs. Cet univers, en effet, n'a rien d'angélique et les instincts de l'homme n'y sont pas à l'abri de la cruauté et de l'esprit de vengeance, hélas !  - aussi verrons-nous dans le film des Indiens tuer un enfant et une femme qui vivaient avec Johnson pour le punir d'avoir traversé leur cimetière.

 

Pour réaliser ce film, Pollack fit appel à Robert Redford qui avait déjà été son interprète en 1966 dans "Propriété interdite". Les deux hommes décidèrent alors de ne reculer devant aucune difficulté pour assurer au film une réelle authenticité. C'est pourquoi ils exigèrent de la Warner Bros de tourner dans l'Utah à presque 4000m d'altitude, dans des conditions qui furent particulièrement pénibles. La Warner Bros finit par accepter, à condition que le budget ne soit pas dépassé. " Ce qui m'a surtout intéressé " - déclarait Pollack - " c'est le personnage du montagnard qui quitte sa civilisation pour aller sur la montagne ( les Rocheuses ont un pouvoir particulièrement attractif ), afin de se créer une vie selon ses désirs. Mais une fois à l'intérieur de ce bloc montagneux qui promet les rêves les plus fous, il se rend compte que la vie y est dure, que la nature a aussi ses lois, tout comme les Indiens. Il m'intéressait donc d'avoir ce personnage pour bien faire sentir que la fuite n'est pas un moyen, qu'une société sans loi n'est pas possible. Ainsi nous avons décidé avec Redford de respecter le plus possible cette authenticité ".
 


Et il est vrai que ce film s'attache à rendre avec précision les spectacles de la nature, la vie des animaux, la survie et l'existence quotidienne en ces terres isolées, existence rythmée par le passage des saisons. Jeremiah Johnson doit s'y acclimater et rien n'est aussi simple que prévu. Devenu chasseur habile, grâce aux conseils de Griffe d'Ours, il est amené à recueillir un jeune garçon nommé Caleb, dont la mère est folle, et à sauver le trappeur Del Gue, enterré vivant par les Indiens. Reconnu par les Têtes-Plates comme un guerrier valeureux, on lui attribue aussitôt la responsabilité de la mort des Pieds-Noirs tués, en réalité, par Del Gue. Aussi, pour les reconquérir et obtenir à nouveau leur confiance, Jeremiah se voit-il dans l'obligation d'épouser Swan, la fille du chef indien. C'est alors qu'un groupe de militaires lui demande de leur servir de guide pour tenter de retrouver des pionniers bloqués par les neiges, mais, afin de gagner du temps, ceux-ci vont avoir la maladresse et l'imprudence de traverser le cimetière sacré des Crows, qui considéreront cela comme une profanation. Si bien qu'ils vont venger cet outrage en tuant le jeune Caleb et Swan, la femme de Jeremiah. Révolté par un tel acte de barbarie gratuit, celui-ci prend son fusil et abat tous les Crows qu'il rencontre. Puis, lassé de ces tueries, il part pour le Canada et croise en chemin le chef des Crows qu'il saluera et qui lui rendra son salut.

 


Initialement, il était prévu que Jeremiah meure gelé comme si la montagne, après lui avoir volé ses rêves, lui volait sa vie, mais le cinéaste décida d'opter pour un final plus optimiste en le laissant en vie et en indiquant, avec l'échange des saluts, que les hommes des hautes terres finissent toujours par se comprendre, car il y a entre eux comme un pacte secret gagné de haute lutte par leur âpre apprentissage de l'adversité.

 

 Pour lire l'article consacré à Sydney Pollack, cliquer sur son titre :  

 

SYDNEY POLLACK

 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN, dont Out of Africa, Tootsie et On achève bien les chevaux, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN

 

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JEREMIAH JOHNSON de SYDNEY POLLACK
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  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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