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9 novembre 2007 5 09 /11 /novembre /2007 11:04
LA FORET DE MOGARI de NAOMI KAWASE

         

Pour son cinquième long métrage, Grand Prix du Jury au dernier Festival de Cannes, la japonaise Naomi Kawase nous livre un film contemplatif et sensible sur le thème du deuil, très actuel dans le cinéma international d'aujourd'hui. Shigeki est pensionnaire dans une maison de retraite située à l'écart de la ville. Personnage lunaire, presque absent, il partage avec Machiko, une jeune infirmière, la douleur d'avoir perdu un être cher. Suite à un accident de voiture, qui provoque un certain désordre, le vieil homme en profite pour s'enfuir dans la proche forêt de Mogari, bientôt rejoint par la jeune femme. La relation avec la nature est ici très présente, vécue dans une communion de tous les instants. Elle est une sorte de temple, sanctuaire magique qui permet aux deux personnages d'effectuer le mieux possible le difficile travail du deuil. Un peu à la manière de Terrence Malick, Naomi Kawase nous rappelle à quel point il s'agit là de notre véritable environnement, de notre milieu originel, loin des artifices conventionnels des grandes agglomérations, le seul en mesure de nous aider à surmonter nos épreuves et à accéder à la sérénité.

                     

Dans la première partie, la cinéaste exprime le mal de vivre des pensionnaires dans la maison de retraite, lieu clos et presque carcéral. C'est d'ailleurs l'angoisse générée par cet enfermement qui rapproche Shigeki et Machiko et les incite à fuir dans la forêt. Libération conditionnée par un retour à l'essentiel, un endroit qui leur permettra de mettre un terme à leur deuil et de renouer avec la vie. Car, à plusieurs reprises, Kawase, avec pudeur, laisse deviner la tension sexuelle qui s'installe entre ses deux personnages. La première est esquissée lors d'une scène avec une pastèque ; la seconde dans la forêt, la nuit, lorsque les corps s'étreignent pour affronter les rigueurs du froid. Film silencieux et intimiste, La forêt de Mogari nous invite à partager le cheminement de cet homme et de cette femme en quête d'une nouvelle naissance. Cela, sans emphase, parfois avec humour, toujours avec la distance nécessaire pour ne jamais céder à la sensiblerie. Une belle ode à l'authenticité de la personne et à la nature, filmée au plus près d'une caméra pinceau, qui sait mettre en valeur les lumières s'étoilant entre les feuilles, l'haubanage des arbres, le relief de l'écorce, la naissance d'une fleur. Avec autant d'intelligence que de délicatesse, ce beau film évoque l'absence, les fulgurances de la vie et nous propose un point de vue original, largement inspiré des rites funéraires particuliers à la région de Tawara, à l'Ouest du Japon. En confrontant les morts et les vivants, les ombres et la lumière, le corps et l'esprit, la naïveté et la démence, le cinéma de Kawase déploie ses ressources et fonctionne sur le vécu et le ressenti. Tout ensemble réflexion sur la vieillesse, sur la sourde appréhension de la mort, cette odyssée panthéiste d'une quête de soi nous prouve, si besoin était, combien le cinéma asiatique n'en finit pas de nous fasciner. Pour interpréter le rôle du vieillard, la réalisatrice a fait appel à un non -professionnel et le résultat est stupéfiant. Shigeki Uda réussit à faire poindre, sous les symptômes d'une légère démence, les sentiments complexes d'un amoureux inconsolable depuis 33 ans. Sa présence donne curieusement au film sa solidité, son assise. Alors que la gracile Machiko Ono, actrice professionnelle quant à elle, nous charme par sa subtile grâce qui emplit l'écran d'une poésie intemporelle. Ainsi, on retiendra la justesse de l'interprétation, en même temps que la beauté des images et l'intense émotion des scènes finales, où vivants et morts parviennent enfin à se quitter.

 
                 
Il est probable que ce film agacera bon nombre de spectateurs qui le jugeront ennuyeux, lent, parfois abscons, ayant trop souvent recours à l'allusion et aux symboles. C'est, selon moi, ce qui en fait la richesse et l'intérêt. Il est vrai que la production occidentale nous a davantage sensibilisés à une forme cinématographique où l'action est le ressort principal, action qui peut aller jusqu'à l'agitation, la fièvre, l'effervescence. Rappelons -nous récemment des longs métrages comme La vengeance dans la peau ou Michael Clayton (voir mes deux critiques), qui nous plaisent d'ailleurs pour toutes sortes de raison, mais sont traversés par une implacable frénésie. Pas une minute à perdre, pas un instant de réflexion, l'être est en permanence dans le mouvement au dépens de sa propre introspection. Bernanos faisait acte de visionnaire lorsqu'il écrivait dans les années 40 : " Le monde moderne est une conspiration contre toute forme de vie intérieure." C'est  ce qui fait d'un film comme La forêt de Mogari  une oeuvre étrange, en décalage apparent avec nos préoccupations journalières, mais qui, à mieux y regarder, est une véritable leçon de sagesse. N'est-ce pas dans le silence, dans l'ascèse, la contemplation, le retour à la nature que les deux héros vont retrouver leur équilibre et atteindre la plénitude ? Ce film a l'immense mérite de nous rappeler que c'est à l'homme de se plier au rythme de la nature, non à la nature de subir le rythme de l'homme, et que ce n'est qu'en revenant à nos sources que nous retrouverons le goût de nous-même. Car l'excès est le trait distinctif de l'individu  hyper moderne  qui  pêche par abus d'inexistence. Si bien que l'on peut se demander si le deuil dont il est question n'est pas celui que nous devrions faire du superflu qui nous encombre.

 

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LA FORET DE MOGARI de NAOMI KAWASE
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8 novembre 2007 4 08 /11 /novembre /2007 10:49
L'ANGE DES MAUDITS de FRITZ LANG

 

Fritz Lang, metteur en scène d'origine viennoise, n'a jamais caché qu'il avait écrit L'ange des maudits - Rancho Notorious (1952) pour Marlene Dietrich, rencontrée à Paris alors qu'il tournait Liliom. Il souhaitait lui donner le rôle d'une entraîneuse " âgée mais toujours désirable " et construisit son film dans cette perspective. Marlene Dietrich, piquée dans son orgueil de star, fit en sorte de rajeunir son personnage et dressa ses partenaires les uns contre les autres, ce qui eut pour conséquence d'exaspérer le réalisateur, au point que lui et son actrice ne se parlaient plus à la fin du tournage. Le cinéaste déplora également la décision du producteur Howard Welsch de supprimer seize minutes du montage original, ce qui, à l'évidence, nuisait à l'atmosphère du film. Ces divers déboires n'empêchèrent pas que L'ange des maudits fût une oeuvre surprenante, non seulement pour le traitement de la couleur utilisée ici par Lang pour la première fois, mais pour la manière dont il associe astucieusement les thèmes qui lui sont les plus chers. L'ange des maudits est le troisième et dernier western qu'il ait tourné après Le retour de Frank James (1940) et Western Union (1941), raison pour laquelle on relève de nombreux points de similitude. 
 

                  

L'histoire est celle de deux bandits qui, à Whitmore ( Wyoming ), s'en prennent à un magasin de la ville. La jeune Beth est violée et tuée au cours de l'attaque. Son fiancé Vern Haskell (Arthur Kennedy) va alors se lancer sur la piste des assassins afin de venger la jeune femme et faire justice. Bientôt, il s'aperçoit que ceux-ci  font partie d'une bande que dirige la fière Altar Keane (Marlene Dietrich). Pour arriver jusqu'à celle-ci, il gagne la confiance de Frenchy Fairmont (Mel Ferrer), un hors-la-loi considéré comme le meilleur tireur de l'ouest, l'amant d'Altar, et devient membre de cette petite société dans le but de découvrir le responsable du massacre. Se sentant soupçonné, l'un d'eux, Kinch (Lloyd Gough), décide de se débarasser de Vern qui, de son côté, se sent irrésistiblement attiré par Altar. Arrêté, Kinch réussit à s'enfuir grâce à deux complices : Geray et Comanche. Craignant qu'Altar ne soit mêlée à cette combine, Vern revient au ranch pour lui demander des comptes, mais cette dernière sera tuée lors de la confrontation où Kinch trouve également la mort, prouvant qu'elle n'était en rien responsable de son évasion.
                    


Renchérissant sur le thème de la vengeance, assez habituel dans les westerns, Lang tisse des récits parallèles rythmés par la musique et les paroles d'une chanson conçue comme un refrain qui ouvre et clôt le film, en même temps qu'il ajoute la description d'une société secrète et de l'étranger (Vern Haskell) brusquement confronté à un univers corrompu dont il va parvenir à détruire et à ruiner la cohésion. Sans réellement innover, le cinéaste nous offre une oeuvre personnelle en posant les questions universelles qui hantent et forgent son univers. Cette flamboyante histoire de haine, de meurtre et de vengeance s'achèvera par l'annonce que Vern et Frenchy s'en sont allés rejoindre, après la disparition d'Altar et de Kinch, l'armée de Custer. Puis la chanson-commentaire nous apprend que l'un et l'autre sont tombés à leur tour au côté de l'officier et de sa 7th Cavalry. Leur destin tragique était scellé depuis la disparition de la femme qu'ils aimaient. Aussi la mort les attendait-elle à Little Big Horn, la plus légendaire de toutes les batailles westerniennes. Au final, la mise en scène, tout comme la remise en question de l'existence fragile des mythes, à travers la personnalité de Marlene Dietrich en femme fatale déchue, voluptueuse et pathétique, et du héros qui n'a plus de cause à défendre, composent une assez belle morale, en même temps qu'une leçon de cinéma, d'autant que l'action est bien menée et que le scénario a été conçu comme un conte afin de magnifier le climat énigmatique qui y règne. 



"La vengeance est un fruit amer et maléfique,
  Et la mort lui tient compagnie sur la branche.
  Ces hommes qui vivaient selon la loi de la haine
  N'ont plus de raison de vivre".

  

Pour prendre connaissance de mon article consacré à Fritz Lang, cliquer  ICI

 

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L'ANGE DES MAUDITS de FRITZ LANG
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7 novembre 2007 3 07 /11 /novembre /2007 11:20
LE PIANISTE de ROMAN POLANSKI

                                  
Le film "Le pianiste" (2001) de Roman Polanski, consacré à la Shoah, s'inspire du récit autobiographique de Szpilman et raconte le destin d'un musicien juif dans le ghetto de Varsovie. Mis en perspective par un metteur en scène imprégné de son sujet (Polanski a grandi dans ce ghetto et sait de quoi il parle), il retrace avec précision les épisodes tragiques qui ont plongé la ville dans la terreur.  Bien que ces faits aient déjà été relatés à maintes reprises au cinéma et à la télévision, le mérite de Polanski a été de centrer le scénario sur le retentissement qu'ils ont eus sur les individus eux-mêmes et particulièrement sur ce pianiste qui sera sauvé, au tout dernier moment de la mort, par son art. La force du film ne réside pas dans la reconstitution historique des lieux et des événements, aussi bien faite soit-elle, mais procède à des allusions plus intimes, plus personnelles et profondes.

                      


Beaucoup ont reproché au film son académisme par rapport à des oeuvres comme Rosemary's baby ou Le Locataire,  mais il semble que Polanski ait préféré s'en tenir à la retenue et à la sobriété sur un sujet qui le touchait sans doute trop intimement. En effet, il a souhaité, d'une part, nous mettre en présence de héros discrets, simples artisans qui surent sauver et épargner des vies et agir en sorte que le cours de l'existence se maintienne au coeur de l'enfer - ainsi cet imprimeur clandestin qui souhaite animer un réseau de résistance au sein du ghetto et ces Polonais qui hébergent des juifs évadés au risque de leur vie, enfin les combattants qui moururent les armes à la main plutôt que de se rendre  - et, d'autre part, le personnage central, magistralement interprété par Adrien Brody, n'est nullement un héros, il ne s'efforce que de survivre dans l'abomination avec la seule certitude qu'il y a toujours dans l'être quelque chose qui demeure. Ainsi Polanski est-il clair, presque didactique dans son propos, en nous dépeignant un personnage central qui, bien qu'entouré de héros, ne l'ait pas lui-même et c'est en cela que le cinéaste atteint à l'universel et que la fin de son film nous touche à ce point. Car, en définitive, où se trouve la frontière au-delà de laquelle l'être cesse d'être ? Bouleversant.
 


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LE PIANISTE de ROMAN POLANSKI
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1 novembre 2007 4 01 /11 /novembre /2007 11:52
L'HEURE ZERO de PASCAL THOMAS

        

Décidément Pascal Thomas semble apprécier l'intrigue policière à la Agatha Christie. Après Mon petit doigt m'a dit,  il porte à l'écran en 2007  L'heure zéro, que je revisionnais hier soir sur France 2 avec une certaine déception. Un été, Guillaume Neuville (Melvil Poupaud), rentier cynique et extravagant, convie dans sa demeure familiale, un manoir hitchcockien sis à Dinard, littoral breton empreint d'une atmosphère très british, son ex-femme Aude (Chiara Mastroianni) et sa nouvelle compagne Caroline (Laura Smet). Deux donzelles aussi opposées que le feu et l'eau, l'une excessive et jalouse jusqu'à l'hystérie, l'autre passablement mélancolique. La situation amuse un temps la charmante tante qui les reçoit, Camilla Tressillian (Danielle Darrieux), que l'on retrouvera, un matin, dans son lit, le crâne fracassé.
                      

 

Crime parfait ? Qui sait ? Le commissaire Martin Bataille (François Morel), aussi perspicace qu'un rien déjanté et farfelu, au point de friser la caricature, mène l'enquête, écartant au fur et à mesure les pistes les plus évidentes, car l'amusant, dans une narration aussi haute en couleur, est que chacun des personnages aurait pu avoir un motif (non avouable bien sûr) de supprimer l'autoritaire et richissime vieille dame ... Pascal Thomas sait fort bien relever de façon piquante et savoureuse l'intrigue de la romancière anglaise et lui conférer son style personnel, mais il exagère dans le ridicule et, en poussant certains de ses personnage  à l'excès, il finit par les rendre peu crédibles. A mon humble avis, il se joue des codes du genre avec trop de désinvolture, si bien que le film baigne dans une ambiance, certes intemporelle, mais perd de sa force et de sa vraisemblance. Le génie de Hitchcock était de pimenter astucieusement un mets, toujours composé avec une rigueur scrupuleuse. En nous conviant à un jeu de piste haut de gamme, Pascal Thomas se plaît à rendre l'atmosphère désuète, qui n'a d'hitchcockienne que l'ambition, des dîners mondains, des domestiques qui écoutent aux portes, des ascenseurs en panne, et nous dépeint avec des traits de cruauté très justes et une certaine drôlerie une petite société oscillant entre pulsions inavouables et frustrations déprimantes.

                     

Surtout, il a su choisir ses interprètes : bien que Laura Smet en fasse trop (et je pense que le personnage d'Agatha Christie avait peu de points communs avec elle), elle nous dévoile un tempérament comique en endossant le rôle d'une jeune intrigante forte en gueule, mal élevée et sans gêne, face à Chiara Mastroianni, diaphane et silencieuse, tout de noir vêtue, portant le deuil de son amour défunt. Quant à Alessandra Martines, elle est le genre de vieille fille que de nombreux célibataires se plairaient à distraire, sans oublier Danielle Darrieux, en adorable octogénaire opiomane, dont le charme semble inoxydable et plus moderne que celui de bien des comédiennes d'aujourd'hui. Un opus qui, sous les dehors d'une balade estivale, nous plonge dans les tréfonds de la nature humaine au point d'ébranler les certitudes du burlesque  policier. Au final, ce long métrage est un mélange assez peu convaincant d'humour noir et de psychologie, et se contente d'être un divertissement plaisant.
 

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L'HEURE ZERO de PASCAL THOMAS
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1 novembre 2007 4 01 /11 /novembre /2007 11:29

images-copie-1.jpg

                 

Née à Philadelphie le 12 novembre 1929, Grace était la troisième des quatre enfants d'une famille aisée, dont le père, originaire d'Irlande, ancien athlète olympique avait fait fortune dans la construction, ce qui lui valait d'être appelé " le roi de la brique". Quant à sa mère, elle était d'origine prussienne, extrêmement autoritaire et très pointilleuse en ce qui concernait l'éducation de sa progéniture. Donc une discipline de fer chez les Kelly, tous sportifs de haut niveau et aguerris dès le plus jeune âge. A l'exception de Grace, de santé plus délicate, qui très tôt manifesta du goût pour les activités artistiques. Après des études au couvent des Dames de l'Assomption, Grace, à 17 ans, et, malgré l'opposition de sa famille, s'inscrit à New-York à l'Americain Academy of Dramatic Art et devient mannequin pour payer ses cours. En 1949, elle monte pour la première fois sur les planches dans la comédie Torch Bearers et la même année joue à Broadway dans la pièce The Father. Remarquée, elle participe à plusieurs émissions de télévision avant de faire le grand saut jusqu'aux célèbres studios hollywoodiens de la Metro-Goldwyn-Mayer afin de tenir un petit rôle dans le film Fourteen Hours. Du moins a-t-elle le pied à l'étrier. Elle a 22 ans. L'année suivante, elle obtient le premier rôle dans Le train sifflera trois fois au côté de Gary Cooper. Puis ce sera Mogambo avec Clark Gable et Ava Gardner pour lequel elle se voit décerner l'Oscar du Meilleur second rôle féminin.

 

L'événement important de sa vie est sa rencontre avec le metteur en scène Alfred Hitchcock, dont elle deviendra l'actrice de prédilection et qui, mieux que personne, saura parfaitement mettre en valeur son talent et sa beauté dans trois de ses plus grands films : Le crime était presque parfait,  Fenêtre sur cour et  La main au collet. En 1955, elle remporte l'Oscar de la meilleure actrice pour son interprétation d'une femme tourmentée dans The Countr Girl (Une fille de province). Invitée d'honneur au Festival de Cannes 1955, elle est présentée au prince Rainier de Monaco et on connait la suite qui la conduira à renoncer tout naturellement à sa carrière d'actrice  : le mariage fastueux dans la cathédrale de Monaco tapissée de lilas et de lys blancs le 18 avril 1956, puis la naissance de trois enfants, jusqu'à ce 13 septembre 1982 où, victime d'un accident de voiture sur la route de la Turbie, celle même qu'elle empruntait dans La main au collet, elle décède des suites de ses blessures, laissant la Principauté veuve pour longtemps.

 

 

grace-kelly.jpg

 

 


Pour lire les critiques des films suivants où apparaît Grace Kelly, dont  Fenêtre sur cour, La main au colletLe train sifflera trois fois,  High Society, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

 

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GRACE KELLY
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31 octobre 2007 3 31 /10 /octobre /2007 10:58
Le train sifflera trois fois de Fred Zinnemann

         

High Noon, Le train sifflera trois fois (1952) a toujours été l'objet d'un traitement à part. Alors que les westerns étaient, le plus souvent, dédaignés, celui-ci bénéficia aux Etats-unis d'une renommée immédiate et eut le privilège de figurer sur la liste des six oeuvres retenues pour l'Oscar du meilleur film de l'année. Il fut battu à l'arrivée par Sous le plus grand chapiteau du monde  de Cecil B. DeMille, mais Gary Cooper fut sacré meilleur acteur, Dimitri Tiomkin, auteur de l'inoubliable musique ( dont la mélodie Si toi aussi tu m'abandonnes ), ainsi que Elmo Williams et Harry Gerstad pour le montage, reçurent les Oscars correspondants. Le film n'est donc pas passé inaperçu aux yeux des professionnels, alors que le western, en général, et des oeuvres aussi prestigieuses que L'homme aux abois, La porte du diable, Winchester 73 et L'ange des maudits étaient oubliés. Par contre, il fut sous-estimé par la critique française qui le jugea trop classique. C'est en 1948 qu'un sujet intitulé High Noon d'un certain Carl Foreman, inspiré d'une nouvelle de John Cunningham, fait l'objet d'un projet de film que Foreman, lui-même, souhaitait réaliser. Mais les studios, perplexes quant à ses capacités de metteur en scène, lui préférèrent Fred Zinnemann à qui incomba la charge de le tourner à sa place. Le rôle du shérif Kane avait été écrit pour Henry Fonda mais celui-ci étant déjà sous contrat, le rôle fut dévolu d'abord à Grégory Peck qui le refusa, puis à Gary Cooper qui, enthousiasmé par le personnage, renoncera aux trois-quarts de son salaire habituel pour pouvoir être le héros du Train sifflera trois fois, film à petit budget, tourné en noir et blanc. Cependant, ce héros n'est ni un superman, ni un homme entièrement intégré à la société qui l'entoure. Contrairement à ceux de Howard Hawks, celui-ci a de l'imagination et surtout il doute, connait l'angoisse et la peur, ce qui est rare de la part d'un personnage de western. Par ailleurs, une autre originalité du film est de faire coïncider le temps de l'intrigue avec le temps réel. Ce n'était peut-être pas nouveau à l'époque, mais renforçait considérablement le suspense moral du récit. En effet, en moins d'une heure et demie, entre 10h30 et midi, Will Kane va découvrir qu'il ne peut compter sur personne. Celui-ci se voit refuser successivement l'aide du shérif adjoint, des clients du saloon, d'un de ses amis qui lui fait répondre par sa femme qu'il est absent, du pasteur qui ne veut pas prendre parti et de son épouse, elle-même, qui ne veut en aucune façon être mêlée à une action violente et participer au drame inévitable qui se prépare, même si, au final, sa participation inattendue sauvera la vie de son mari.

 

Car, qu'en est-il de cette histoire, et que se passe-t-il de si grave dans la petite bourgade de Haddleyville, lorsque Amy (Grace Kelly), une jeune femme ravissante, épouse le shérif Will Kane ( Gary Cooper ) qui vient de prendre sa retraite ? Tout simplement la rumeur propage la nouvelle de l'arrivée imminente du bandit Frank Miller (Ian MacDonald), récemment libéré, et que son frère et deux de ses anciens acolytes se préparent à aller attendre à la gare. Personne n'ignore - et Will Kane moins que quiconque - que ce dernier réapparaît pour se venger. Alors que les mariés s'apprêtent à partir, Kane comprend que son devoir lui impose de rester au côté de la population. Mais en ville, Kane ne trouve aucun appui : les uns se refusant de l'épauler par lâcheté, les autres en raison de griefs divers. Même Amy décide de ne point différer son départ. Pendant ce temps, Frank Miller a débarqué et retrouvé ses trois comparses, tandis que Kane envisage de les affronter seul. Il parviendra d'abord à éliminer Ben, le frère, puis Colby. James Pierce sera tué par Amy qui, au dernier moment, est revenue auprès de son époux et Kane abattra lui-même Miller avant de s'éloigner définitivement de Haddleyville en compagnie d'Amy et non sans avoir préalablement jeté à terre son étoile de shérif. Pour Foreman, l'auteur du scénario, il s'agissait tout d'abord de décrire la manière dont la peur peut frapper une communauté plutôt qu'un individu isolé, comment elle se propage et peut revêtir toutes les formes de la lâcheté. Face à une société devenue à ce point pusillanime, la présence d'un homme déterminé et courageux suffit parfois à remettre les choses en place et à faire régner à nouveau l'ordre et la loi. Telle est la morale de High Noon, car rien, en définitive, n'obligeait Kane à redevenir shérif de Haddleyville. Ainsi le film évite-t-il de sombrer dans le manichéisme, chaque personnage ayant quelques bonnes raisons de se refuser à l'affrontement. Par exemple Amy qui a vu son père et son frère disparaître dans des circonstances violentes, ou Helen Ramirez ( Katy Jurado ) qui a été tour à tour la maîtresse de Miller et de Kane, ce qui, pour elle, établit une curieuse relation affective entre les deux personnages.

 

D'autre part, le film bénéficie d'une mise en scène exemplaire, à la fois efficace et dépouillée. "Dans un long métrage comme celui-ci - se plaisait à dire Fred Zinnemann, le temps est un élément capital, aussi ai-je essayé de le dédramatiser avec la pendule qui devient de plus en plus grosse à mesure que le film avance. Le battement a un rythme  de plus en plus lent. Nous avons tourné volontairement les plans au ralenti à mesure que l'on se rapprochait du climax. "  L'importance de ce western sera considérable et représente un formidable exemple d'un travail d'équipe pleinement réussi, du chef opérateur aux acteurs. La composition de Gary Cooper en héros usé, abandonné de tous, y compris de sa jeune épouse jouée par Grace Kelly, alors à son deuxième rôle, est indissociable de l'émotion produite sur les spectateurs. Ce succès a beaucoup contribué à imposer le western comme un genre important dans l'univers du 7e Art. Par contre John Wayne, dont on connaissait le patriotisme pointilleux, reprocha vivement au vieux Coop d'avoir accepté de piétiner son étoile de shérif. A son avis, le prodigieux acteur avait terni sa réputation, ce qui, avec le recul du temps, ne semble pas confirmé.

 
 

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Le train sifflera trois fois de Fred Zinnemann
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27 octobre 2007 6 27 /10 /octobre /2007 08:56

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Peu de films, en dehors de Cheyennes  de John Ford, qui aient abordé avec autant de lucidité et de tristesse le lent anéantissement physique, moral et économique de l'homme indien. Ancien combattant de la guerre de Sécession dans l'armée nordiste où il avait le grade de sergent-major, Lance Poole (Robert Taylor) symbolise l'intégration réussie d'une élite indienne au sein de la communauté blanche. A peine revenu chez lui, il découvre que les principes, qui engendrèrent la guerre civile, sont eux-mêmes bafoués. Les Indiens sont devenus des étrangers indésirables sur leur propre sol à n'importe quel homme blanc. Le médecin ne se dérange même pas lorsque le père de Lance est à l'article de la mort et l'avocat Verne Coolan cherche davantage à exciter la convoitise des éleveurs qu'à trouver des solutions équitables à l'attribution des terres aux uns et aux autres. Lance se voit ainsi dépossédé des siennes manu militari et se retrouve brutalement spolié et abandonné. C'est désormais un homme seul. Mais contrairement à La flèche brisée  de Delmer Daves (1950) qui témoignait d'une certaine espérance - rappelons-nous la belle phrase que l'Indien Cochise prononçe à l'intention de Tom Jeffords : " Peut-être un jour me tueras-tu ? Peut-être un jour te tuerai-je ? Mais nous ne nous mépriserons jamais" - La porte du diable est, au contraire, une oeuvre amère et désespérée. L'amitié de Lance pour Orrie Masters, une jeune avocate qui organise une pétition en sa faveur, ne pourra empêcher l'irrémédiable de se produire et c'est revêtu de son uniforme de sergent-major que le valeureux soldat indien se rendra aux autorités et s'écroulera, blessé mortellement, comme un arbre abattu, incapable de survivre dans un monde qui l'a rejeté.                

 

Tourné alors même que la chasse aux sorcières sévissait, La porte du diable  est un vibrant appel à la paix et à la fraternité et mérite notre estime et notre admiration pour la noblesse de son propos, son lyrisme formel et son combat sans espoir. La tendresse amoureuse d'Orrie Masters (Paula Raymond) et de Lance Poole s'oppose aux tabous de l'époque et prouve, si besoin est, que la Metro-Goldwyn-Mayer agissait en toute liberté et ne craignait nullement d'aborder des sujets brûlants et controversés. Robert Taylor, lui-même, endosse avec courage et fierté le rôle de cet Indien trahi et dépouillé, héros qui personnifie la mauvaise conscience de l'Amérique face au problème indien. N'est-ce pas déjà assuré de sa défaite que Poole murmure à l'oreille de la jeune avocate : - "Ne pleurez pas. Nous n'y pouvons rien. Nous sommes nés cent ans trop tôt" ?"  Inspiré en partie par l'histoire du chef Joseph des Nez-Percés, ce film est le premier western de la carrière d'Anthony Mann qui en tournera de nombreux autres, parmi les plus marquants du genre, dont : L'homme de la plaineWinchester 73 et  Les Affameurs. Poignant de bout en bout, il est un hommage aux Indiens disparus qu'aucune bonne volonté ne parvint à sauver, mais qui surent mourir les armes à la main, ayant, comme Lance Poole, supplié que l'on épargnât les femmes et les enfants. On regarde ce film la gorge serrée parce que rien n'y est grandiloquent. Le scénario, ainsi que la mise en scène et le jeu des acteurs, se révèlent efficaces et sobres et tout s'enchaîne et s'accélère selon une dramaturgie irrévocable, comme si le destin de ce malheureux peuple avait été frappé, dès l'origine, dans le granit d'un mémorial.

 

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25 octobre 2007 4 25 /10 /octobre /2007 09:13
NEVER FOREVER de GINA KIM

                  

Totalement méconnue jusqu'alors, la jeune réalisatrice sud-coréenne Gina Kim a été la divine surprise du Festival de Deauville 2007, où son film, très bien accueilli par le public, le fut également du Jury qui lui attribua son Prix, permettant à cette cinéaste d'accéder enfin à la notoriété, après deux premiers longs métrages autobiographiques Gina Kim's Video Diary (2002) et Invisible Light (2003).
Alors que Sophie semble mener une vie idéale auprès d'Andrew son mari, originaire de Corée, le couple se voit bientôt confronté à un obstacle capable d'anéantir son bonheur : il ne parvient pas à avoir d'enfant malgré de nombreuses tentatives. Pour remédier à cette situation, la jeune femme décide d'avoir un enfant d'un autre et choisit pour géniteur un immigré clandestin, coréen comme Andrew, avec lequel elle passe une sorte de contrat secret : elle le paiera lors de chaque rendez-vous et ce jusqu'à ce qu'elle soit enfin enceinte. Le premier atout de ce film est de se dérouler à New-York et de faire la liaison entre les deux cultures orientale et occidentale. L'américaine Sophie, blonde aux yeux bleus, est l'enjeu sentimental et sexuel de deux hommes asiatiques, alors que le cinéma hollywoodien est davantage enclin à nous montrer le contraire, faisant du corps féminin asiatique un objet de fantasme. Second atout non négligeable : ce long métrage est volontairement centré sur une jeune new-yorkaise au sein d'une communauté coréenne où elle ne parvient pas à s'intégrer, ce qui est encore une façon d'aborder les choses à contre courant. Ainsi Gina Kim s'emploie-t-elle à briser les tabous et à nous montrer une réalité inhabituelle. Mais Sophie, en acceptant l'inconcevable par amour, se perdra et finira par détruire ce qu'elle avait tenté de sauver.

 

                         

Déjà remarquée dans Down to the Bone de Debra Granik, puis Les Infiltrés de Martin Scorsese, Vera Farmiga incarne merveilleusement cette jeune femme en quête d'enfant, plus déterminée qu'il n'y parait à prime abord. Quand l'actrice reçut le script de Never forever, son sentiment fut mitigé. " J'étais à la fois terrifiée par la dimension érotique du scénario et excitée par le défi que représentait ce rôle, où il y a plus à exprimer par les gestes, les attitudes et le regard que par les dialogues " - a-t-elle dit. Ce qui a fini par la convaincre ? " A ce moment de ma vie, rien ne m'importait plus que d'avoir un enfant. J'étais donc en adhésion totale avec le personnage de Sophie. Et puis j'ai apprécié l'approche poétique de l'érotisme dont faisait preuve Gina Kim " - ajoutera-t-elle. Portrait en creux d'une femme qui s'est fixée pour mission de faire plaisir à son époux au risque de son propre déplaisir, ce film pose des questions essentielles sur l'amour, le sexe, le couple, la foi. Peu de dialogues, mais des scènes d'une sensualité extrême, des plans admirables où se détache délicatement, avec la précision voluptueuse de l'aquarelle, la présence obsédante de l'actrice d'origine ukrainienne dont on a pas fini de parler. Quant à Gina Kim, elle est parvenue à instaurer une tension passionnelle et à filmer la fragilité des sentiments un peu à la façon de Wong Kar way, d'une caméra qui sait nimber les lumières ou les irradier. Alors que le film aurait pu être choquant, déplacé, scabreux, rien de semblable ici dans cette attirance irrépressible qui saisit les deux personnages principaux et dans la naissance d'un amour captivant qui dessine un admirable portrait du désir féminin et de l'ambiguïté. A jamais et pour toujours. A ne pas manquer.    

 

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22 octobre 2007 1 22 /10 /octobre /2007 10:42
IN THE MOOD FOR LOVE de WONG KAR-WAI

                                                                          
Avec ce septième long métrage, le cinéaste Wong Kar-wai aborde, pour la première fois, le thème de l'adultère. Mais il ne présente pas son sujet de façon frontale : il va le dérouler sous forme d'un récit elliptique et nuancé, agençant parfaitement la simplicité du scénario à la complexité artistique de la mise en scène. Ainsi nous livre-t-il un chef-d'oeuvre incontestable d'un raffinement esthétique exceptionnel qui n'est pas sans rappeler, par les flamboyantes images de certaines scènes et les robes d'une Maggie Cheung évanescente, les toiles du Greco et, par d'autres, l'atmosphère propre à l'impressionnisme français. Un film qui évoque, par ailleurs, toute la problématique des relations amoureuses et sait dans un style personnel mêler les avancées contemporaines du 7e Art et les vestiges d'un passé empli de réminiscences. Ce huit-clos intemporel est empreint d'une nostalgie poignante mise en valeur par une musique langoureuse qui rythme les mouvements du désir et la lenteur contemplative d'un amour qui naît mais ne peut vivre. Wong Kar-wai convoque non seulement l'art de l'enluminure mais les éléments de la nature à travers un rideau de pluie, une fleur, une grappe, le tout baigné dans un climat onirique.
                       

L'histoire nous plonge au coeur du Hong-Kong des années 60 où deux voisins d'immeuble Madame Chan et Monsieur Chow vont bientôt entretenir une relation inhabituelle lorsqu'ils découvrent l'un et l'autre que leurs époux respectifs les trompent. Ils cherchent alors à savoir comment tout cela a bien pu arriver et comment ils doivent réagir face à une telle situation...Un cérémonial du désir qui va se vivre dans le même quartier, la même ruelle, une valse hésitation enveloppée de soyeux moments de silence, d'appels sans réponse, de troubles, de regrets. Car cet amour entre Mme Chan et Mr Chow ( Tony Leung admirable ) restera cristallisé en son immatérialité pour n'avoir jamais été qu'un fantasme. Attirés l'un par l'autre dès les premiers instants, tous deux ne parviendront jamais à s'abandonner à cette attirance réciproque comme si la réalisation de leur désir risquait de détruire ce qui, pour eux, était probablement essentiel : son inaccessibilité. Protection contre le réel qui est susceptible de briser la chose fantasmée, peut-être !  Toujours est-il que le récit s'étire, s'enlace à la façon d'un poème avec des fractions de temps subtilisées à l'ordinaire de la vie, comme des heures privilégiées, où séduction et dérobade mènent un jeu plein d'oscillations et de tremblements. On se croirait dans un roman de chevalerie médiéval, où la dame a le devoir de rester en marge de la réalité, afin d'inciter le chevalier à la bravoure, à la conquête perpétuelle. Ici l'approche se fait sans doute plus freudienne mais tout aussi complexe et vécue dans une nuit diamantée où l'élégante et magnifique égérie devient le symbole parfait de l'amour exclusif et irréel. La nostalgie est le grand ressort affectif et esthétique du cinéma de Wong Kar-wai. Sublime.

 

Pour lire les articles consacrés à Wong Kar-wai et Tony Leung, cliquer sur leurs titres :

 

WONG KAR-WAI OU UN CINEMA DE LA NOSTALGIE        TONY LEUNG CHIU WAI

 

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LISTE DES FILMS DU CINEMA ASIATIQUE

 

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20 octobre 2007 6 20 /10 /octobre /2007 08:56

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Marion Michael Morrison, plus connu sous le nom de John Wayne, a vu le jour dans une petite ville de l'Iowa le 26 mai 1907. A l'âge de 9 ans, il suit ses parents en Californie et entre, par la suite, à l'Université, où il se démarque tout particulièrement dans l'équipe de football et en devient l'un des membres éminents. Pour gagner un peu d'argent de poche, il se fait engager comme accessoiriste à la Fox en 1926 et attire l'attention de John Ford qui lui propose de faire de la figuration dans plusieurs de ses films. C'est Raoul Walsh qui lui confiera néanmoins son premier rôle dans La piste des géants, où sa présence, sa démarche, son naturel annoncent déjà ses futurs succès. Walsh lui trouve alors un nom qui sonne bien : John Wayne. C'est sous ce nom qu'il devient la vedette du studio Republic réputé pour ses productions de westerns à petits budgets. Après être apparu dans plusieurs productions, Wayne renoue avec Ford en 1939 et tourne sous sa direction dans  La chevauchée fantastique, film qui lui ouvrira les portes de la renommée. Désormais le cinéma hollywoodien doit compter avec ce géant débonnaire d'1m 93, un peu machiste, qui sait capter et retenir l'attention et la sympathie des spectateurs. En 1946, il devient son propre producteur pour le film de James Edward Grant  L'ange et le mauvais garçon. L'ancien acteur de la républic est désormais consacré par le public et également par les meilleurs réalisateurs de Howard Hawks à Josef Von Sternberg, sans oublier John Ford dont il est l'acteur fétiche. Par ailleurs, c'est John Wayne qui financera le premier film en relief : Hondo, l'homme du désert en 1943.

                      

En 1960, l'acteur, producteur, réalisateur engage sa fortune personnelle pour réaliser un vieux rêve, né sur la plateau des Sacrifiés : Alamo, un film lyrique et spectaculaire avec son final d'une violence impitoyable. Ce sera un succès très apprécié de John Ford. Sa seconde réalisation soulèvera, quant à elle, des contestations de part et d'autre, car elle exalte l'héroïsme des soldats dans un conflit qui déchire l'opinion américaine: la guerre du Vietnam. Atteint d'un cancer, il interprète encore le rôle d'un tireur d'élite qui choisit sa propre mort dans un film de Don Siegel. La sienne se profile et il doit subir plusieurs opérations dont l'ablation d'une partie de l'estomac. Dès lors il passe son temps à entrer et sortir de l'hôpital avec un grand courage. Il est présent le 9 avril 1979 à la cérémonie des Oscars et meurt deux mois plus tard à Los Angeles. Ce jour-là l'Amérique perdait son héros national. Les journaux titrèrent : "Monsieur Amérique est mort". Il est vrai qu'il occupe une place à part dans le panthéon des stars pour n'avoir tenu qu'un seul rôle dans les 175 films auxquels il a participé, le plus souvent comme vedette, le film se construisant sur son nom. Parmi les plus connus : La chevauchée fantastique, bien sûr, La rivière rouge, L'homme qui tua Liberty Valance, Rio Bravo, Rio Grande, El Dorado, La charge héroïque, L'homme tranquille, Le fils du désert. Il représentait aux yeux du public un archétype, celui du héros indépendant, intrépide, qui ne meurt jamais, et auquel la situation donne presque toujours raison. Ainsi a-t-il été et reste-t-il dans notre mémoire le représentant idéal du cow-boy chevaleresque et courageux qui sait défendre la veuve et l'opprimé et surmonter ses propres doutes.

 

Pour lire les critiques des films où apparait l'acteur, dont La Rivière Rouge, La prisonnière du désert, Rio BravoAlamoL'homme qui tua Liberty Valance et Le dernier des géants, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN

 

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  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

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