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20 octobre 2008 1 20 /10 /octobre /2008 14:28
LE CRIME EST NOTRE AFFAIRE de PASCAL THOMAS

  
Prudence et Balisaire Beresford se reposent dans leur propriété au-dessus du lac du Bourget, mais cette vie au ralenti n'est pas du goût de Prudence qui s'ennuie et rêve que quelque chose d'excitant survienne pour rompre cette douce monotonie. Ce voeu va se réaliser avec l'irruption de tante Babeth ( Annie Cordy ), spécialiste de papillons qui, en route pour l'Afrique, fait escale chez ses neveux et leur raconte comment elle vient d'être témoin d'un crime affreux, au cours duquel elle a aperçu, de la fenêtre de son compartiment, un homme étrangler une femme aux gants rouges dans le train qui venait en sens inverse. Cette histoire, à laquelle Balisaire ne croit guère, va déclencher chez Prudence la furieuse envie d'en apprendre davantage. Elle va profiter d'une absence de son mari pour se faire embaucher comme domestique dans un château baroque habité par une famille pour le moins surprenante, cette demeure se trouvant être placée en bordure de la voie empruntée par le chemin de fer et où Prudence s'imagine que le cadavre de la malheureuse victime a pu être balancé par l'auteur du crime. Et, en effet, elle va découvrir dans une annexe de la propriété, là où le châtelain, pingre et râleur, interprété par un Claude Rich un peu trop caricatural à mon goût, a réuni ses collections qui comportent, entre autres choses de grande valeur, plusieurs sarcophages authentiques. Je ne vous révélerai pas la suite de l'intrigue, certes un peu longuette et alambiquée, mais qui vaut  pour la façon dont elle est traitée par un cinéaste qui se plaît à faire de ses films policiers (celui-ci est la troisième adaptation d'une oeuvre d'Agatha Christie) des comédies légères et impertinentes mais que l'on oublient vite.

 


Dans des paysages, la plupart du temps neigeux et assez gris, se déroule une action pleine de rebondissements et d'amusants clins d'oeil à des films anciens comme la scène où l'on voit Dussolier passer en kilt au-dessus d'une bouche d'aération, ainsi que le faisait Marylin dans Sept ans de réflexion , ou bien  d'autres qui ne sont pas sans une pointe de piment hitchcockien, mais le génie du maître en moins. Cependant, sans qu'il se renouvelle beaucoup par rapport à ses opus précédents "Mon petit doigt m'a dit"  ou  "L'heure zéro", eux aussi adaptés d'oeuvres d'Agatha Christie, ce dernier-né se laisse regarder avec plaisir, principalement pour le flegme d'André Dussolier, la pétulance et la cocasserie de Catherine Frot, tous deux excellents comme à leur habitude. Décidément Catherine Frot peut tout se permettre ; du drame à la comédie, jusqu'à la loufoquerie, elle sait doser son humour, son charme et son efficacité. Actrice très complète, elle forme avec André Dussolier le couple idéal de cette comédie divertissante et un peu surannée, où  leurs réparties font mouche jusqu'à cette dernière scène où le couple, prenant la poudre d'escampette devant leur maison envahie par leur progéniture, se retrouve à camper à la belle étoile.

 

Pour lire l'article consacré à Catherine Frot, cliquer sur son titre :    CATHERINE FROT



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LE CRIME EST NOTRE AFFAIRE de PASCAL THOMAS
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10 juin 2008 2 10 /06 /juin /2008 17:40
TABARLY de PIERRE MARCEL

                                                                                                            
Avec ce film-hommage, qui sort dix ans après sa disparition, nous découvrons un Tabarly d'une incroyable présence physique, rédacteur de sa propre histoire, dont la voix, surgie soudain d'outre-tombe, nous conte son aventure, grâce à des archives radiophoniques et audiovisuelles, françaises et étrangères, inédites pour la plupart. Le résultat est prodigieux, d'une grande poésie et, ce, jusqu'à la bande-son épurée qui, le plus souvent, ne laisse filtrer que le bruissement de l'eau, l'écho de la brise, le vacarme des vagues lors des tempêtes. Aussi faut-il accepter d'avoir parfois le mal de mer, de tanguer allégrement pour suivre de port en port cet albatros qui n'était heureux qu'en mer et vola de victoire en victoire, redonnant à la course au large française ses lettres de noblesse.
 

Homme magnifique que celui-là, dont il fallait écouter les silences, les seuls capables de transmettre cette intimité avec la beauté des océans, le vol des oiseaux, le souffle des vents et l'expérience que l'on acquiert à fixer l'horizon, à sans cesse se dépasser pour ne point être dépassé par les éléments. C'est pourquoi l'on suit avec plaisir les péripéties de ce héros discret qui a navigué sur toutes les mers du globe, nourri nos rêves d'images tempétueuses, de vagues furibondes, d'ailleurs toujours reculés, de voiles gonflées par les vents marins, se forgeant un destin hors norme, à sa ressemblance.
 

 Pierre Marcel nous livre ainsi une oeuvre grandiose dont la force réside dans les commentaires d'Eric Tabarly lui-même qui, avec des mots simples et un humour pudique, nous dévoile par bribes une histoire, la sienne, véritable épopée tracée par un homme authentique. Au final, un portrait saisissant d'une personnalité qui a marqué son temps, contribué à l'évolution de la technique des bateaux de compétition et redonné à la jeunesse, par son exemple, l'envie de se mesurer aux éléments.  Car Eric Tabarly fut autant un nouveau Surcouf  battant les Anglais qu'un nouveau Jules Verne dessinant l'avenir. Pionnier des futures pratiques de la voile - le sponsoring, les multicoques, les ultralégers, les records - il a communiqué aux Français l'amour de la course au large et de la navigation au meilleur sens du terme. Tous les grands noms de la voile d'aujourd'hui ont appris de ce concepteur ingénieux, fou de bateaux, maître patient et éclairé qui les a formés avec exigence : les Kersauzon, Lamazou, Poupon, Parlier, Desjoyaux. Ainsi Tabarly est-il devenu pour des génération un guide et une référence. Marin hors pair, il a écrit d'une voile sûre une nouvelle page des légendes de la mer et  laissé une image faite de courage et d'humilité, dont la France peut être fière.

"On souhaite s'approcher de ceux que l'on admire pour les écouter, les connaître. Mais ces hommes-là ne racontent pas leur histoire, ils la vivent. Rencontrer Eric est déconcertant. Une présence imposante. Tabarly : la symbiose parfaite entre un homme, un bateau et la mer".  (Jacques Perrin )

 

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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 09:23
PLEIN SOLEIL de RENE CLEMENT

                                                                                                

Tom Ripley (Alain Delon) a été chargé par un riche industriel américain, Greanleaf, d'aller chercher son fils Philippe (Maurice Ronet) en Italie, où il mène une vie oisive en compagnie de Marge (Marie Laforêt) sa maîtresse et de quelques fêtards richissimes. Ripley se joint à eux, mais ne peut s'empêcher d'éprouver une profonde jalousie et envie à leur égard. Philippe, qui commence à deviner les véritables sentiments de Tom, l'humilie devant Marge. Au cours d'une croisière en Méditerranée où Tom et Philippe sont seuls, Tom le tue et jette son corps à la mer. Revenu sur la terre ferme, ce dernier imite partout la signature de Philippe et contrefait sa voix au téléphone, afin de se faire passer pour lui et obtenir de l'argent. Cependant un ami devine le stratagème, tant et si bien que Tom l'assassine en laissant croire que c'est Philippe l'auteur du crime. Puis il retrouve Marge et devient son amant après l'avoir persuadée que Philippe l'a oubliée. Il est prêt de triompher en s'étant approprié la fortune et la considération, lorsque la mer rejette le corps de Philippe et, qu'à la suite de cet événement, il est démasqué et confondu.

 

"Plein soleil", réalisé en 1959, a fait l'objet d'une nouvelle version en 1999 et s'impose aujourd'hui encore comme l'une des oeuvres majeures du cinéma français, proche du Psychose d'Alfred Hitchcock de par sa structure qui se partage en deux parties séparées par un meurtre et par sa thématique générale où l'on voit le centre d'intérêt se porter sur l'un des personnages, puis sur l'autre, et montre comment un homme condamné en arrive à bâtir lui-même sa propre prison. Thème de l'enfermement qui multiplie les correspondances visuelles de la boucle au cercle et dresse une dimension véritablement poétique à cette oeuvre maîtresse de René Clément. En effet, l'intérêt de ce film réside dans son pouvoir de suggestion, cela grâce à des images savamment allusives qui retentissent fortement et ouvrent une dimension symbolique complexe et enrichissante. C'est que le réalisateur entend révéler les contradictions de ses personnages et la gémellité qui existe entre eux, l'un vivant au crochet de l'autre, au point que l'on assiste ensuite, de la part de Tom Ripley, à un véritable dédoublement, voire même à une usurpation, de la personnalité. Faire exister un mort et exister à la place de ce mort, c'est ce que Ripley parvient à réaliser dans un premier temps jusqu'à ce que le piège de la fatalité se referme sur lui, car le destin n'oublie jamais. Les épithètes les plus laudatifs n'exprimeraient qu'incomplètement ce que cette oeuvre a de parfait dans sa composition, la beauté de ses images dues à la caméra d'Henri Decaë, qui a utilisé le procédé Eastmancolor de façon prodigieuse, la musique de Nino Rota (dont le nom reste associé aux films de Fellini) excellente comme toujours, et au jeu des acteurs, tous remarquables. Alain Delon, alors âgé de 24 ans, trouve là l'un de ces plus beaux rôles, tant il a su s'incarner dans le personnage de Tom Ripley et lui donner consistance ; Marie Laforêt, aux yeux d'aigue-marine, y faisait, quant à elle, des débuts prometteurs et Maurice Ronet, que l'on retrouvera auprès d'Alain et de Romy dans "La Piscine", est, comme à son habitude, très juste et d'une froideur calculée dans cet homme gâché par l'argent et la vie facile. Un chef-d'oeuvre qu'on ne se lasse pas de revoir et qui prouve combien le cinéma français a imprimé une marque profonde dans le 7e Art.

 

Pour lire l'article que j'ai consacré à René Clément, cliquer  sur son titre :

 

RENE CLEMENT ET LE CINEMA D'APRES-GUERRE

 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

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PLEIN SOLEIL de RENE CLEMENT
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3 juin 2008 2 03 /06 /juin /2008 09:05
QUE LA BETE MEURE de CLAUDE CHABROL

                                                                                                            
Que la bête meure  (1969), l'un des grands Chabrol  avec  La femme infidèle et  Le boucher, est l'adaptation d'un roman policier de Nicholas Blake par le scénariste complice du metteur en scène, Paul Gegauff. Le cinéaste en profite pour se livrer à quelques exercices hitchcockiens, mais très vite trace son trait d'une cruauté rare et développe une atmosphère très chabrolienne. L'histoire est la suivante : sur la place d'un village breton, un petit garçon, qui s'en revient de la pêche à la crevette, se fait renverser et tuer par un automobiliste qui, pris de panique, s'enfuit. Le père de la victime jure de se venger et de retrouver le chauffard. Dès lors, Charles Thénier ne vit plus que dans l'espoir de recueillir les indices nécessaires qui le conduiront jusqu'à l'homme qu'il entend abattre sans pitié. Le hasard aidant, il découvre une piste, et va s'approcher de Paul Decourt à pas de loup, d'abord en séduisant Hélène sa compagne, puis en entrant peu à peu au sein de la famille, savourant le plaisir qu'il aura bientôt à anéantir le monstre. Car Paul est selon lui un monstre abominable : un jouisseur, un profiteur, imbu de sa personne, implacable dans ses jugements, cynique dans ses propos, sachant tirer profit de cette société de consommation où il s'ébroue à l'aise. D'ailleurs ses attitudes ont fini par lui valoir la haine de son propre fils Philippe, qui le déteste en silence et va, bien entendu, faire de Charles son ami.
 

                       
Interprété par un Jean Yanne fantastique (comme il le sera dans Le boucher), Paul, garagiste de Quimper, est filmé par la caméra de Chabrol comme un insecte malfaisant qu'il étudie à la loupe (un peu grossissante, il est vrai), tellement le cinéaste semble fasciné par cet individu sinistre ; il en surprend les conversations qui trahissent les sentiments les plus vulgaires et en souligne les attitudes qui transpirent l'auto-suffisance la plus médiocre. Or le portrait de cet individu méprisable a curieusement pour toile de fond la douceur des paysages de la Dordogne que baigne une lumière dorée et où se trouvent les grottes sur les parois desquelles figurent les signes d'une préhistoire encore mystérieuse. Le choix de ces lieux n'est pas un hasard, mais bien la volonté du cinéaste qui semble chercher, jusque dans les profondeurs de la terre, l'explication d'une humanité aussi rustre et primitive. Car, malgré les apparences, il y a dans chaque être de bien étranges zones d'ombre, où les malheurs du plein jour peuvent se tapir, avant de surgir à nouveau lors d'un événement imprévisible. A partir de ce thème, Chabrol emprunte à Hitchcock certains mouvements de caméra, ainsi qu'une manière d'insinuer la peur sous les cieux les plus cléments. L'art de peindre les vallons verdoyants ou le calme des sous-bois selon  Mais, qui a tué Harry ? 
Avec cette oeuvre cruelle et poignante, Chabrol confirme la maîtrise de son art au service d'un narratif incisif et précis et pose, à la manière de Fritz Lang, à qui il est fait référence, une interrogation provocante et anxieuse sur la culpabilité.

 

Pour lire mon article consacré à Claude Chabrol, cliquer sur son titre :

 

CLAUDE CHABROL OU UNE PEINTURE AU VITRIOL DE NOTRE SOCIETE

 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, dont Le beau Serge, La femme infidèle et La fille coupée en deux, cliquer sur le lien ci-dessous: 

 

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QUE LA BETE MEURE de CLAUDE CHABROL
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24 mai 2008 6 24 /05 /mai /2008 10:58
LA NUIT AMERICAINE de FRANCOIS TRUFFAUT

                              

En 1973, après "Une belle fille comme moi",  François Truffaut avait besoin de se ressaisir. Ce dernier film avait été un semi échec et il lui fallait absolument frapper  les esprits par une production forte, une oeuvre magistrale. Ce sera "La nuit américaine". Selon moi son plus beau film avec "Le dernier métro", celui d'où émane un charme envoûtant et qui a cette particularité d'être sans doute l'oeuvre la mieux construite du cinéaste et celle qui donne étrangement l'impression d'une improvisation permanente. Car qu'est-ce que La nuit américaine, sinon le récit d'un film dans le film, l'immersion dans l'intimité d'un tournage, en quelque sorte un documentaire sur une profession qui suscite curiosité et fascination et, pour finir, une chronique non dénuée d'humour d'une entreprise ensorcelante qui sait mieux qu'aucune autre inspirer petites et grandes passions et se révéler être un jeu de balancier entre fabrication d'un spectacle et confession secrète. En effet, "La nuit américaine" est une célébration lyrique de la création d'un film et s'élabore à partir de "Je vous présente Pamela", astuce habile qui permet à Truffaut de nous instruire sur l'art cinématographique et de nous montrer ce qui sépare la réalité fictive de la réalité vécue et, mieux encore, de nous apprendre comment l'une se nourrit de l'autre, tant la ligne de démarcation entre les deux est peu étanche. Nous sommes ainsi les témoins des constants aléas rencontrés par l'équipe et les situations rocambolesques qui en découlent : caprices de star, retards, contre-temps, surprise après surprise qui se vivent en général dans une louable bonne humeur, un zeste de flegme et de fatalisme, les intervenants étant conscients qu'ils ont embarqué sur le même navire pour se rendre à même destination. Au coeur de cette équipe domine la star, celle qui est chargée du rôle principal et dont chacun, c'est-à-dire le metteur en scène, les autres comédiens, la scripte, l'habilleuse, le preneur de son, dépendent plus ou moins. Aussi pour tenir tout son monde sous son charme et se faire accepter comme l'incomparable idole, lui faut-il faire preuve de magnétisme et de séduction, d'où ses angoisses perpétuelles. Le monstre sacré de La nuit américaine est Jacqueline Bisset au regard d'émeraude et à la beauté délicate, dont la vulnérabilité est évidente et les caprices fréquents.

 

Dès l'ouverture, Truffaut dédie le film aux grandes actrices du cinéma muet : Lilian et Dorothy Gish. Plus loin, il rend hommage à une autre grande actrice, française quant à elle, Jeanne Moreau, l'héroïne de Jules et Jim et, ce, au travers d'un jeu radiophonique. On saisit à quel point ce metteur en scène était sans cesse à l'écoute de ses acteurs et la sympathie fondamentale qu'il leur vouait. D'ailleurs Truffaut ne se cachait pas d'avoir réalisé La nuit américaine comme un documentaire. L'origine de ce film remonte à une observation de Hitchcock lors de son interview avec Truffaut : Toute l'action se déroulerait dans un studio, non pas sur le plateau devant la caméra, mais hors du plateau entre les prises de vue ; les vedettes du film seraient des personnages secondaires et les personnages principaux seraient certains figurants. On pourrait faire un contrepoint merveilleux entre l'histoire banale du film que l'on tourne et le drame qui se déroule à côté du travail. Et Truffaut, des années plus tard, devait se souvenir de cette suggestion géniale du maître du suspense. Je me suis imposé des limites très précises  - avait-il dit à ce propos - j'ai respecté l'unité de lieu, de temps et d'action. (...) Je n'ai pas cherché à détruire la mythologie du cinéma. Le cinéma français étant très peu mythologique, j'ai voulu que ce film porte l'empreinte d'Hollywood. Il est exact qu'en dehors de l'aspect anecdotique du tournage du film, auquel nous assistons en spectateurs privilégiés qui ont accès aux coulisses fascinantes du 7e Art, le cinéaste s'est surtout intéressé à la psychologie des personnages. Depuis le metteur en scène Ferrand qu'il interprète avec brio, en proie lui aussi à ses doutes et à ses appréhensions, poursuivi par l'image d'un petit garçon descendant une rue déserte, appuyé sur une canne. Il arrive dans un cinéma et vole des photographies  publicitaires : ce sont des clichés de "Citizen Kane", que Truffaut visionna trente fois et dont il disait que c'était le film qui avait poussé le plus grand nombre de gens à devenir cinéastes. Cette référence oedipienne n'est donc pas anodine et laisse entendre que tous les réalisateurs, un jour ou l'autre, ont volé leur père Orson Welles. Par ailleurs, au cours de cet opus, Truffaut brosse un tableau finement ciselé de la vie privée des uns et des autres en proie à leurs difficultés personnelles, insistant sur la complexité des rapports humains dans une création artistique où chacun a sa pierre à apporter, et pose habilement l'interrogation qui n'a cessé de le tarauder : le cinéma est-il plus important que la vie, rejoignant l'interrogation de Marcel Proust en littérature : le roman est-il plus vrai que la vie ? Ce film est donc rendu plus passionnant qu'il est l'oeuvre d'un passionné, une oeuvre où l'auteur lui-même se met en cause, cherchant des diversions à ses propres phobies. La nuit américaine fut un immense succès et contribua à asseoir la notoriété internationale de Truffaut qui  vit avec bonheur son long métrage couronné de l'Oscar du meilleur film étranger. 

 

Pour lire l'article consacré à François Truffaut, cliquer sur son titre :

 

FRANCOIS TRUFFAUT OU LE CINEMA AU COEUR

 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, dont les oeuvres de Truffaut, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

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LA NUIT AMERICAINE de FRANCOIS TRUFFAUT
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23 mai 2008 5 23 /05 /mai /2008 10:39
LES NUITS DE LA PLEINE LUNE d'ERIC ROHMER

                 

Louise, stagiaire dans une agence de décoration, occupe avec Rémi, urbaniste, un appartement à Marnes-la-Vallée. Mais Louise est coquette, aime sortir, s'amuser, alors que Rémi, casanier, préfère la tranquillité d'une vie un peu à l'écart des autres. Un soir Louise fait la connaissance de Bastien qu'elle invite dans le studio parisien qu'elle est en train d'aménager. C'est une nuit de pleine lune... Cependant cette existence dissipée commence à la lasser et elle décide de retourner vivre sagement auprès de Rémi. Mais il est trop tard, une autre femme a pris sa place.



Avec ce quatrième film de la série "Comédies et Proverbes", Eric Rohmer illustre la formule suivante : "Qui a deux femmes perd son âme, qui a deux maisons perd sa raison". Une fois encore, l'auteur fait preuve d'une grande liberté de ton et vise à saisir, en peintre autant qu'en moraliste, avec une attention minutieuse, les petits riens de la vie quotidienne qu'il considère comme significatifs de l'air du temps. Son art, comme on l'a dit, mêle une certaine forme de modernité picturale et de tradition classique qui s'applique à inscrire un itinéraire dans un périmètre délimité et ouvre, par la même occasion, une réflexion en profondeur sur l'architecture d'aujourd'hui, la tristesse des banlieues, la jungle des villes, les nuisances de tous ordres et le cocon familial sécuritaire. Cela témoigne d'une extrême sensibilité à l'environnement et nous convie dans des lieux précis qui s'inscrivent dans une chronologie rigoureuse : la gare de Marnes-la-Vallée, le parc du Mandinet, le carrefour Saint-Michel, la place des Victoires, la rue Poncelet... Cette attention portée au cadre de vie est inséparable d'un souci complémentaire de la décoration intérieure. Rohmer l'a confié à son interprète Pascale Ogier qui s'identifie idéalement au personnage de Louise, oiseau volage en quête d'un nid à ajuster à ses mesures. Comme toutes les créatures du cinéaste, elle entend marquer son territoire avec pour seul critère un certain goût de la beauté. Auprès d'elle, l'excellent Fabrice Luchini, qui apporte la seule note drôle et légère de ce film, sans doute le plus décalé, le plus abrupte de Rohmer, se fait le porte-parole du climat habituel rohmérien, lorsqu'il s'écrie : " J'ai besoin de me sentir au centre". Au centre d'un pays, d'une ville qui serait presque le centre du monde.

 

           

Faut-il pour autant considérer le metteur en scène comme un ironique ethnographe, un dilettante à l'affût des minauderies de  ses contemporains, ayant une prédilection pour les personnages exagérément nombrilistes. Il s'en défend et ne se veut que le peintre des moeurs de son époque comme son ami et confrère Claude Chabrol. C'est la raison pour laquelle il fascine et irrite à la fois,  ne laissant jamais indifférent, tant son public finit par se reconnaître dans ce tableau qu'il brosse d'eux avec une grâce et une habileté indiscutables. Il pratique un humour au second degré, pas toujours perceptible il est vrai. Si on le questionne sur ses préférences littéraires, le cinéaste cite aussi bien Balzac que la Comtesse de Ségur et se plait à brouiller les pistes. Dans l'entreprise que je fais - a-t-il coutume de dire - il est bon d'être secret. Son oeuvre est néanmoins d'une rare transparence. Elle s'ordonne, on le sait, en cycles : les contes moraux, les comédies et proverbes, dont le fleuron est sans nul doute "Les nuits de la pleine lune" ( 1984 ), où l'on voit l'importance de cet astre sur le comportement des personnages, sur leur humeur, leurs amours. Le sujet se focalise, comme beaucoup d'autres réalisations de Rohmer, autour des sentiments, des états d'âme de garçons et de filles qui échouent à accorder leurs actes et leurs désirs. D'un prétexte aussi ténu, Rohmer va broder tant et si bien qu'il réactualise le thème bien connu des deux pigeons dont l'un s'ennuyait tant au logis qu'il prît son envol jusqu'au jour où il le réintégrera, mais trop tard pour sauver la mise. Servi par des dialogues étincelants, le film nous renseigne avec brio sur les complications incertaines du coeur, le jeu des apparences, les rendez-vous manqués. Les acteurs servent cette intrigue avec finesse, par leur naturel et leur spontanéité . Et le revoir est d'autant plus émouvant que son interprète féminine Pascale Ogier ( la fille de Bulle Ogier ) devait mourir peu de temps après, des suites d'une attaque cérébrale. Elle reçut à titre posthume le prix d'interprétation au Festival de Venise 1984. Un film subtil et attachant qui nous restitue parfaitement le climat des années 80.

 

Pour lire l'article consacré à Eric Rohmer, cliquer sur son titre :

 

ERIC ROHMER OU UN CINEMA DE LA PAROLE
 

 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, dont Ma nuit chez Maud, Le genou de Claire, cliquer sur le lien ci-dessous :
 

 

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LES NUITS DE LA PLEINE LUNE d'ERIC ROHMER
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30 avril 2008 3 30 /04 /avril /2008 09:36
Mon petit doigt m'a dit de Pascal Thomas

Prudence Beresford et son mari Bélisaire rendent visite à leur tante à la campagne. Intrigué par la disparition d’une vieille dame croisée dans une maison de retraite, le couple d’ex-agents secrets décide de mener l’enquête. Une série de crimes inexpliquée et de suspects trop nombreux vont compliquer cette étrange affaire.

 

 

Des répliques qui font mouche, un rythme soutenu, une histoire loufoque mais menée avec maestria, voilà une adaptation d’un roman d’Agatha Christie parfaitement réalisée grâce à l’ivresse des mots, à  un cadre bucolique magnifié par une photographie soignée et des acteurs au mieux de leur forme, contribuant au charme évident de cet opus intemporel. Dans le rôle de Prudence, Catherine Frot est pétillante de drôlerie face à un André Dussolier qui semble s’amuser follement. Le couple fonctionne à merveille, ayant déjà assuré le succès d’un précédent film « La dilettante » en 1998. Les seconds rôles sont tenus avec pertinence par des acteurs que l’on prend plaisir à croiser : Geneviève Bujold, Valérie Kaprisky, Alexandra Stewart, Laurent Terzieff, tous exhumés de saisons cinématographiques antérieures et dont les silhouettes ne peuvent manquer de nous toucher. Après des débuts difficiles, Pascal Thomas nous offre là un film bien ficelé, d’un humour revigorant, loin du maladroit « Zozos », où il ose assumer un style plus personnel, mêlant astucieusement les éléments propres à un polar à une note pimentée de fantastique gothique, association des genres qui déroute et séduit. Un bon  moment de cinéma.

 

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Mon petit doigt m'a dit de Pascal Thomas
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7 avril 2008 1 07 /04 /avril /2008 09:53
PEAU D'ANE de JACQUES DEMY

                                                                             

Le film  Peau d'âne (1970) est un bijou qui mérite tous les éloges tant le charme du récit de Perrault a été respecté et mis en images de la façon la plus exquise par Jacques Demy. Une réussite absolue et un vrai enchantement pour le spectateur, le metteur en scène ayant su harmoniser à la perfection la féerie du conte tout en le saupoudrant d'un zeste d'humour contemporain. Décors splendides, costumes somptueux, chansons ravissantes sur une musique de Michel Legrand, anachronismes savoureux, rien ne manque à ce long métrage qui apparaît comme un petit miracle. Il arrive que le cinéma nous offre ce genre de divine surprise.
 

 

L'histoire est celle d'une jeune princesse dont le père a fait le serment à son épouse bien-aimée, juste avant qu'elle ne meure, qu'il ne se remarierait qu'avec une femme plus belle qu'elle. Or il ne découvre qu'une seule prétendante qui puisse rivaliser avec la défunte reine : sa propre fille. Pour ne pas se marier avec son père et, sur les conseils de sa marraine la fée Lilas (Delphine Seyrig , la jeune fille s'enfuit dans la forêt, cachée sous la dépouille d'un âne, et va vivre là comme une pauvresse, loin des fastes d'antan. Mais le prince charmant l'a surprise  dans  sa splendeur et, désormais, le souvenir de sa grâce ne cesse de le hanter. Il n'a plus qu'un souhait, la revoir, et fera en sorte de tout tenter pour la rejoindre. Un anneau d'or glissé dans une galette par Peau d'âne le mettra sur le chemin de sa belle et, bien entendu, ils se marieront et auront beaucoup d'enfants.

                                                                                        


La présence de Jean Marais dans le rôle du père est là pour rappeler l'hommage que Demy rend à Cocteau à travers ce film qui évoque, bien sûr, La belle et la bête, mais plus spécifiquement ce surréalisme qui frise l'onirisme et plaisait tant au poète-dramaturge. Aussi se laisse-t-on séduire par cette féerie, le symbolisme parfois un peu trop insistant, les robes couleur de temps ou de lune et cette imaginaire qui fait fi de la raison. Car dans les contes, la raison est l'usage des fées, c'est dire que c'est une raison délicieusement déraisonnable, enchâssée de rêve et de fantaisie. Et n'en doutons pas, la morale sera sauve. L'inceste sera évité et  remplacé par la fraîcheur d'un amour adolescent, tandis que le plaisir, comme le labeur, finira en chansons et que l'humour fera en sorte d'être présent au bon moment.

                       

Catherine Deneuve, dont c'était là le troisième film avec Demy, après Les parapluies de Cherbourg et Les demoiselles de Rochefort, nous séduit davantage par sa présence évanescente, son profil de camée et sa blondeur idéale, que par son jeu qui n'était pas encore affirmé ; Jacques Perrin est un prince charmant assez pâlichon, mais Delphine Seyrig en fée Lilas est absolument adorable et Micheline Presle magnifique en Reine rouge. Ce film enchanteur dispense un plaisir extrême et nous assure durant 1h30 une immersion totale dans le monde féerique de l'enfance.

 

Pour lire les articles que j'ai consacrés à Jacques Demy et catherine Deneuve, cliquer sur leurs titres :

 

JACQUES DEMY, L'ENCHANTEUR             CATHERINE DENEUVE - PORTRAIT

 

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PEAU D'ANE de JACQUES DEMY
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4 avril 2008 5 04 /04 /avril /2008 08:49
PIERROT LE FOU de JEAN-LUC GODARD

                                                                                              

Dixième long métrage de Jean-Luc Godard, "Pierrot le fou"  (1965) est peut-être son film le plus célèbre tant le cinéaste y maîtrise plus que jamais son art et se livre à un véritable feu d'artifice narratif et visuel où éclatent, en un patchwork de couleurs, le bleu/liberté, le rouge/violence, le blanc/pureté. Ce film est tout ensemble un poème dédié à Anna Karina, sa ravissante épouse d'alors, et une sorte de voyage dans la lune. "Un film est comme une fusée à plusieurs étages - disait Godard. Là, le dernier étage est monté très haut. Je n'en suis pas encore revenu".


Sur le thème éternel de l'amour et de la mort, le metteur en scène signe une oeuvre colorée et poétique. Il y fustige la société de consommation et revendique le droit au rêve au travers d'une cavale entre Paris et la Méditerranée. A propos de ce film, il n'est pas déplacé de parler d'un souffle libertaire, voire existentialiste, souffle dans la conception et dans le fond. Les deux sont liés en une symbiose rarement atteinte dans un projet cinématographique de ce genre. Nous sommes en 1965 et Godard n'hésite pas à expérimenter les cadrages et les plans pour les sortir de leur conformisme. D'extravagance en extravagance, il joue avec le spectateur, puisqu'il filme l'homme par des moyens techniques surréalistes dans le but de mieux donner prise à l'illusion d'une réalité informelle. Ainsi invente-t-il un langage qui s'affranchit des règles de ses prédécesseurs et entend jouer du champ et du contre-champ à sa guise, s'attribuant ainsi toutes les audaces. Il y a donc, de sa part, une construction organisée selon de nouveaux critères, afin d'instaurer un sens, une signification autonome, dans le souci constant d'échapper à une narration trop homogène. En quelque sorte, il désarticule le narratif pour le transformer en un interrogatif et transgresse sans vergogne les valeurs établies. Selon lui, le 7e Art est une création dont l'objectif est de tout réinventer et réactualiser, de manière à l'inscrire en lettres capitales dans le paysage intellectuel contemporain.

                 

Ferdinand quitte sa femme pour suivre Marianne. Délaissant la réception que celle-ci a organisée, il passe la nuit avec la jeune fille et, au matin, tous deux découvrent un cadavre dans l'appartement qu'ils viennent d'occuper. Une sombre histoire de gangsters va les obliger à fuir. Après diverses aventures, ils arrivent au bord de la mer. Marianne s'ennuie et finit par le trahir avec le chef des gangsters. Ferdinand la tue, puis il se peint le visage en bleu, s'entoure la tête d'explosifs, allume la mèche avant de se raviser. Mais trop tard, il explose face à la mer.


Qu'est-ce, en comparaison de cette intrigue plutôt mince, que le cinéma aux yeux de Godard ? Le cinéma, c'est d'abord et avant tout l'émotion et "Pierrot le fou" est à cet effet une réussite cousue des sentiments les plus vifs, où il apparaît que nous sommes faits de rêves et que les rêves sont faits de nous. Dès lors, c'est un cinéma qui prend ouvertement ses distances avec la logique et procède par intuition, au hasard d'une pensée créatrice. A ces fins, le film utilise les ruptures de rythme, les faux raccords, les citations, les collages...  inaugurant la forme de liberté à laquelle il aspire. Nullement provocatrice, cette oeuvre est celle d'une sincérité qui s'emploie à se manifester avec une éloquence généreuse, servie par la caméra de Raoul Coutard et l'originalité d'un montage heurté, en parfaite adéquation avec la bande-son. Anna Karina et Jean-Paul Belmondo prêtent à leurs personnages respectifs le charme de leur jeunesse et leur naturel et nous touchent par un jeu nuancé et fantasque, s'offrant à la caméra du maître avec un total abandon. 

 

Pour lire les articles consacrés à Jean-Luc Godard et Belmondo, cliquer sur leurs titres: 

 

JEAN-LUC GODARD OU UN CINEMA IMPERTINENT        

 

 JEAN-PAUL BELMONDO

 

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PIERROT LE FOU de JEAN-LUC GODARD
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31 mars 2008 1 31 /03 /mars /2008 09:37
LA PISCINE de JACQUES DERAY

                                              

A la fin des années cinquante, ils s'étaient fiancés puis s'étaient quittés, jusqu'à ce que le cinéaste Jacques Deray ait l'idée géniale de les réunir à nouveau sur l'écran pour des étreintes torrides sous le soleil de Saint- Tropez. Ce sera "La piscine", un film qui nous remet en présence d'une actrice merveilleuse qui s'était un peu effacée derrière le masque trop conventionnel de la célèbre impératrice Sissi et explose littéralement dans ce long métrage, au côté de deux acteurs de premier plan : Alain Delon et Maurice Ronet. Le film fera un triomphe et amorcera la seconde partie brillantissime de la carrière de Romy Schneider. Pour Jacques Deray, ancien acteur, puis assistant, qui avait abordé la réalisation en 1960 avec "Le gigolo", drame psychologique interprété par Alida Valli et Jean-Claude Brialy, avait poursuivi avec "Du rififi à Tokyo" en 1961, "La piscine" (1968) débute sa longue collaboration avec Alain Delon (pas moins de 9 films) et lui ouvre également les portes du succès international. Cette production, très bien reçue par la critique et le public, l'installe définitivement dans le cercle fermé des cinéastes qui comptent. "Borsalino" sera, quelques années plus tard, un autre grand succès qui fera de lui, aux yeux de certains, le digne successeur d'un Jean-Pierre Melville. Par contre la fin de sa carrière décevra.

 

Tourné sur la côte d'azur, "La piscine" distille avec subtilité une tension croissante, appuyée sur un scénario fort bien élaboré par Jean-Emmanuel Conil et une distribution irréprochable des quatre principaux acteurs dont Jane Birkin à ses débuts dans le rôle de Pénélope. Alors qu'ils passent des vacances tranquilles dans leur villa de Saint-Tropez, Jean-Paul et Marianne voient débarquer à l'improviste Harry accompagné de sa fille. Dans une atmosphère faussement sereine, l'hôte indésirable, qui a été autrefois l'amant de Marianne, prendra un malin plaisir à remuer les souvenirs d'antan et a lentement, inexorablement, susciter la jalousie de Jean-Paul jusqu'au dénouement final. Remarquablement conduite et maîtrisée, l'intrigue tient le spectateur en haleine jusqu'au bout, sous la forme d'une tragédie divisée en cinq actes avec, pour point d'ancrage, la piscine, théâtre aquatique de l'amour et de la mort. Si l'on a prêté au couple recomposé pour la circonstance Schneider/Delon, sublime de beauté, le mérite de constituer l'intérêt principal et d'apporter cet aura singulière dans lequel baigne ce long métrage, si l'on apprécie la présence gracieuse et éthérée de Jane Birkin dans son premier rôle significatif, il faut attribuer une mention spéciale à Maurice Ronet dans celui de Harry qui, par sa seule présence, parvient à donner à l'histoire sa vraisemblance et son intensité face à un Delon soudain vulnérable. Une réussite.


 

Pour lire l'article consacré à Romy, cliquer sur son titre :    

 

ROMY SCHNEIDER - PORTRAIT

 

MAURICE RONET, L'ETERNEL FEU FOLLET



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  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

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