Le 16 ème Festival du film asiatique de Deauville a ouvert ce mercredi 5 mars 2014 par la projection d’un film déjà en compétition au dernier Festival de Berlin. Celui-ci se présente comme un road movie détonnant dont l’action se situe dans la Chine occidentale, à mille lieux de toute vie humaine, ce qui intensifie l’effet de solitude extrême et de dépersonnalisation. L’auteur est le cinéaste chinois Ning Hao, déjà connu pour ses cinq films précédents dont Mongolian Ping Pong qui sera présenté en 2005 dans la section forum du Festival de Berlin. L’année suivante, son film Crazy Stone, une comédie à petit budget, recueillera à la fois l’adhésion de la critique et du public. Son dernier opus No Man’s land est une œuvre violente mais remarquablement bien rythmée et interprétée dans des tons sablés qui se marient fort bien avec les étendues de désert et où, seule, le rouge de la voiture et le sang des victimes donnent sa note tout aussi intense que tranchante.
L’histoire raconte la course poursuite d’un avocat Xiao Pan et de celui qu’il a fait innocenter par le tribunal, un certain Big Boss. Ce dernier lui en veut visiblement, peut-être parce qu’il pense que l’avocat conserve à son égard de sérieux soupçons. Au volant de la voiture que Big Boss lui a donné à regret en guise d’émoluments, Xiao Pan prend alors la direction de la seule autoroute qui traverse cette région totalement isolée et coupée du monde des vivants pour rejoindre le tribunal où il exerce habituellement et où il doit être reçu avec les égards qu’il mérite pour être parvenu à sauver la tête d’un suspect. Mais Big Boss ne va pas tarder à se lancer à sa poursuite avec l’aide d’hommes de main afin de récupérer sa voiture, si bien que ce road movie va devenir une véritable chasse à l’homme et bientôt à la femme que l’avocat a retrouvée dans son coffre de voiture et qui, elle, tente d’échapper à son tortionnaire. Ce parcours sera l’occasion de règlements de compte particulièrement cruels entre des hommes que leur extrême solitude et la corruption ont rendu enragés. On découvre parmi eux la fille de joie attachante que sa famille a vendue à un homme sans foi ni loi, des personnages pathétiques et d’une cruauté sans nom, animés par l’envie et la haine et, ce, dans un décor aride et impitoyable qui fait de chacun d’eux le prisonnier de l’espace et de ses pulsions les plus primaires. Si bien que cette suite de bastonnades perpétrées par un monde de salauds n’est pas sans rappeler certaines scènes des grands westerns de jadis.
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