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26 août 2012 7 26 /08 /août /2012 08:40
PORTRAIT DE FEMME de JANE CAMPION

En 1872, Isabel Archer, une jeune Américaine, va rendre visite à ses cousins anglais, les Touchett. Elle les surprend par sa liberté de ton et, surtout, par son esprit  indépendant. C'est ainsi qu'elle refuse successivement les propositions de mariage pourtant financièrement fort avantageuses de lord Warburton et de Caspar Goodwood, un richissime admirateur qui a traversé l'Atlantique pour déposer son amour et sa fortune à ses pieds. Isabel a d'autres centres d'intérêt. Elle ne comprend pas très bien Serena Merle, une belle compatriote qu'elle a rencontrée chez monsieur Touchett, mais tombe sous le charme de sa grâce et de son élégance. A la mort de monsieur Touchett, le fils du défunt, Ralph, a soin de léguer à Isabel une confortable rente...Devenue riche, la jeune femme commence par voyager afin de mettre un peu d’ordre, croit-elle, dans son esprit exigeant, épris d’indépendance, mais se fourvoyer gravement, dès son retour, en cédant aux avances d’un dilettante peu soucieux d’éthique amoureuse qui ne l’épousera que pour sa fortune et surtout pour que celle-ci revienne plus tard à sa fille Pansy, qu’il a eue de sa longue liaison avec Serena Merle.

 

Histoire d’une vie ratée, Portrait de femme (1996) est une jolie variation sur les méprises de l’intelligence et des sentiments, en un narratif un peu longuet qui, malgré sa subtilité, ne parvient pas à convaincre pleinement.  Sans doute parce que le personnage de Osmond, interprété par  John Malkovitch, très peu convaincant et aussi peu habité que possible, détruit passablement  cette composition centrée autour d’une femme qui ne cesse de se refuser et finit par devenir la prisonnière de sa propre défiance. Manœuvrée par un  mari sans scrupules qui se joue d’elle, Isabel est aveuglée par une coupable indifférence et se mure dans une froideur et une fierté blessée qui n’arrangent en rien son existence. Malheureusement, il manque à cette étude féminine, librement inspirée d’une œuvre de Henry James, une approche plus réaliste du quotidien, l’opus se plaisant à rester dans le registre d’une esthétique rigoureuse et savamment orchestrée, grâce à une mise en scène somptueuse et une  reconstitution sublime de la fin du XIXe siècle. Jane Campion, ayant un goût prononcé pour tout ce qui touche aux objets, aux toilettes, aux jardins, à  la campagne, aux bouquets de fleurs, travaille davantage en peintre qu'en réalisatrice. De plus, la musique est toujours un enchantement, si bien que ce  film, malgré ses faiblesses, se laisse regarder avec plaisir, tant il est esthétiquement beau.

 

J’ai déjà dit ce que je pensais de l’interprétation décevante de John Malkovitch dans le personnage égoïste et dominateur de Osmond qui n’est pas loin de celui qu’il campait dans  Les liaisons dangereuses, mais alors avec quel panache, tandis que les femmes sont magnifiques. En premier lieu Nicole Kidman, belle, distante, tourmentée, figée dans une solitude et un enfermement volontaire qui la coupent du monde extérieur, face à une Serena Merle jouée par la belle Barbara Hershey, maillon fort de ce trio et manœuvrière dépassée par ses propres intrigues, donnant la réplique à son âme damnée Gilbert Osmond. A travers de longues pages de silence, Jane Campion nous invite à introduire notre propre interprétation des faits. Elle n’impose rien, elle se contente de dévoiler, de suggérer, de placer ses personnages dans une dualité permanente, nous incitant à entrer dans le mystère de leur conscience et de leurs sentiments.  Le personnage de Ralph (Martin Donovan), le cousin d’Isabel, qui se meurt lentement de phtisie, est la note la plus touchante de cet opus qui souffre d’un scénario un peu trop éthéré.

 

 

Pour prendre connaissance de l'article consacré à Jane Campion, cliquer sur son titre :

 

JANE CAMPION, UN CINEMA AU FEMININ

 

Et pour consulter la liste des articles de la rubrique CINEMA EUROPEEN, cliquer sur le lien ci-dessous :
 

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN

 

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PORTRAIT DE FEMME de JANE CAMPION
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commentaires

E
Je me réjouis de le découvrir en tout cas, même si je sais que John Malkovich is again being John Malkovich... Nicole Kidman est délicieuse quand elle est bien dirigée... alors je sais que malgré tout je passerai un excellent moment....
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A
Oui, Dasola, ce film ne manque pas de charme. Il y a le talent de Jane Campion et celui de Nicole Kidman, merveilleuse dans ce rôle.
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D
Bonjour Armelle, je garde un beau souvenir de ce film qui n'a pas eu le succès qu'il aurait mérité. C'est vrai que Malkovich n'est pas à son meilleur mais tous les autres sont bien (Nicole Kidman est sublime) et j'avais adoré la musique. Bonne après-midi.
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E
Je le regarderai volontiers à l'occasion malgré ses lacunes. John Malkovich est un acteur très inégal, peut-être victime d'être John Malkovich :). Nicole Kidman ne m'a pas toujours convaincue dans sa période américaine, mais je crois percevoir que le film me plairait plus qu'il ne me déplairait...
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A
Bonjour Armelle!<br /> Entièrement d'accord avec votre analyse de ce film très beau esthétiquement, mais qui manque un peu de force. Je l'ai cependant regarder avec plaisir, même si il est en effet un peu long.
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A
Le narratif manque en effet de force, on aurait aimé voir évoluer davantage la relation entre Isabel et Gilbert Osmond.

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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
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