Le film commence alors que l'on enterre le mari de Madeleine, la grand-mère du jeune Romain (Mathieu Spinosi) et la mère de Michel (Michel Blanc). La famille est en pleine crise générationnelle : le petit-fils cherche un premier emploi, le fils va vivre la crise de la retraite et la grand-mère Madeleine (Annie Cordy) va devoir affronter la solitude. Un jour, celle-ci fait une chute et ses trois fils jugent plus prudent de la faire entrer dans une maison de retraite, mais cela n'est pas du tout du goût de la vieille dame. Aussi va-t-elle prendre la poudre d'escampette et partir à la recherche de ce qui, désormais, compte le plus pour elle : son passé. Celui de sa petite enfance s'est déroulé à Etretat où, élève à l'école primaire, la guerre l'a obligée à s'engager sur les routes de l'exode avec ses parents. A l'annonce de sa disparition, la famille est aux cent coups et se culpabilise à fond, mais la malicieuse vieille dame a pris soin d'envoyer une carte postale à son petit-fils qui s'empresse de la rejoindre et de partager avec elle les derniers bons moments d'une vie à bout de souffle. Voilà un film qui a le mérite de tabler sur les bons sentiments et les liens familiaux, sur la relation tendre d'un petit-fils et de son aïeule et qui, à défaut d'une vraie profondeur, nous dispense une fraîcheur appréciable. Certes le scénario, inspiré d'un roman de David Foenkinos, est mince, certes les dialogues restent d'une regrettable banalité, mais le ton est juste, le film sait pointer du doigt nos faiblesses, nos égoïsmes, nos maladresses, nos culpabilités et également nos élans et nos repentirs. Michel Blanc domine avec aisance la distribution dans son rôle de retraité morose et atrabilaire qui traverse une crise identitaire et enquiquine son entourage avec ses états d'âme auprès de sa femme, l'exquise Chantal Lauby, et de son fils, le jeune Mathieu Spinosi. Si le jeune acteur ne crève pas l'écran et ne jouit pas d'un charisme d'enfer, il a su trouver la note exacte auprès d'une Annie Cordy en grand-mère fugueuse dont le jeu m'est apparu trop crispé. Nous sommes loin de l'adorable vieille dame de "La tête en friche" interprétée par l'irrésistible Gisèle Casadesus.
En faisant appel à des sentiments qui nous réconcilient avec nous-même et ne cèdent en rien au pathos, le film, malgré ses faiblesse et ses longueurs, nous fait passer un moment agréable et ce n'est déjà pas si mal en un temps où la violence est partout présente. Aussi saluons avec sympathie ce troisième opus de Jean-Paul Rouve.
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