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22 mars 2015 7 22 /03 /mars /2015 14:14
UN HOMME IDEAL de YANN GOZLAN

 

Mathieu, 25 ans, aspire depuis toujours à devenir un auteur reconnu. Un rêve qui lui semble inaccessible car, malgré tous ses efforts, il n’a jamais réussi à être édité. En attendant, il gagne sa vie en travaillant chez son oncle qui dirige une société de déménagement. Son destin bascule le jour où il tombe, par hasard, sur le manuscrit d’un vieil homme solitaire qui vient de décéder. Mathieu hésite avant de s’en emparer et de signer le texte de son nom...un texte fort, à l'évidence, qui relate la vie d'un militaire dans les années 56/60 lors de la guerre d'Algérie. Devenu d'un coup de baguette magique le centre d'intérêt de la littérature française, couronné, dès ce premier ouvrage, du prix Renaudot, mais incapable de se construire et pas davantage de construire son prochain livre, Mathieu ne se sent jamais à la bonne place. D'ailleurs une place, en a-t-il seulement une et laquelle ? En cela le film est d'une structure narrative d'une étonnante efficacité, nous révélant, au fil des scènes, comment l'anti-héros est peu à peu rattrapé par la fatalité qu'il a contribué à mettre en place. Alors que l’attente autour de son second roman devient chaque jour plus pressante, l'auteur plonge dans une spirale mensongère et criminelle irréversible afin de préserver à tout prix son secret.

 

Grâce à cet opus, qui fonctionne  comme de l’horlogerie suisse, Yann Gozlan fait une entrée éclatante dans le 7e art et le thriller en particulier, hissant celui-ci au niveau d’un Hitchcock, Chabrol ou Polanski. A la suite d'un premier essai dans le film d’épouvante « Captifs » en 2010, Gozlan décide de passer à nouveau derrière la caméra avec un projet plus ambitieux, cette sombre histoire d’usurpation littéraire qui tient le spectateur en haleine de bout en bout et, d'autant plus, lorsqu'un maître-chanteur va se complaire à jouer sur la vanité et la fragilité d'un homme sans structure, sans projet et sans inspiration. « C’est difficile de faire un bon film – confie Gozlan – mais le processus est aussi fatigant que passionnant. Fantasmer quelque chose dans sa tête et le voir se concrétiser, pouvoir contempler un objet fini que vous avez imaginé, il y a là quelque chose de très gratifiant. Cela donne l’impression d’avoir fait quelque chose, comme un artisan peut le ressentir une fois qu’il a terminé une table ou un objet très travaillé. »

 

Il est certain que préférant le travail et l’apprentissage que l’inspiration volatile, ce trentenaire nous propose un film cousu main, d’une parfaite tenue, nourri d’influences diverses mais homogène, qui dresse le portrait d’un ambitieux pétri de duplicité aux prises avec la morale dont il s’efforce de repousser toujours plus loin les limites. Mais celle-ci sera sauve, en quelque sorte, car échappant de peu à la mort, Mathieu perdra son honneur et, par voie de conséquence, le bonheur, condamné à vivre dans la clandestinité un talent venu trop tard. « Il y a bien sûr des films brillants qui regardent froidement leurs personnages se vautrer dans l’immoralité, mais ce n’est pas ce que je voulais faire. Je voulais que le spectateur comprenne mon personnage et accepte de le suivre. Il fallait que cela reste à la fois immersif et ludique, qu’on se demande comment le héros allait s’en sortir » - nous avoue le metteur en scène. Et le résultat est ce film convaincant, ce thriller de haute tenue, mis en scène avec un art consommé de la précision, sans fioritures inutiles, servi par des dialogues sobres mais tout aussi justes et une interprétation de qualité. Pierre Niney la domine dans le rôle-titre qu’il habille d’élégance, de subtilité et des faux-semblants qui inspireront le titre de son second ouvrage, enfin né de sa vie devenue son roman, un roman qui  le condamne à jamais à l’anonymat. Une grande réussite.

 

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commentaires

E
Et je l'avais vu à l'époque suite à cet article. Vraiment accrochant, car en effet on éprouve au début une vraie sympathie pour le héros malhonnête, qui sembourbe horriblement d'un mensonge à l'autre... <br /> <br /> Très bon film!
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E
Très très très tentée! :)
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A
Un film intelligent et admirablement structuré. Et Pierre Niney est parfait.

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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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