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1 juin 2015 1 01 /06 /juin /2015 09:29
Trois souvenirs de ma jeunesse d'Arnaud Desplechin

Voici le dénommé Paul Dédalus (patronyme que l’on ne croise pas pour la première fois dans la filmographie de Desplechin), anthropologue, interprété, dans sa maturité, par un Mathieu Amalric au regard toujours aussi fixe. Ayant vécu loin de France pendant près de vingt ans, il s’apprête à quitter le Tadjikistan pour retrouver sa terre natale et y prendre un poste dans un ministère. À sa descente d’avion, des policiers l’attendent et lui demandent de les suivre. Le voilà bientôt devant un enquêteur des services secrets (André Dussolier), qui doute de sa véritable identité et lui révèle qu’un autre Paul Dédalus, né au même endroit et le même jour que lui, demeure en Australie. Qui est le vrai? Le spectateur est ainsi embarqué sur une piste qui, finalement, va le conduire à une actualité tout autre et, la parenthèse fermée, lui conter une histoire d’amour bancale mais très attachante.

 

À la suite de cette brève entrée en matière, Arnaud Desplechin nous entraîne dans une quête vertigineuse de l’identité, ce qu’avait probablement pour objectif le préambule rocambolesque et qui, désormais, constitue le tissus sensible de cet opus. Car la singularité d’une existence est-elle affaire de date, de nom, de lieu ou d’expériences? Procède-t-elle  d’une somme de moments successifs et souvent disparates ou, plus précisément, de la mémoire que l’on en conserve? Devant lenquêteur dubitatif, Paul Dédalus évoque un voyage effectué en Ukraine avec sa classe de lycée, où, pour aider un camarade engagé dans le soutien aux Juifs dEurope de l’Est, il avait pris de gros coups de poing dans la figure, au propre et au figuré. Puis d’autres souvenirs s’égrènent: familiaux la plupart, entre crises de folie de la mère, (que l’on s’explique mal, c’est le seul point obscur de ce film délicat), violence incompréhensible du fils aîné, solitude du père devenu veuf, mysticisme du fils cadet mal dans sa  peau et l'idylle en dents de scie de Paul avec Esther, grande passion jamais oubliée. Une jeunesse à Roubaix – où le cinéaste est  né en 1960 –, puis à Paris, avec les études d’anthropologie auprès d’un professeur qu’il admire, l’ouverture au monde et la distance qui sépare Esther de Paul, et  Paul d’Esther. Une liaison constamment entrecoupée de séparations qui est, parmi cette succession d’évocations, la plus prégnante. Narrés avec une certaine distance, un ton décalé, un ton souvent désabusé, mais aussi un sens certain du lyrique et du tragique, ces Souvenirs… sont portés avec  naturel  par deux jeunes acteurs : Quentin Dolmaire (Paul Dédalus jeune), repéré au Cours  Simon, et Lou Roy-Lecollinet (Esther), tout droit venue de sa classe de terminale, option théâtre. Ces deux novices, très prometteurs, s’épanouissent sous l’œil de la caméra d’Arnaud Desplechin, qui n’a pas son pareil pour puiser chez ses acteurs la matière la plus sensible, la plus frémissante de son film. Il signe avec eux un voyage romanesque vers la jeunesse telle qu’on la vit aujourd’hui avec ses excès et ses dépendances. Et, toujours, sans retour possible.
 

 

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Trois souvenirs de ma jeunesse d'Arnaud Desplechin
Trois souvenirs de ma jeunesse d'Arnaud Desplechin
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commentaires

E
Je dois dire que ce film me tente, on le rendra bien un jour ou l'autre et je me laisserai séduire. Je me souviens d'il y a longtemps, je faisais de l'auto-stop et nous arrivions en Belgique. Nous avions été pris par un metteur en scène français qui se rendait à Waterloo pour tourner un film d'amour (et bien entendu je ne sais plus qui il était... mais sans doute pas connu de moi sans quoi je m'en souviendrais!). Et à la frontière, qui existait encore, il a été ennuyé car un autre homme portait le même nom et était recherché par la police. Et lui... il était né .. en Chine, donc pour une petite vérification par téléphone c'était acrobatique!!! Nous avons quand même pu repartir....
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V
C'est avec plaisir que je regarde votre site ; il est formidable .j'ai bientôt quatre vingt printemps et je passe du temps vraiment très agréable à lire vos jolis partages .Continuez ainsi et encore merci.
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A
Bonsoir Armelle. J'espère que vous allez tous bien. Pour l'heure pas de cinéma. Uniquement le grand bleu et le repos absolu. Mais en lisant votre critique, je note ce film. Merci et à très bientôt.
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A
Reposez-vous bien Alain et faites provision d'images sereines pour les jours à venir. Je vous imagine dans un bel environnement, goûtant chaque instant dans la contemplation de la mer et des oiseaux.

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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

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