S'il fallait conserver une seule scène dans un film où elle apparaît, ce serait toujours celle où figure cette comédienne hors pair qui pourrait vous réciter le bottin sans vous ennuyer une seconde, tant ses expressions si variées, si pleines d'un panache idéalement aristocratique sont un régal à contempler. Aujourd'hui, âgée de 82 ans, sa carrière s'inscrit dans la durée et a fait d'elle, au fil des jours, une légende vivante et l'une des plus grandes actrices de tous les temps. Certains disent que si elle était un animal, elle serait un hibou dont elle a les gros yeux outrés et la dignité emplumée. Il est vrai que l'on a rarement vu un regard aussi chargé d'une telle dérision et d'une telle malice impertinente. Sa mère, une presbytérienne froide comme un glaçon, avait, parait-il, l'habitude de lui répéter qu'elle n'irait pas bien loin avec une tête pareille. Cette tête-là a pourtant fait des miracles d'audience depuis plus de 60 ans ! L'auteur Julian Fellowes a écrit pour elle le rôle de Violet, comtesse douairière de Grantham de la série télévisée "Downton Abbey", un monument de panache aristocratique et d'humour décapant. Violet, c'est l'acidité du citron plongée dans une tasse de Darjeeling, un hommage caustique et ému à la vieille Angleterre qui vous scotche devant le petit écran et à deux reprises le grand.
Née le 28 décembre 1934, Maggie ploie sous le nombre d'Oscars et de multiples récompenses dont ses carrières théâtrale et cinématographique ont été abondamment pourvues, jusqu'à son anoblissement par la reine, comme il se doit pour une actrice de cette envergure, qui a porté à un sommet l'art dramatique et la comédie, Maggie Smitch ayant su panacher sa carrière de films, de pièces et de séries télévisées, usant avec intelligence des ressources que la scène, les écrans petit et grand offraient à son talent. Elle débute au théâtre avec Laurence Olivier qui constituait alors la fameuse troupe du "Royal National Theatre" et joue sur la scène "Hay Ferver" de Noël Coward ou "Beaucoup de bruit pour rien" de Shakespeare et bien d'autres encore, s'imposant très vite comme une des meilleures comédiennes. Au cinéma, elle fait ses débuts en 1958 et travaille avec les metteurs en scène les plus prestigieux comme Mankiewicz, George Cukor, Zeffirelli, Robert Altman, allant jusqu'à incarner le professeur Minerva McGonagall dans "Harry Potter à l'école des sorciers" en 2001.
A la télévision, elle apparaît plus tard dans plusieurs productions et accepte le rôle de Violet Crawley dans la série "Downton Abbey", saluée à juste titre par une critique enthousiaste, où elle est, une fois encore, prodigieuse. Comédienne unique, il semble qu'elle soit totalement intemporelle, jouant des ressorts les plus subtils de la nature humaine et saupoudrant d'un piment supplémentaire chacun de ses rôles. Auprès d'elle, redoutable dans tous les registres, il faut énormément d'énergie et de constance pour exister, d'autant qu'on lui sait un caractère entier et exigeant. Mariée à l'acteur Robert Stephens dont elle a eu deux enfants, elle se remarie ensuite avec le scénariste Beverley Cross, décédé en 1998. Maggie a secrètement souffert d'un cancer et de la maladie de Basadow à laquelle elle doit un regard à jamais inoubliable. Nous allons d'ailleurs la revoir dans la version cinéma du réalisateur Michael Engler de "Downton Abbey" qui fait suite à la très célèbre série et où elle tient toujours le rôle inoubliable de Violet Crawley.
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