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16 octobre 2015 5 16 /10 /octobre /2015 10:10
Taxi driver de Martin Scorsese

 

De retour du Vietnam, Travis Bickle (Robert de Niro) est engagé dans une compagnie de taxi new-yorkaise. Mais l’ennui, l’angoisse et la mélancolie gagnent. Ses aventures nocturnes ratées par maladresse et la violence quotidienne dont il est le témoin lui font peu à peu perdre la tête. Sa rencontre avec une jeune prostituée de 14 ans (Jodie Foster) va tout faire basculer. Torturé par une obsession politique et sociale de "propreté", il s’assigne la tâche de redresser une humanité qu’il perçoit décadente et de protéger la jeune femme livrée aux sinistres obsessions de pourvoyeurs obscènes.


« Taxi driver » est d’abord une entrée dans le froid processus de la folie paranoïaque et la lente progression d’un être fruste qui s’enfonce dans les ténèbres. La descente aux enfers de Travis Bickle est proprement saisissante. De Niro est époustouflant dans ce personnage gagné par la détresse et la peur au cœur d'une mythologie urbaine qui le cerne. Malgré un narratif déprimant, l’acteur a le mérite de nous subjuguer dans le rôle de ce justicier de la ville, victime d’une humanité livrée à ses pulsions les plus abjectes.


Le monde criminel, la mafia, la cité représentent l’enfer dans la vision pessimiste de Scorsese. Les êtres sont faits pour se perdre dans des dédales qui ne mènent nulle part et où les voix de la justice sont couvertes par le bruit. Pas une seule image de lumière, de clarté, d’arbre, de fleur, toutes évoquent une nuit sinistre envahie de lueurs artificielles, de flashs rougeoyants et aveuglants qui dissolvent le réel. New-York n’est autre qu’une jungle qui réveille chez Travis les traumatismes de la guerre et les obsessions les plus funestes. Scorsese peint à merveille le glauque de ces nuits subies par cet homme qui se dit poursuivi par la solitude et l'adversité et vit dans une perpétuelle psychose où nul sourire, nulle amabilité ne sont là pour l’éclairer et l’humaniser ; oui, une nuit où les repères éclatent et où les codes se bousculent irrémédiablement. Un film éminemment désespéré sur un monde déshumanisé qui tend tout entier vers la scène finale et la tragédie illustrée par une imagerie lancinante et hallucinatoire. Un film qui n’a pas pris une ride et vous hante longtemps tant il s’inscrit dans une démarche culturelle et historique qui lui confère un sens universel.

 

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Taxi driver de Martin Scorsese
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commentaires

A
et bien après ce résumé , je ne verrai pas ce film. Je ne suis pas masochiste
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A
Un film douloureux mais d'un réel intérêt car construit intelligemment, bien filmé et joué de façon géniale par De Niro. C'est un constat de notre époque et de l'Amérique des grandes mégapoles remarquable et déchirant.
L
De Niro donne au film une dimension hallucine. Il est prodigieux. Je me demande si Scorsese pouvait envisager le film sans lui .
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N
Je n'ai jamais vu le film, mais ces derniers temps, j'essaye de rattraper mon "retard" sur les films que je 'ai pas encore vu et qui sont considérés comme des "classiques". Votre article m'a fait envie, je regarderais celui-ci très vite.
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E
Je n'avais plus revu ce film depuis sa sortie. J'étais trop jeune pour apprécier au-delà de "l'histoire". Je n'imaginais pas vraiment la parano, le monde de la nuit, la chute psychologique. Maintenant, peut-être en sais-je trop - pas vraiment sur le monde de la nuit car justement, toute cette face de New York a été nettoyée par le maire Mario Cuomo, et il n''en reste pas grand chose - en tout cas sur les dérives psychologiques et vraiment... oui, De Niro est parfait dans son lent basculement, son potentiel dangereux et son envie de croire qu'il est comme tout le monde... Un très bon film...
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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