Michel Racine est un Président de cour d’assises redouté. Aussi dur avec lui qu’avec les autres, on l’appelle " le Président à deux chiffres ". Avec lui, on en prend toujours pour plus de dix ans. Malade au début de ce nouveau procès, quitté par une épouse plus riche que lui, Racine couche désormais à l’hôtel en traînant sa petite valise. Tout bascule le jour où il retrouve Ditte Lorensen-Coteret. Elle fait partie du jury qui va devoir juger un homme accusé d’infanticide. Six ans auparavant, Racine a aimé cette femme. Presque en secret. Médecin anesthésiste, elle l’a arraché à la mort physique lors d’une grave opération. Retrouvée par hasard et connue par hasard, elle va, au cours de cette audience, le sauver d’une nouvelle mort, la mort morale. Ainsi la guérison de cet homme passe-t-elle par un procès dont l’intérêt principal réside dans le rôle des jurés, tous très différents, qui sont mis en présence d’un cas d’autant plus douloureux qu’il s’agit de la mort d’un enfant. Les témoins défilent sans apporter de notables éclaircissements. Qui juge qui, au final ? A un moment donné le président malmène l’un des policiers qui a découvert la mort de ce bébé de 7 mois. A chacun sa vérité, celle de ce policier honnête n’est pas plus certaine que celle du père qui attend le verdict dans le box des accusés. Michel Racine, touché par la présence de Ditte, leur rappelle qu’il faut accepter de ne pas savoir… Ainsi l’irruption de la douceur et de la tendresse dans sa vie bancale et solitaire est-elle le début d’une véritable rédemption, rédemption qui lui révèle une autre vérité : si un procès change le cours des choses, c’est peut-être d’abord vis-à-vis de soi. Nous voyons que les sentiments ont le droit de siéger dans l’enceinte stricte d’un tribunal.
Sidse Babeth Knudsen, qui interprète le rôle de Ditte, a été choisie par Christian Vincent à la suite de son visionnage de la série « Borgen » où il l’avait beaucoup appréciée. Et, il est vrai, qu’elle illumine le film de son rayonnement où s’allient en un dosage idéal la beauté et l’intelligence. Quant à Fabrice Luchini, qui a reçu pour le rôle de Michel Racine le prix d’interprétation à la Mostra de Venise, il est remarquable de sobriété et de naturel, homme intransigeant, droit dans ses bottes en apparence, mais plus vulnérable qu’il n’y parait, proie de toutes les perplexités de la conscience et de la vie. Sa soudaine guérison est celle du doute sur l’évidence intérieure, ce qui est vraisemblable n’étant pas obligatoirement certain. Un film qui suggère plus qu’il ne démontre et laisse à chacun son interprétation personnelle.
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