Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
Ettore Scola, né en 1931 et mort à l'âge de 85 ans en 2016, est l'un des plus grands cinéastes italiens de l'après guerre. Après des études de droit, il se consacre d’abord au journalisme et à la radio avant de devenir gagman pour des films de l’acteur Toto. En 1952, il débute dans l’élaboration de scénarii et devient très vite l’associé de Ruggero Maccari, un des plus réputés en matière de comédies. Pendant une dizaine d’années, Scola va écrire une cinquantaine de films et collaborer notamment avec Dino Risi à L’homme aux cent visages (1960), La marche sur Rome (1962), Le Fanfaron (1962), Les Monstres (1963), Il gaucho (1964), Moi la femme (1971) et également, avec Antonio Pietrangeli, aux films suivants : Les joyeux fantômes (1961), Annonces matrimoniales (1964), Le cocu magnifique et L’amour tel qu’il est (1965). En 1964, grâce à Vittorio Gassman, il réalise son premier long métrage Parlons femme, où il entend bien imposer son style en s’efforçant de braquer un regard critique sur la société italienne sans se réduire à un simple spectacle humoristique. Ce seront Cent millions ont disparu en 1965, Belfagor le Magnifique en 1966, Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami disparu en Afrique ? en 1968.
En 1969, Le fouineur indique plus nettement encore que Scola ne craint pas de porter le bistouri dans les plaies de la société tout en conservant un sens très sûr du divertissement. Avec Drame de la jalousie en 1970, il pose sans détour la question des rapports entre les sentiments et l’idéologie. Pour cet opus, son acteur principal Marcello Mastroianni recevra le grand prix d’interprétation au Festival de Cannes. Suit l’expérience ascétique de Trevico-Torino en 1973 sur l’émigration intérieure entre le Sud et le Nord de l’Italie, puis Nous nous sommes tant aimés en 1974, l’oeuvre qui l’imposera définitivement dans le club fermé des grands réalisateurs. Chronique amère de l’histoire de l’Italie de l’immédiat après-guerre à l’époque actuelle, le film examine sans complaisance le devenir de la société. Scola oeuvre désormais dans la perspective constante d’un va-et-vient entre passé et présent, alternant les œuvres inscrites dans la contemporanéité comme Affreux, sales et méchants en 1976, Les Nouveaux monstres en 1978, La Terrasse en 1979, Une journée particulière en 1977, Passion d’amour en 1981, La nuit de Varennes en 1982 et Le bal en 1983. Gagné par une certaine nostalgie inhérente au passage du temps, Scola s’intéresse également au problème des relations générationnelles, problème omniprésent dans La famille (1987), qui survole quatre-vingt années de l'existence d’une famille bourgeoise, thème de nouveau présent dans Splendor (1989), évocation attendrie d’une salle de cinéma condamnée à être démolie – ou encore dans Quelle heure est-il, sorte de remake de Une journée particulière, au cours de laquelle un père et son fils tentent désespérément de lier une relation durable. En effet, très ancré à gauche, Scola est avant tout un cinéaste soucieux de communiquer avec le public et de partager avec lui ses convictions. Il tente toujours de concilier un discours critique sur la société transalpine avec les nécessités du divertissement, qualités que l’on retrouve dans ses œuvres plus récentes comme Le voyage du capitaine Fracasse (1990) d’après Théophile Gautier, Le roman d’un jeune homme pauvre (1995), un drame de la pauvreté où Alberto Sordi campe un vieux beau d’anthologie, Le dîner (1998) fresque sociologique pleine d’un humour récurrent et de sarcasme pour décrire une soirée dans un restaurant romain, Concurrence déloyale (2001) est, elle aussi, une comédie corrosive sur les lois antijuives votées en Italie en 1938 et Gente di Romana (2003), un documentaire romancé sur les diverses facettes sociales et culturelles de la capitale italienne d’aujourd’hui. Cette oeuvre importante porte, dans son ensemble, le sceau d'une joyeuse amertume, d'une défiance à l'égard des hommes si vite abusés, et une passion pour leur histoire et les grandes causes à défendre sans exaltation fébrile, davantage avec le regard d'un homme sans illusion.
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