Mark Rutland, un riche homme d’affaires, s’aperçoit que sa secrétaire-comptable lui dérobe de l’argent. Intrigué par son comportement et attiré par sa fascinante beauté, il découvre peu à peu son trouble passé et lui donne le choix entre le mariage ou la dénonciation à la police. Proche de l'esthétique des années 40, ce film n'en reste pas moins le dernier grand chef-d'oeuvre du réalisateur. Hitchcock a toujours joué sur les peurs, petites et grandes, sur les culpabilités potentielles ou réelles des personnages et le résultat a toujours été saisissant. Ni blanc, ni noir, le héros hitchcockien est bien plus que cela : traversé par des ambivalences infinies qui tissent son humanité, piégé dans des rapports ambigus avec autrui.
Hitchcock reprend ici la formule expérimentée dans « Psychose » : il débute son film comme une classique histoire de vol afin de captiver le spectateur, avant de faire glisser son œuvre vers tout autre chose, un véritable drame psychologique où l’on assiste à la renaissance d’une femme détruite par un traumatisme vécu durant sa petite enfance, le réalisateur plongeant son opus dans un répertoire proprement freudien. D’une grande modernité par l’audace des thèmes abordés (la frigidité, le viol et la puissance destructrice de la libido et du refoulé), ce long métrage bénéficie d’un jeu d’acteurs impeccable, d’une musique percutante de Bernard Herrmann et d’une réalisation subtile et convaincante. Non dépourvu de fulgurances et de lyrisme (les séquences de l’orage ou encore la chute de cheval), ce chant d’amour entre un homme ordinaire et une femme blessée fut néanmoins un échec commercial à l’époque à cause de son caractère inattendu. Aujourd’hui, « Pas de printemps pour Marnie » compte parmi les films importants de Hitchcock qui, le premier, osait aborder un thème nouveau dans le 7e Art, celui de la psychanalyse. Un bijou du suspense et une intrigue haletante, parfaitement maîtrisée, servie par des acteurs totalement engagés dans leurs rôles respectifs.
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