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Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.

Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick

Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick

William et Alice forment un couple idéal : beaux, riches, ils s’aiment et vivent à Manhattan où ils fréquentent la haute société. Mais cédant à la jalousie, le couple glisse progressivement dans une errance initiatique et inquiétante et va se laisser happer par un milieu ambigu, un univers social tissé de faux-semblants et traversé de scènes ésotériques où se dilue progressivement la réalité des choses et permet au metteur en scène de  créer un climat d’une étrange intemporalité. Tout l’intérêt de l’opus est de placer le spectateur dans une constante et progressive expectative.


Kubrick s’accorde une grande liberté de ton et d’images comme dans les écrits freudiens et laisse la part belle à l’imagination et à l’interprétation de chacun des spectateurs. « Eyes Wide Shut » développe moins une intrigue qu’une ouverture sur un univers des possibles : nous voyons défiler dans un mélange souvent inextricable les séquences réelles et celles fantasmées de perversions diverses, sans que l’un des niveaux vienne prendre l’avantage sur l’autre. L’intrigue est conçue de telle façon qu’elle ne s’oriente jamais dans une direction précise et se contente de suggérer des éventualités : une silhouette inquiétante apparue au coin d’une rue fait écho au polar, tandis qu’une étrange cérémonie de masques s’imprègne de tons extravagants. Cette composition «en arc-en-ciel» est rendue possible grâce à la sobriété délibérée de l’esthétique : qu’il s’agisse du code chromatique ou de l’éclairage généralement intégré au décor, aucun effet ne tombe dans l’outrance, si bien qu'il nous autorise  à pénétrer aisément dans l’intimité d’un couple, de mieux comprendre les ressorts intimes de ses actes et de partager la singularité d’un désir ou d’un fantasme, en ayant à l’esprit l’idée que le cinéma est bien l’univers de l’illusion et des mirages et que tous les possibles peuvent y être convoqués. Dans des rôles, où ils sont constamment  - et crescendo -  les proies de l’épouvante, Nicole Kidman et Tom Cruise sont convaincants. Avec le recul que nous avons aujourd'hui, l'oeuvre de Stanley Kubrick est prémonitoire de l'univers dans lequel nous pénétrons sans en connaitre les enjeux et qui ne cesse d'altérer et de chahuter notre jugement.

 

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V
Merci c’est super!.. Bravo tout simplement. Et encore merci infiniment.
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G
« composition « en arc-en-ciel » - est rendue possible grâce à la sobriété délibérée de l’esthétique : qu’il s’agisse du code chromatique ou de l’éclairage, généralement intégré au décor, aucun effet ne tombe dans l’outrance et nous autorise d’autant plus aisément à pénétrer dans l’intimité d’un couple, [...] que le cinéma est bien l’univers de l’illusion et des mirages et que tous les possibles peuvent y être convoqués.» Ce commentaire remarquable m'a comblé d'admiration et de respect pour votre plume, Armelle. Grand merci.
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A
Un film bien fait et bien interprété mais oppressant sur ces sociétés secrètes où toutes les expériences sont tentées et ont un terrible relent de satanisme.
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E
J'ai vu ce film avec un peu d'épouvante: la fameuse villa serait au New Jersey (où je vivais) et certains aspects du film pas si fictifs que ça... Le ,physique de Tom Cruise ne m'a jamais "convaincue"...mais j'aimais beaucoup NIcole Kidman...
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