En 1954, une femme placée dans le centre de détention psychiatrique de Shutter Island disparaît. Elle s'appelle Rachel Solando et est une meurtrière extrêmement dangereuse. Deux officiers du corps fédéral des marshals, Teddy Daniels et Chuck Aule, quittent alors Seattle pour enquêter sur place. Ils découvrent l'île humide et brumeuse où se trouve cet hôpital-prison d'un genre très particulier. Très vite, Teddy Daniels comprend que le personnel de l'établissement cache quelque chose. Seul indice dont il dispose : un bout de papier sur lequel est griffonnée une suite de chiffres entrecoupée de lettres...
Un scénario qui met en cause d'emblée l’équilibre de l’enquêteur (admirablement interprété par Léonardo DiCaprio) dans un labyrinthe de la folie et de la douleur où de misérables personnages achèvent leur existence au cœur d’un délire hallucinatoire habilement provoqué afin que ceux-ci disparaissent du monde des vivants et soient à jamais irrécupérables. Inspiré du roman à succès de Dennis Lehane, cet opus brillant joue sur les nerfs en permanence grâce à un climat fort bien entretenu entre faux-semblants et réalités ténébreuses qui ne cessent de déstabiliser le spectateur. Du grand art développé par une mise en scène habilement élaborée où les rebondissements psychologiques sont à la fois crédibles et intelligents.
A défaut de faire jaillir la vérité dans son enquête, Teddy Daniels plonge dans ses propres abîmes et découvre l’ambiguïté des siennes. Servi par l’imagerie soignée de Robert Richardson où l’ombre et la lumière stimulent l’imaginaire et soulignent les symboles de cette fiction à plusieurs paliers, « Shutter Island » est un polar mental d’une efficacité redoutable qui brise les codes de l’espace et du temps, du vrai et du faux grâce à un scénario tendu qui repose sur une constante perte de repères. Un film, dont l’irréalité est devenue le noyau dur de la réalité. Etonnant mais oppressant.
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