Adapté du roman éponyme à succès (écrit par Mary Ann Shaffer et Annie Barrow), ce film nous fait voyager dans le temps et nous renvoie directement en 1946, peu après la Seconde Guerre Mondiale. On y retrouve Juliet Ashton (Lily James), auteure et journaliste britannique en manque d’inspiration. Un jour, la jeune femme reçoit une lettre d’un homme, un certain Dawsey Adams, agriculteur et éleveur de cochons, interprété avec retenue et sensibilité par Michiel Huisman qui se dit membre d’un mystérieux club de lecture : le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates ! Curieuse d’en savoir plus à propos des gens qui y sont décrits, et espérant y trouver peut-être une nouvelle source d'inspiration, la jeune femme - qui vient de se fiancer à un riche américain - découvre un monde clos sur lui-même mais infiniment touchant et authentique, si bien que Juliet décide d’aller à la rencontre de ces personnes et d'en apprendre davantage sur les épreuves qui les ont irrémédiablement marqués.
En apparence, et en apparence seulement, ces personnages singuliers n’ont rien en commun, mais la guerre de 39/45, l'occupation allemande, les exécution sommaires ont su les rassembler et en faire une famille soudée, d'autant que pour échapper à l'insupportable réalité, ils se sont réfugiés dans la lecture et imaginés ce club littéraire comme échappatoire aux pressions et surveillances que certains d'entre eux subissent. Un sombre mystère plane néanmoins sur le groupe. Mystère qui a bouleversé leurs vies et s'apprête à bouleverser celle de Juliet.
Si l’histoire d’amour naissante entre Juliet et Dawsey ne nous surprend guère, elle est vite relayée au second plan par l’intrigue centrale du film. En effet, les découvertes de plus en plus importantes, que l’héroïne est amenée à faire, nous attachent aux profils divers des protagonistes bien cadrés et d'une dimension très humaine, campés par des acteurs dont certains ont participé à la série de "Downton Abbey" dont Jessica Brown qui endosse une fois encore le rôle d'une jeune femme qu'aucun danger ne décourage, Penelope Wilton qui joue celui d'Amelia, la résidente qui a perdu sa fille, et Lily James elle-même qui interprète le rôle principal, la jeune auteure en quête de sujet, chacun d'eux sachant insuffler à son personnage un caractère authentique et touchant. Un film fondé, par ailleurs, sur l'importance des relations humaines et de la littérature - la meilleure des évasions à l'heure du numérique - contribuant à surmonter les pires épreuves de l'occupation et de la guerre, film qui surfe sur le sensible, le vrai et le tendre, ce qui n'est pas du goût de certains qui lui préfèrent la violence et le sexe et que ce film fait sourire. Une grande partie de la critique n'a-t-elle pas jugé ce dernier entaché de sensiblerie, le taxant de bluette mièvre et sans saveur, alors qu'il a su miser sur la vraie vie qui est celle du coeur et de l'altruisme, même s'il cède à d'indéniables facilités. Au scénario, fidèle au roman et aux personnages sympathiques qui l'animent, j'ajouterai la beauté des paysages qui nous ouvre à des horizons tout aussi sympathiques et reflète une nature encore préservée des outrages infligés par ce que l'on qualifie volontiers de ... progrès.
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