Tout s’écroule pour Jean-Dominique Baudy (Mathieu Amalric) lorsqu’il se réveille sur son lit d’hôpital après un accident vasculaire. Au sortir du coma, il n’est plus qu’un corps inerte, soumis au locked-in syndrome : il ne peut plus parler, bouger ou même respirer sans assistance. Commence alors un combat de tous les instants pour la vie. Son seul œil mobile va être la clé de sa libération. Après avoir été un livre bouleversant de Dominique Bauby écrit à l'aide de sa paupière, seul moyen dont il disposait encore pour s'exprimer, "Le scaphandre et le papillon" est devenu un film tout aussi émouvant. Ce carnet de voyage immobile est un poignant hymne à la vie et ne fait nullement l'impasse sur la profondeur de la réflexion qui l'a inspiré. "Etais-je aveugle et sourd ou bien faut-il nécessairement la lumière d'un malheur pour éclairer un homme sous son vrai jour" -écrivait-il. Cette enfermement soudain qui libère étrangement les ressources de l'esprit et rompt les amarres trop humaines est merveilleusement rendu par le cinéaste américain qui fait en sorte que cette vie prisonnière jette ses feux à travers les effets de caméra subjective, de voix off et de flash-back. Mathieu Almaric, dans ce rôle difficile, est remarquable de tendresse, de dérision et n'en fait jamais trop ; quant à son regard il est impressionnant de vérité. Il est entouré d'une pléiade d'acteurs talentueux dont Emmanuelle Seigner, Anne Consigny et Max von Sydow qui se penchent avec attention au-dessus de cette conscience virtuelle et tellement troublante. Schnabel a su éviter les risques et ne sombre jamais dans le piège du mélo larmoyant. Sur le plan narratif, il a choisi le montage alterné où sont évoquées les principales étapes de l'existence de Bauby jusqu'à son accident cérébral. Si bien que le film ne se contente pas de provoquer l'émotion mais se révèle être - comme le livre - une formidable leçon d'espoir : celle que le papillon de l'esprit parvient toujours à rejoindre la lumière.
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