Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
31 octobre 2007 3 31 /10 /octobre /2007 10:58
Le train sifflera trois fois de Fred Zinnemann

         

High Noon, Le train sifflera trois fois (1952) a toujours été l'objet d'un traitement à part. Alors que les westerns étaient, le plus souvent, dédaignés, celui-ci bénéficia aux Etats-unis d'une renommée immédiate et eut le privilège de figurer sur la liste des six oeuvres retenues pour l'Oscar du meilleur film de l'année. Il fut battu à l'arrivée par Sous le plus grand chapiteau du monde  de Cecil B. DeMille, mais Gary Cooper fut sacré meilleur acteur, Dimitri Tiomkin, auteur de l'inoubliable musique ( dont la mélodie Si toi aussi tu m'abandonnes ), ainsi que Elmo Williams et Harry Gerstad pour le montage, reçurent les Oscars correspondants. Le film n'est donc pas passé inaperçu aux yeux des professionnels, alors que le western, en général, et des oeuvres aussi prestigieuses que L'homme aux abois, La porte du diable, Winchester 73 et L'ange des maudits étaient oubliés. Par contre, il fut sous-estimé par la critique française qui le jugea trop classique. C'est en 1948 qu'un sujet intitulé High Noon d'un certain Carl Foreman, inspiré d'une nouvelle de John Cunningham, fait l'objet d'un projet de film que Foreman, lui-même, souhaitait réaliser. Mais les studios, perplexes quant à ses capacités de metteur en scène, lui préférèrent Fred Zinnemann à qui incomba la charge de le tourner à sa place. Le rôle du shérif Kane avait été écrit pour Henry Fonda mais celui-ci étant déjà sous contrat, le rôle fut dévolu d'abord à Grégory Peck qui le refusa, puis à Gary Cooper qui, enthousiasmé par le personnage, renoncera aux trois-quarts de son salaire habituel pour pouvoir être le héros du Train sifflera trois fois, film à petit budget, tourné en noir et blanc. Cependant, ce héros n'est ni un superman, ni un homme entièrement intégré à la société qui l'entoure. Contrairement à ceux de Howard Hawks, celui-ci a de l'imagination et surtout il doute, connait l'angoisse et la peur, ce qui est rare de la part d'un personnage de western. Par ailleurs, une autre originalité du film est de faire coïncider le temps de l'intrigue avec le temps réel. Ce n'était peut-être pas nouveau à l'époque, mais renforçait considérablement le suspense moral du récit. En effet, en moins d'une heure et demie, entre 10h30 et midi, Will Kane va découvrir qu'il ne peut compter sur personne. Celui-ci se voit refuser successivement l'aide du shérif adjoint, des clients du saloon, d'un de ses amis qui lui fait répondre par sa femme qu'il est absent, du pasteur qui ne veut pas prendre parti et de son épouse, elle-même, qui ne veut en aucune façon être mêlée à une action violente et participer au drame inévitable qui se prépare, même si, au final, sa participation inattendue sauvera la vie de son mari.

 

Car, qu'en est-il de cette histoire, et que se passe-t-il de si grave dans la petite bourgade de Haddleyville, lorsque Amy (Grace Kelly), une jeune femme ravissante, épouse le shérif Will Kane ( Gary Cooper ) qui vient de prendre sa retraite ? Tout simplement la rumeur propage la nouvelle de l'arrivée imminente du bandit Frank Miller (Ian MacDonald), récemment libéré, et que son frère et deux de ses anciens acolytes se préparent à aller attendre à la gare. Personne n'ignore - et Will Kane moins que quiconque - que ce dernier réapparaît pour se venger. Alors que les mariés s'apprêtent à partir, Kane comprend que son devoir lui impose de rester au côté de la population. Mais en ville, Kane ne trouve aucun appui : les uns se refusant de l'épauler par lâcheté, les autres en raison de griefs divers. Même Amy décide de ne point différer son départ. Pendant ce temps, Frank Miller a débarqué et retrouvé ses trois comparses, tandis que Kane envisage de les affronter seul. Il parviendra d'abord à éliminer Ben, le frère, puis Colby. James Pierce sera tué par Amy qui, au dernier moment, est revenue auprès de son époux et Kane abattra lui-même Miller avant de s'éloigner définitivement de Haddleyville en compagnie d'Amy et non sans avoir préalablement jeté à terre son étoile de shérif. Pour Foreman, l'auteur du scénario, il s'agissait tout d'abord de décrire la manière dont la peur peut frapper une communauté plutôt qu'un individu isolé, comment elle se propage et peut revêtir toutes les formes de la lâcheté. Face à une société devenue à ce point pusillanime, la présence d'un homme déterminé et courageux suffit parfois à remettre les choses en place et à faire régner à nouveau l'ordre et la loi. Telle est la morale de High Noon, car rien, en définitive, n'obligeait Kane à redevenir shérif de Haddleyville. Ainsi le film évite-t-il de sombrer dans le manichéisme, chaque personnage ayant quelques bonnes raisons de se refuser à l'affrontement. Par exemple Amy qui a vu son père et son frère disparaître dans des circonstances violentes, ou Helen Ramirez ( Katy Jurado ) qui a été tour à tour la maîtresse de Miller et de Kane, ce qui, pour elle, établit une curieuse relation affective entre les deux personnages.

 

D'autre part, le film bénéficie d'une mise en scène exemplaire, à la fois efficace et dépouillée. "Dans un long métrage comme celui-ci - se plaisait à dire Fred Zinnemann, le temps est un élément capital, aussi ai-je essayé de le dédramatiser avec la pendule qui devient de plus en plus grosse à mesure que le film avance. Le battement a un rythme  de plus en plus lent. Nous avons tourné volontairement les plans au ralenti à mesure que l'on se rapprochait du climax. "  L'importance de ce western sera considérable et représente un formidable exemple d'un travail d'équipe pleinement réussi, du chef opérateur aux acteurs. La composition de Gary Cooper en héros usé, abandonné de tous, y compris de sa jeune épouse jouée par Grace Kelly, alors à son deuxième rôle, est indissociable de l'émotion produite sur les spectateurs. Ce succès a beaucoup contribué à imposer le western comme un genre important dans l'univers du 7e Art. Par contre John Wayne, dont on connaissait le patriotisme pointilleux, reprocha vivement au vieux Coop d'avoir accepté de piétiner son étoile de shérif. A son avis, le prodigieux acteur avait terni sa réputation, ce qui, avec le recul du temps, ne semble pas confirmé.

 
 

 Pour consulter la liste des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN
 

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

 

train-sifflera-3-fois-52-05-g.jpg

Le train sifflera trois fois de Fred Zinnemann
Partager cet article
Repost0

commentaires

T
Un classique qu'on ne se lasse pas de revoir (même et surtout en DVD).<br /> Et cette rengaine, chantée en français - quel que soit le chanteur que l'on entend dans le film - reste une "petite madeleine" de ma première vision, au cinéma, dans mon enfance.<br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Répondre

Présentation

  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
  • Contact

Profil

  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

Stanley Kubrick

 

 

ET SI VOUS PREFEREZ L'EVASION PAR LES MOTS, LA LITTERATURE ET LES VOYAGES, RENDEZ-VOUS SUR MON AUTRE BLOG :  INTERLIGNE

 

poesie-est-lendroit-silence-michel-camus-L-1 

 

Les derniers films vus et critiqués : 
 
  yves-saint-laurent-le-film-de-jalil-lespert (1) PHILOMENA UK POSTER STEVE COOGAN JUDI DENCH (1) un-max-boublil-pret-a-tout-dans-la-comedie-romantique-de-ni

Mes coups de coeur    

 

4-e-toiles


affiche-I-Wish-225x300

   

 

The-Artist-MIchel-Hazanavicius

 

Million Dollar Baby French front 

 

5-etoiles

 

critique-la-grande-illusion-renoir4

 

claudiaotguepard 

 

affiche-pouses-et-concubines 

 

 

MES FESTIVALS

 


12e-festival-film-asiatique-deauville-L-1

 

 13e-FFA-20111

 

deauville-copie-1 


15-festival-du-film-asiatique-de-deauville

 

 

Recherche