Je n’avais jamais eu l’occasion de voir le film de Michel Legrand « Les parapluies de Cherbourg » en entier, aussi est-ce avec plaisir que je l’ai visionné en entier hier soir à la télévision. Bien que je trouve la réalisation moins réussie que celle des « Demoiselles de Rochefort », plus rythmée, plus enlevée, je n’ai pas résisté au charme de cette histoire d’amour chantée, à la grâce de Catherine Deneuve et au romantisme des images, bien que ce ne soit en définitive qu’une bluette désuète et sans grande envergure. Mais le charme opère dès les premières images tant la musique est délicate, les prises de vue poétiques et tant l’ensemble dégage un attrait irrésistible.
Nous sommes à Cherbourg en novembre 1957. Geneviève Emery, dont la mère tient un commerce de parapluies, aime Guy Foucher ( Nino Castelnuo), un jeune garagiste. La mère de Geneviève n'envisage pas d'un bon oeil cette idylle et préférerait voir sa fille épouser Roland Cassard, un diamantaire. C’est alors que Guy est appelé sous les drapeaux pour participer à la guerre d'Algérie. Geneviève se donne à lui avant son départ. Enceinte, elle finira par céder aux instances de sa mère et épousera Roland, cet homme riche qui accepte son enfant.
Oui, aucune audace dans cette histoire si ce n’est celle d’avoir osé faire chanter la totalité des dialogues sur la musique de Michel Legrand et, ainsi, d'avoir transformé le scénario simplet en comédie musicale d’un style inédit qui a peu à voir alors avec les comédies américaines de l’époque. C’est d’ailleurs ce qui a fait le succès et l’originalité de cette production qui ne peut être comparée à » West Side Story » mais conserve sa fraîcheur et son attrait en grande partie grâce aux mélodies ravissantes de Michel Legrand.
Les acteurs ont eu le mérite de se glisser avec tact dans leurs personnages, de jouer avec un naturel et une spontanéité qui procurent à l’histoire sa saveur particulière. Coiffée par les sœurs Carita, Catherine Deneuve est au sommet de sa beauté gracile, Anne Vernon, qui interprète le rôle de sa mère, est fort jolie elle aussi et l’ensemble suscite une indicible émotion. Le pari du metteur en scène et du musicien a parfaitement fonctionné et nous touche à l’heure de la science-fiction, des effets spéciaux et du numérique comme une bouffée d’oxygène.
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