Voilà une merveilleuse ode à l'enfance et le plus fabuleux des anti grise-mine. Un chef-d'oeuvre.
Hors compétition, le film, projeté lors du 14e Festival du film asiatique de Deauville, nous révèle un cinéaste en osmose avec le monde des enfants et le donnant à voir dans sa quotidienneté avec bienveillance et malice, servi par de jeunes acteurs d'un naturel et d'un charme irrésistibles. Bien que long, on ne résiste pas à la poésie de ces pages écrites avec naturel et simplicité par un réalisateur qui a permis au cinéma japonais de se réinventer avec de nouveaux sujets, des images classiques mais empreintes de finesse, de nous faire entrer dans un monde sans violence, sans vulgarité, d'une fraîcheur réconfortante, à l'opposé du terrifiant Himizu et également du cinéma de Kurosawa tellement désespéré et âpre. Celui-ci nous parle de la vie de tous les jours, des rêves auxquels se livrent les enfants dans leur ingénuité, des familles séparées mais reliées par des fils invisibles, des fleurs, des volcans, de l'espoir que le monde soit meilleur ; oui, un univers dédié à des petits princes en mal de planète. Né en 1962 à Tokyo, Hirokazu Kore-Eda a d'abord travaillé comme assistant-réalisateur sur des documentaires avant de se lancer dans la réalisation avec un premier film en 1995 Maborosi qui remportera l'Osella d'Or du Meilleur Réalisateur au Festival de Venise. En 2001, Distance est présenté en compétition au Festival de Cannes, tout comme Nobody Knows en 2004, où il aborde déjà l'univers enfantin.
L'histoire de I wish - nos voeux secrets se déroule au Japon, sur l’île de Kyushu, où deux frères sont séparés après le divorce de leurs parents. L’aîné, Koichi, âgé de 12 ans, part vivre avec sa mère chez ses grands-parents au sud de l’île, tout près de l’inquiétant volcan Sakurajima. Son frère cadet, Ryunosuke, est resté avec son père, guitariste rock, au nord de l’île. Koichi souhaite par-dessus tout que sa famille soit à nouveau réunie – même si cela doit passer par l’éruption dévastatrice du volcan ! Lorsqu’un nouveau TGV relie enfin les 2 régions, Koichi et son jeune frère organisent clandestinement un voyage avec quelques amis qui ont tous un souhait à exaucer jusqu’au point de croisement des trains, là où le miracle, les miracles pourraient, dit-on, s'accomplir… Alors verront-ils leurs vœux secrets se réaliser ? En tous cas, ils vont agir en sorte que cela soit possible. Peu importe d'ailleurs que les voeux se réalisent ou pas, l'essentiel n'est-il pas d'en formuler et de croire en la force vive de l'imagination, en la présence, sous une forme souvent humble, de la beauté et de savourer le plaisir de vivre ensemble. A travers la description d'un quotidien banal, l'auteur nous montre des enfants capables de prendre en mains leur destin face à des adultes trop souvent résignés, ayant perdu, contrairement à leur progéniture, tout idéal, tout enthousiasme, tout projet. Ce qui se dégage de ce film délicat est une immense tendresse, un optimisme voilé d'un rien de mélancolie, une espérance joyeuse qui est une bouffée de fraîcheur, une sonate douce et envoûtante qui vous charme et dont on garde longtemps en tête la persistante tonalité. Une merveilleuse bonne surprise en ces temps empreints de désenchantement et d'amertume. En nous racontant cette quête d'une bande de charmants galopins qui croit que les miracles sont à sa portée, Kore-Eda écrit un hymne à la foi et à la vie et, sans effets inutiles, nous gratifie d'un petit miracle.
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