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26 décembre 2006 2 26 /12 /décembre /2006 12:00
1900 de BERNARDO BERTOLUCCI

 

Bertolucci est né à Parme en 1941 et fut, dès sa tendre enfance, influencé par son père professeur, poète et critique cinématographique. Il écrit ses premiers poèmes à l'âge de six ans et fréquente très tôt les salles de cinéma. Pour ses quinze ans, son père lui offre une caméra de 16mm avec laquelle il va réaliser son premier film : Morte di un malale. Poursuivant des études littéraires à l'Université de Rome, il rencontre Pasolini qui lui propose d'être son assistant pour Accatone. Peu après, Pasolini, dans l'impossibilité de mener à bien le projet d'un film dont il a eu l'idée, mais dont il a confié l'élaboration du scénario à Bertolucci, charge celui-ci de le tourner. Ce sera La commare secca qui est présenté au festival de Venise. Mais le premier film qui le révélera au grand public sera Le dernier tango à Paris, avec  Marlon Brando, long métrage sulfureux qui fit scandale, mais suscita une vive curiosité. Ce succè international lui permit alors de mettre sur pied 1900 , son cinquième film, fresque foisonnante sur le monde paysan, qui brosse quatre décennies de l'histoire de l'Italie à travers le destin de deux enfants et de leur famille.
 


Au milieu de l'été 1900, deux garçons viennent au monde le même jour sur les terres des Berlinghien, en Emilie : Alfredo, le petit-fils du propriètaire et Olmo celui du métayer. Les enfants se lient d'une amitié sincère et grandissent ensemble. La mort de leurs grands-pères respectifs à l'aube d'une ère tragique, dont les prémices sont déjà perceptibles, vont les éloigner l'un de l'autre. A la veille de la première guerre mondiale, les mouvements sociaux dans les campagnes provoquent une importante grève. La paix revenue, Olmo va se marier à une ardente militante communiste, Anita. Lorsqu'Alfredo, après un grave différend familial, revient pour prendre la direction du domaine, les relations entre les jeunes gens se distendent car les nouvelles responsabilités d'Alfredo accentuent les antagonistes de classe. Olmo s'engage toujours davantage dans les mouvements communistes et participe à la résistance, lors de la seconde guerre. Le jour de la libération de l'Italie, le 25 avril 1945, Olmo est à la tête de l'insurrection paysanne, tandis qu'Alfredo est soumis à un procès improvisé : il ne sera épargné que grâce à l'intervention d'Olmo. Mais l'arrivée du Comité national des résistants oblige les paysans à rendre les armes et met fin à leur désir de partager les terres. Le temps passe : Olmo et Alfredo ont vieilli dans les tourmentes de ce XXè siècle qui a tant divisé les hommes. Alfredo, sous le regard d'Olmo, s'allonge sur une voie ferrée, tandis qu'au loin un train arrive couvert de drapeaux rouges...

 

Construction monumentale qui embrasse un demi-siècle d'histoire, le film de Bertolucci est l'une des constructions les plus ambitieuses de toute l'histoire du cinéma italien. Néanmoins, le cinéaste ne parvient que difficilement à faire converger dans cette oeuvre des positions antinomiques. Il l'a reconnu lui-même lors d'un entretien avec Jean A. Gili : " Je me suis rendu compte pendant que je tournais le film et surtout pendant que j'étais en train de le monter, que Novecento est construit sur le principe des contradictions, la contradiction entre les dollars américains et le discours politique et idéologique du film, la contradiction entre Olmo et Alfredo, entre les paysans et les patrons, entre les acteurs d'Hollywood et les paysans authentiques de l'Emilie, entre la fiction et le documentaire, entre la préparation la plus soigneuse et l'improvisation déchaînée, entre la culture archaïque et paysanne et une culture vraiment très bourgeoise. ( ...) Novecento est né d'un sentiment de culpabilité, la culpabilité d'être originaire d'une bougeoisie campagnarde, d'une bourgeoisie de cette campagne-là. C'est peut-être pour cela que dans le film je regarde apparemment avec plus d'amour les paysans que les bourgeois. Je dis apparemment parce qu'il me semble que je les aime tous".



1900, dans ses excès et sa démesure, demeure l'exemple parfait du film dont l'ambition se heurte au risque de l'incompréhension, le cinéaste cédant à un parti pris évident qui lui attira curieusement autant les foudres de la gauche que de la droite ( Bertolucci était un militant actif du parti communiste italien ). Michel Ciment l'a bien souligné lors de la présentation du film au festival de Cannes 1976 : " Le danger devant une oeuvre comme Novecento, devenue mythique par la publicité qui l'a entourée et les dimensions même de son projet, est de la juger à priori. Entre ceux qui lui refusent toute valeur et lui reprochent assez stupidement de s'être laissé récupérer et d'autres qui y voient - selon le journal L'Humanité - comme l'exemple le plus grandiose jusqu'à présent en Occident d'un grand film politique, d'une grande fresque épique et populaire - n'est-il pas possible de la considérer comme une tentative inaboutie d'un cinéaste à qui ont manqué rigueur et fermeté ? "


Mais laissons de côté les idées politiques qui ne font nullement la grandeur du film ( surtout avec le recul d'aujourd'hui et ce que l'on sait des tenants et des aboutissants du communisme ), car l'objectivité, les ambiguïtés, les simplifications et les zones d'ombre y sont nombreuses, mais soulignons, pour éviter le danger de la schématisation, que Bernardo Bertolucci a pris soin d'inscrire son épopée dans un paysage précis, qu'il l'a enracinée dans une terre qui est la sienne et dont il sait mieux que personne saisir, d'une caméra qui s'accorde à merveille au rythme des saisons, la fraîcheur du printemps et les brumes glacées de l'hiver, la rudesse de la vie paysanne et les détails infimes qui en font la saveur et la poésie. Cette caméra est un pinceau qui agit  par touches violentes, amples et incisives et se veut tantôt brutale, pathétique, exaltée dans son efficace structure dramatique.



Quant à l'interprétation, je regrette personnellement que Bertolucci ait fait appel à des acteurs étrangers, alors qu'il y en a de si excellents dans son pays, que l'italien est, de par sa nature, un comédien- né. Cela nous aurait valu une version originale dans cette langue italienne colorée et chantante et assurait le film d'une plus grande authenticité. J'avoue que personnellement j'ai eu du mal à me laisser convaincre par l'acteur des Valseuses endossant les habits d'un paysan de l'Emilie, pas plus que je n'aie adhéré à l'interprétation de Robert de Niro dans le rôle d'Alfredo et de Dominique Sanda dans celui d'Ada, mais c'était probablement le prix à payer pour parvenir à cette super-production ... C'est regrettable, si bien, qu'à mon avis, le film, malgré ses qualités esthétiques évidentes, le souffle puissant qui l'anime, n'atteint pas son but. Il faudra que Bertolucci attende encore dix ans avant de produire, ce que je considère comme son chef- d'oeuvre : Le dernier empereur.  


Pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA EUROPEEN, dont Le dernier empereur, cliquer sur le lien ci-dessous :

 
LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN

 

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commentaires

C
Un film vraiment magnifique. Cela fait quand même longtemps que je ne l'ai pas vu mais j'en garde un éxellent souvenir. J'en parlerais très porchainement sur le blog. Robert De Niro est un comédien que j'apprécie beaucoup et dans ce film il y est grandiose.
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