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Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.

OUT OF AFRICA DE SYDNEY POLLACK

OUT OF AFRICA DE SYDNEY POLLACK

                             
 "J'avais une ferme en Afrique " ...

Le film  Out of Africa  est tiré d'un roman autobiographique de l'écrivain danois Karen Blixen, pas assez connue en France à mon goût, dont l'existence fut fracassante et tragique. Avec Ma ferme en Afrique,  l'ouvrage qui inspira le film, elle décrit ce que furent ses années passées en Afrique orientale anglaise, non loin de Nairobi, où son mari le baron Bror Blixen-Finecke venait d'acquérir une ferme et une exploitation de café. Mais Bror s'avérera incapable de gérer l'exploitation, si bien que les circonstances obligeront Karen à s'en occuper seule. Elle s'attachera d'ailleurs profondément à cette terre et à ses habitants. Mais la crise mondiale, qui sévit durant les années 28/31, aggravera les difficultés économiques qu'elle ne cessât de rencontrer et l'acculera à vendre sa ferme et à regagner le Danemark, après avoir pris soin de sauvegarder l'avenir de ses employés.
 

De cet ouvrage rédigé en 1936 et qui connut aussitôt un succès mondial, foisonnant de connotations infinies et qui ose aborder des thèmes divers, parfois quasi interdits à l'époque avec une audace surprenante, le film ne retient, certes, que l'histoire passionnelle qui unit un moment Karen au pilote anglais et chasseur d'éléphants Denys Finch-Hattor, mais il n'en est pas moins un document magnifique sur l'Afrique d'avant la seconde guerre mondiale.
 

Dès 1969, un projet d'adaptation de l'oeuvre avait été envisagé par le cinéaste Nicholas Roeg sans aboutir, aussi  Sydney Pollack,  reprenant le projet, a-t-il volontairement choisi de le tourner à la manière des anciens longs métrages hollywoodiens, privilégiant les sentiments et le décor somptueux de la jungle africaine. La scène où l'avion de Denys survole un banc de flamants roses est une façon habile et esthétique d'intégrer les personnages dans la réalité de la nature sauvage. Elle ne cesse d'ailleurs d'être présente tout au long du film avec ses couleurs, ses horizons, sa faune, sa flore, la population Kikuyu si attachante. Reprenant le style des mélodrames d'antan, Out of Africa s'attache à ses deux héros, au monde qui les entoure et aux péripéties qui vont marquer leur liaison. Ce qui a capté mon intérêt, avoue le cinéaste, est le spectacle de l'éclosion de cette femme, de sa maturation, du fait qu'elle parvienne à donner un sens positif aux événements les plus tristes, qu'elle surmonte son désarroi, qu'elle fasse du drame de sa vie une espèce d'oeuvre d'art. Pollack y décrit des êtres isolés, marqués par la solitude et menacés par la mort qui rôde, dans un climat de fin d'époque, telle le fauve qui s'aventure la nuit aux abords de la ferme.
 

Karen, atteinte par la syphilis que lui a transmis son mari, repart pour le Danemark s'y faire soigner, puis regagne sa ferme et décide de vivre séparée de Bror, usé par la boisson et les femmes. Son amour pour Denys, qu'elle a rencontré dans le train de Mombasa, ne fait que s'amplifier, mais celui-ci ne veut pas renoncer à sa liberté et la jeune femme prend la douloureuse décision de ne pas garder l'enfant qu'elle attend de lui. Quand Karen se voit contrainte à quitter sa plantation, Denys promet de la rejoindre. Hélas, son avion s'écrase dans la savane et Karen apprend sa mort de la bouche de son ex-époux.  Plus tard  la tombe de l'aviateur deviendra un site fréquenté par les lions.

 

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Le film, au débit lent, épouse le rythme de cette terre majestueuse, pleine de contradictions, dont les paysages ne manquent pas de nous envoûter et dégagent une puissante nostalgie, comme si la perte de ce monde primitif et authentique s'avérait imminente. L'évasion, qu'il propose, n'est pas seulement physique, il y a quelque chose de plus, un dépaysement, un déracinement intérieur, un face à face avec ce qui reconduit chacun à ses origines, à son questionnement initial, là où le génie de Karen Blixen sut trouver la dimension insolite à laquelle elle aspirait.
 

Sans avoir le retentissement de l'ouvrage, le film reste fidèle aux lignes directrices du roman, à cette mémoire sans cesse sollicitée que Karen Blixen, conteuse inouïe, tenta de faire partager. En effet, elle n'eut de cesse d'aller le plus loin possible dans la communication de ce qu'elle tenait à dire, mais elle est tout autant dans son non-dit que dans l'admirable façon qu'elle eût d'exposer idées, sentiments et images, souligne Régis Boyer.
 

Karen Blixen mourut en 1962 après une existence semée d'épreuves. Si elle n'avait pu sauver sa ferme africaine et ses plantations de la faillite, elle eut la consolation de préserver et de restaurer sa maison natale de Rungstedlund au nord-est de l'île de Seeland au Danemark, avec ses soixante hectares de jardins et de forêts, véritable sanctuaire pour les oiseaux. Un autre film fut tiré de son oeuvre : Le festin de Babette, chef-d'oeuvre de cette auteure dont le nom fut proposé en 1957 pour le prix Nobel de littérature.
 

Malgré les restrictions que ne manquèrent pas de lui adresser les critiques, le film de Sydney Pollack ne figure pas moins parmi les grands films d'amour du cinéma américain. L'interprétation de  Meryl Streep et Robert Redford, la photographie, la musique (celle de Mozart principalement) et l'atmosphère générale lui méritent de rester parmi les classiques que nous ne nous lassons pas  de revoir.


Pour lire les articles consacrés à Sydney Pollack et Meryl Streep, cliquer sur leurs titres :

 

SYDNEY POLLACK              MERYL STREEP - PORTRAIT



Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN, cliquer sur le lien ci-dessous :

 
LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN

 

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E
Je l'ai vu à l'époque et vais peut-être le revoir ce soir, je ne sais pas encore. J'avais été un peu déçue quand même, je ne sais plus pourquoi, mais au cours de ma grippe de Noël je me suis retrouvée contrainte à revoir un tas de films déjà vus autrefois qui alors ne m'avaient pas laissé la même impression qu'aujourd'hui. On change et on voit d'autres choses. Ou on ne cherche plus les mêmes choses :)
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A
Rien ne vaudra le livre, bien entendu, mais c'est tout de même un beau film.
D
Chère Armelle, c'est un film qui éveille les émotions et est fidèle au récit de Karen Blixen, mais comme je m'y suis sentie emprisonnée! Mon imaginaire y était ligoté, alors que Karen a la magie des mots qui font rêver. Une oeuvre magistrale à lire et à relire. Merci pour cette présentation.
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T
Voilà des années que je n'ai pas replongé dans le beau film de Pollack. Ma mère en était dingue quand j'étais gamin, mais je ne l'ai pas revu depuis. Tu me donnes envie d'y retourner !
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H
Un film magnifique et inoubliable qui, bien sûr, se centralise sur l'histoire d'amour de Karen Blixen et ne peut rendre compte de la richesse de son livre, mais nous offre une fresque somptueuse de l'Afrique orientale. Je partage votre analyse.
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