Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 10:21
ALCESTE A BICYCLETTE de PHILIPPE LE GUAY


Gautier Valence (Lambert Wilson) débarque à l'île de Ré avec une idée en tête : retrouver son vieil ami Serge Tanneur (Fabrice Luchini), retiré depuis plusieurs années dans l'île loin des vanités du monde, pour lui proposer de remonter sur scène à ses côtés dans une pièce de Molière : le Misanthrope. Le fringant quinquagénaire a très envie de se parer des plumes du paon en quittant son emploi d'acteur de téléfilm afin d'endosser celui autrement gratifiant d'acteur de théâtre en présence de Serge Tanneur, un comédien qui, jadis, a fait vibrer les salles.

 

Entre les deux hommes s'engage une véritable parade nuptiale de façon à choisir qui jouera Alceste et qui Philinte et lequel l'emportera de celui, jamais las des honneurs, ou de celui qui a choisi de vivre en ermite et, ce, au long d'une compétition où les susceptibilités se frottent et s'usent comme des galets. Bien sûr, je ne révélerai pas la suite, mais je ne peux que vous encourager à aller voir cet opus où, pendant près de deux heures, vous serez bercé par la musicalité des alexandrins du divin Molière, récité ou clamé avec panache, malice, colère, par ces deux acteurs dont la rivalité permanente ne fait que pimenter les scènes.

 

photo-Alceste-a-bicyclette-2012-2.jpg

   

Luchini excelle dans ce film qu'il a inspiré à Le Guay et où il ne peut manquer de faire usage des nuances subtiles de son registre personnel, celui d'un surdoué amoureux du beau langage et des belles lettres. Alceste à ses heures, face à un Lambert Wilson superbe avec lequel le duo, ou plutôt le duel à fleurets mouchetés, prend son rythme et son ampleur :  Wilson fat, consensuel et fielleux, Luchini acariâtre, professoral et blessé. Les mots crépitent, les phrases fusent, celles d'un beau langage où la seule chose à éviter est la faute de goût. Spectacle intelligent, bien mené, où le décor de l'île avec ses étangs, ses lumières automnales, ses glacis sur la mer joue le troisième personnage, un personnage avec lequel on ne triche pas malgré les vicissitudes de la vie, la jalousie, les notoriétés illusoires. Ainsi la vraie vie fait-elle sans cesse irruption comme cette belle italienne interprétée par Maya Sansa qui réveille des désirs assoupis chez nos protagonistes. Oui, un film sur l'art de se méprendre de soi et des autres, sur les rôles que nous nous attribuons souvent à tort, car Alceste n'est peut être pas celui qu'on croit, pas davantage que Philinte d'ailleurs, et c'est là que le film joue tout en finesse entre un histrion en constante représentation et un égotiste qui en veut au monde entier et principalement à lui-même. Ce n'est pas ici le jeu de l'amour et du hasard mais de la lucidité et de l'incertitude. Un régal.

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS  

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

 

 0.jpg

 1815039_3_8601_maya-sansa-et-fabrice-luchini-dans-le-film_0.jpg

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

A
Quand on aime les choses de l'esprit , on est forcément ravi par ce film, quelle classe ces 2 grands acteurs ! et aussi la très sympathique Maya Sensa ( présente ds cet admirable film italien " nos meilleures années " )<br /> j'ai particulièrement aimé la fin du film, et ne suis pas près d'oublier le long regard un peu méprisant de Luccini sur ces invités " bien pensants "
Répondre
N
j'avais beaucoup apprécié moi aussi :)
Répondre
T
Je l'ai vu l'autre jour et j'ai passé comme vous un excellent moment. Le face à face entre les deux acteurs est savoureux. Et bien sûr, Molière reste insurpassable. Surtout lorsqu'il est dit par<br /> des acteurs qui ont une parfaite diction.
Répondre
P
bah Armelle ! j'en connais un pour de vrai qui a joué Alceste...
Répondre
A
Même réaction que vous, Alain, l'envie de relire au plus vite "Le misanthrope".
Répondre
A
Bonsoir chère Armelle, je suis en plein accord avec votre critique sur ce film. Un vrai régal. Mes souvenirs vécus dans l'Île de Ré se sont ravivés pour mon plus grand plaisir. "Un Île qui se<br /> mérite" me disait une amie Rétaise. Quant au film une parfaite réussite. Un excellent duo d'acteurs, et l'autre grande réussite, l'envie de relire le divin Molière.
Répondre
S
Beaucoup aimé également, juste un bémol pour la césure (femme remplace répétition) et une fin trop amère au vu du reste du film... 3/4
Répondre
B
J'ai beaucoup aimé l'ensemble du film sauf la fin qui m'a déçu.
Répondre

Présentation

  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
  • Contact

Profil

  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

Stanley Kubrick

 

 

ET SI VOUS PREFEREZ L'EVASION PAR LES MOTS, LA LITTERATURE ET LES VOYAGES, RENDEZ-VOUS SUR MON AUTRE BLOG :  INTERLIGNE

 

poesie-est-lendroit-silence-michel-camus-L-1 

 

Les derniers films vus et critiqués : 
 
  yves-saint-laurent-le-film-de-jalil-lespert (1) PHILOMENA UK POSTER STEVE COOGAN JUDI DENCH (1) un-max-boublil-pret-a-tout-dans-la-comedie-romantique-de-ni

Mes coups de coeur    

 

4-e-toiles


affiche-I-Wish-225x300

   

 

The-Artist-MIchel-Hazanavicius

 

Million Dollar Baby French front 

 

5-etoiles

 

critique-la-grande-illusion-renoir4

 

claudiaotguepard 

 

affiche-pouses-et-concubines 

 

 

MES FESTIVALS

 


12e-festival-film-asiatique-deauville-L-1

 

 13e-FFA-20111

 

deauville-copie-1 


15-festival-du-film-asiatique-de-deauville

 

 

Recherche