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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 11:28
ANNA KARENINE de JOE WRIGHT

   

Russie, 1874, la belle et ardente Anna Karénine jouit de tout ce à quoi ses contemporains aspirent : mariée à Karénine, un haut fonc­tionnaire du gouvernement à qui elle a donné un fils, elle a atteint un éminent statut social à Saint-­Pétersbourg. À la réception d’une lettre de son incorrigible séducteur de frère Oblonski, la suppliant de venir l’aider à sauver son mariage avec Dolly, elle se rend à Moscou. Au cours de son voyage, elle rencontre la comtesse Vronski que son fils, un charmant officier de la cavalerie, vient accueillir à la gare. Quelques brefs échanges suffisent pour éveiller en Anna et Vronski une attirance mutuelle. C'est ainsi que commence l'un des plus beaux romans de la littérature russe, maintes fois porté à l'écran sous les traits de Greta Garbo, de Vivien Leigh ou de Sophie Marceau. Aussi cette nouvelle version était-elle attendue avec perplexité. Comment Joe Wright, metteur en scène des plus classiques, envisageait-il cette oeuvre immense et de quelle façon allait-il nous la servir ? En recourant à l'artifice osa-t-il proclamer ! Et le pari est gagné, car le metteur en scène offre à notre gourmandise visuelle un plat de choix, une transposition en images qui ne se contente pas d'être, comme les précédentes, une jolie mise en scène mais reconsidère l'oeuvre différemment, selon les ressources du 7e Art qui sont autres que celles de la littérature. Nous sommes là en présence d'une véritable...recréation.

 

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Ce n'était certes pas facile. Il fallait de l'audace et de l'imagination et Joe Wright, l'auteur d'Orgueil et préjugés et de Reviens-moi, en a eues et vient de signer son film le plus ambitieux et le plus abouti. Parmi les différents personnages se détache Anna, une jeune femme de la haute société, mariée sans amour à un homme irréprochable et qui va, à la suite d'un coup de foudre, céder à la passion la plus folle et la plus aveugle avec un jeune officier brillant et superficiel. La lutte d'Anna pour ne pas se laisser entraîner par ses sentiments est le thème central du roman et du film mais ne s'arrête pas là. En effet, Anna est parfaitement consciente de la fausseté de la situation qui va la conduire à tromper son mari, à abandonner son fils et à fuir avec son amant dont elle attend un enfant, si bien que l'angoisse et le remords ne vont pas tarder à susciter en elle et Vronski une incompréhension réciproque qui aura raison de leur passion, si bien qu'Anna, en proie à une renonciation désespérée et ne voyant plus d'issue à son existence, finira par se jeter sous un train. En parallèle à cet amour malheureux, il y a celui heureux de Kitty et de Lévine qui est essentiel à l'équilibre du roman et du film, car il permet un jeu alterné de rapprochements et d'oppositions et sera merveilleusement stylisé par le recours au lac des cygnes dans la chorégraphie savante et plus grave que légère de Sidi Larbi Cherkaoui où s'affrontent le cygne blanc (la ravissante Kitty interprétée par Alicia Vikander) et le cygne noir (la touchante et émouvante Anna, habitée et interprétée par Keira Knightley).

 

 

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La stylisation est la grande réussite du film. Elle fait merveille en englobant le sujet du roman-fleuve dans les arcanes d'une vision grandiose, celle de la quête désespérée de l'inaccessible, de la représentation d'une perpétuelle comédie humaine, d'un impressionnant opéra baroque ou faiblesse et grandeur sont intimement liées et où les dilemmes restent bien présents qu'ils soient d'ordre moral, affectif ou social. L'esprit de Tolstoï veille et Wright n'a pas oublié de rappeler  que les défaites morales ne sont jamais que provisoires, que la nécessité d'un changement est dans l'ordre des choses et que le retour à la vie simple est le meilleur des ressourcements. Servi par des images d'une extrême beauté où un décor s'ouvre comme une porte sur un autre plus beau encore, le film de Wright joue de l'artifice le plus subtil pour revisiter Tolstoï selon un rythme nouveau, une esthétique qui use d'un phrasé différent de celui des mots, mais n'en est pas moins fort et persuasif. Keira  Knightley nous donne une version non seulement touchante de par sa beauté et sa vulnérabilité d'Anna, mais elle en rend la sensualité plus prégnante sans qu'il y ait besoin de scènes érotiques - et on s'en félicite - ce qui en décevra plus d'un - tandis que Karénine est campé par un Jude Law tout en retenue qui exprime parfaitement la complexité d'un personnage partagé entre froideur et bonté, ambition et générosité. Quant à Vronsky joué par l'acteur Aaron Taylor-Johnson, il est probablement le seul point faible du film et la seule erreur de casting : trop inconsistant, trop falot, on a quelque peine à croire que sa suffisance et sa superficialité aient pu subjuguer la délicieuse Anna au point de ruiner sa vie. Pour moi, incontestablement, le meilleur film de l'année car le plus innovant sur le plan esthétique.

 

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique CINEMA EUROPEEN, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN

 

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commentaires

N
j'ai apprécié cette version également - je l'ai trouvée insolite - avec un beau jeu d'acteurs -<br /> <br /> j'ai aussi vu les deux films que vous citez, et que j'ai tout autant appréciés
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A
Ce film m'a laissé un souvenir merveilleux. J'ai trouvé que la perspective très originale, que le metteur en scène a trouvée pour aborder un roman déjà si souvent porté à l'écran, était géniale.
D
Bonjour Armelle, vous me donnez envie de voir ce film, merci. Bonne journée.
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F
The first time I noticed her was in the comedy flick Bend it like Beckham. She played a wonderful role in it as the friend of Jessi the lead actress who is adamant to become a football player insipite of her patents un interest in it.
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E
Je viens d'aller le voir et suis séduite. Vraiment séduite. C'est vrai que "Vronsky" est un peu trop "beau garçon", son visage ne va pas trop avec le courage qu'il faut pour aller de l'avant dans<br /> une telle aventure. Elle, elle est toute intensité et passion... Jude Law est magnifique dans ce rôle. Et certaines images font penser à des tableaux impressionnistes...<br /> <br /> Très très beau film...
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R
Habituellement, je me méfie comme de la peste des adaptations cinématographiques des grandes œuvres ; mais, après votre brillant plaidoyer pour ce film, je crois que je vais me laisser tenter à<br /> aller le voir ...
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S
Un peu déçu, si l'écrin est sublimissime (de la mise en scène aux décors) le fond manque de passion et les autres personnages (que Anna) sont top effleurés... 2/4
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A
Bonsoir Armelle. Quel enthousiasme ! Je ne peux pas me déplacer en ce moment et le film n'est pas annoncé par ici. J'avais très envie de découvrir cette nouvelle version cinématographique de ce<br /> magnifique roman. Je ne désespère pas. Et revendrai vers vous si j'ai la chance de le voir.
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A
à Edmée<br /> <br /> Je pense que vous ne serez pas déçue car il me parait supérieur à "Reviens-moi". Plus original.
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E
J'ai vu "Atonement" de Joe Wright après l'avoir lu (Reviens-moi)... Aussi j'entends bien voir ceci aussi.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
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