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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 11:08
ANNIE GIRARDOT

                                                                                                                                                                                 

Née en 1931, Annie Girardot, après le Conservatoire dont elle était sortie avec un double prix de comédie classique et moderne et un passage à la Comédie française de 1954 à 1957, débute sa carrière cinématographique dans des films de série noire, très en vogue à la fin des années 50. Elle est remarquée auprès de Gabin dans  Le Rouge est mis  (1957) de Gilles Grangier et  Maigret tend un piège  (1958) de Jean Delannoy. A partir de 1960, elle va alterner les films français et italiens et apparaît bouleversante dans l'admirable film de Visconti  Rocco et ses frères , où elle a pour partenaires Alain Delon et son futur mari Renato Salvatori  qui sera le grand amour de sa vie et avec lequel elle aura une fille Giula, elle-même comédienne ( Renato mourra en 1988 ). Le film de Visconti, où elle est l'inoubliable prostituée Nadia, la propulse au firmament du cinéma et fait d'elle une actrice de premier plan, incarnant idéalement la femme moderne, forte et active. Elle est, par excellence, l'actrice populaire, tour à tour drôle et pathétique, aussi à l'aise dans la bouffonnerie que dans le drame. Ses rôles sont souvent ceux d'une personnalité en pleine ascension sociale comme dans  Docteur Françoise Gailland (1976) de Jean-Louis Bertucelli, dont le rôle titre semble fait pour elle, celui d'une femme forte, indépendante dont le fils vole, la fille se retrouve enceinte et elle-même apprend qu'elle est atteinte d'un cancer. Figure canonique à caractère définitivement matriarcal, elle y est sensationnelle et les femmes des années 70 se reconnaissent volontiers en elle. Suivront dans la même veine  Il faut vivre dangereusement de Claude Makovski ou encore  Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas mais elle cause  (1969) de Michel Audiard qui lui concocte, comme pour Gabin, des dialogues sur mesure.

 

 

Sa filmographie est importante, puisqu'elle est présente  dans 106 longs métrages, sans compter ses nombreuses prestations sur les scènes de théâtre et à la télévision. On peut dire qu'elle a tourné avec les meilleurs metteurs en scène de la seconde moitié du XXe siècle : Jean-Paul Le Chanois, André Hunebelle, Gilles Grangier, Marc Allégret, Jean Delannoy, Christian-Jacque, Alexandre Astruc, Luchino Visconti, Denys de la Patellière, Gérard Oury, Franco Rossi, Mario Monicelli, Marco Ferreri, Philippe de Broca, Marcel Carné, Claude Lelouch, Aleksandar Petrovic, Ugo Gregoretti, Edouard Molinaro, André Cayatte, Claude Pinoteau, Francesco Maselli, J. Louis Bertucelli, Yves Boisset, Moshe Mizrahi, Bertrand Blier, Michael Haneke... Tous auront fait appel à son talent d'actrice au-dessus et au-delà des modes, femme pressée qui ne s'embarrasse pas de vaines coquetteries et ne sera jamais ni star, ni vedette, seulement une actrice authentique à la façon de Signoret.



                      

Dans les années 70/80, elle est l'une des rares comédiennes dont le nom permet le montage financier d'un film. Elle entretient alors avec le public une relation privilégiée, tant elle est proche de chacun et incarne des personnages saisis dans la réalité de la vie quotidienne. André Cayatte la fait tourner dans  Mourir d'aimer  en 1971, parce que, dit-il : souffrir avec énergie lui va bien.  La zizanie  ( 1978 ) de Claude Zidi avec De Funès va clore la décennie fabuleuse d'Annie Girardot et avec elle s'éteint une forme de cinéma, en même temps qu'une certaine représentation de la femme à l'écran. Peu à peu, l'actrice tombe dans l'oubli, mais, heureusement, renoue avec le théâtre où elle sera Madame Marguerite à Paris et en province. Icône d'un être à jamais blessé, elle franchit les étapes du vieillissement avec plus ou moins de bonheur, bien qu'elle reste une grande figure du 7e Art, quelqu'un qui a su nous toucher au plus profond avec ce petit quelque chose de bancale, de déglingué qu'elle masquait avec pudeur sous des dehors faussement déterminés et  derrière cette voix inimitable au phrasé saccadé.

 


Annie a également publié trois ouvrages : Paroles de femmes en 1984, Vivre d'aimer en 1989 et  Ma vie contre la tienne, en hommage à sa mère en 1993, puis, nous avons eu le plaisir de la voir dans  Caché   (2003) de Michael Haneke et  Je préfère qu'on reste amis  (2004) de Jean-Paul Rouve. Atteinte de la maladie d'Alzheimer contre laquelle elle livra son dernier combat, elle nous a quittés le 28 février 2011, ayant à ses côtés sa fille et sa petite-fille.

 

Ses récompenses : Meilleure interprétation féminine en 1967 au New York Film critics Circle Awards pour le film Vivre pour vivre de Claude Lelouch.

Prix d'interprétation à la Mostra de Venise en 1965 pour le film  Trois chambres à Manhattan  de Marcel Carné.
Meilleure interprétation féminine en 1976 aux Césars pour le film Docteur Françoise Gailland de Jean-Louis Bertucelli.

Meilleure interprétation féminine en 1995 aux Césars pour le film Les Misérables de Claude Lelouch.
Prix de la meilleure interprétation féminine ( second rôle ) en 2002 aux Césars pour le film  La Pianiste  de Michael Haneke.

 

Pour consulter les articles de la rubrique ACTEURS DU 7e ART, cliquer  ICI

 

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ANNIE GIRARDOT
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commentaires

L
Une actrice complete, tantot drole, tantot bouleversante.
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D
C'était un peu comme une vieille copine qui aurait partagé nos années estudiantines tant on la voyait souvent sur l'écran noir de nos soirées désoeuvrées.
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B
Une comédienne extraordinaire qui nous a quitter. Je l'ai vu dans un grands nombre de films depuis ses deux dernières années (en dvd ou à la télévision) et j'avoue que je la trouvait brillante.<br /> Ton article lui rend un magnifique hommage.
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Q
Pour Palilia,<br /> <br /> <br /> Il me semble que c'est "la vieille fille" le film dont tu cherches le nom.<br /> <br /> A bientôt
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E
Une toute grande actrice. Je ne la vois jamais plus hélàs depuis que je vis aux USA, mais comment l'oublier, de toute façon!
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P
ah, merci pour la liste des films !Armelle, comment s'appelle ce film où elle jouait le rôle d'une femme célibataire avec une scène très marrante de retenue et de drôlerie sur la plage avec Philippe NOIRET où elle ne voulait pas expliquer pourquoi elle ne pouvait pas se baigner ?<br /> Ce n'était quand même pas la Cuisse de jupiter ?<br /> Ton portrait d'Annie Girardot est très juste.
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B
la GRANDE annieje suis encore ému de la façon dont l'actrice compose<br /> le role de Nadia (hier sur Arte, dans "Rocco");<br /> l'ensemble des acteurs est SENSATIONNEL (la mamma,<br /> Savatori, Delon,etc...). Mais la GIRARDOT : chapeau !!!!<br /> Et on voit avec régal Hanin et Cardinale).
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
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