Il y eut d'abord un minois, puis une silhouette, enfin une présence, qui, depuis Vacances romaines, habitait l'écran et allait peu à peu s'emparer de l'imaginaire de plusieurs générations de cinéphiles. Une femme que nous avons aimée non pour ce qu'elle représentait mais pour ce qu'elle était et qui, en vingt ans de carrière et vingt films, marquera la mémoire collective d'un souvenir étonnement prégnant. Audrey Hepburn était notre éternelle jeune fille, un être d'une grâce juvénile qui ployait, certes, mais ne rompait pas. Ceux qui l'ont approchée le confirme : elle était très professionnelle, très précise, forte dans sa vie et son travail et infiniment perfectionniste.
Audrey Kathleen Hepburn-Ruston était née le 4 mai 1929 à Bruxelles d'une riche baronne hollandaise Ella Van Heemstra et d'un rentier irlandais qui vont très vite divorcer. Elle sera mise en pension en Angleterre et ne verra plus son père qui n'usa jamais de son droit de visite. Cet abandon affecte profondément la sensibilité de la petite fille. Elle a dix ans lorsque la guerre se déclare et que sa mère, pensant la Hollande plus sûre, la fait rentrer d'Angleterre à Arnhem où elle va beaucoup souffrir des privations endurées par la population sous l'occupation allemande. Sa seule consolation sera la danse à laquelle elle se consacre avec passion, envisageant une carrière de ballerine. Les biens de sa mère ayant été confisqués par les Allemands, la baronne et sa fille se voient dans l'obligation d'accepter d'être prises en charge par l'aïeul, le père d'Ella qui les héberge dans sa propriété. Audrey saura se rendre utile et user de son droit de résistance en portant des messages fourrés dans des chaussettes ou des chaussures.
Dès 1944, elle participe également à la subsistance matérielle de sa famille en donnant des leçons privées de danse aux élèves les plus jeunes de son école. Après un hiver 44-45 terriblement dur, la Hollande est libérée pour les 16 ans d'Audrey, mais la jeune fille ne pèse alors que 45 kilos pour 1m71, souffre d'asthme, d'une jaunisse, d'anémie et d'autres maladies dues à la sous-alimentation. Sa santé en restera marquée pour le restant de ses jours. Elle continue toutefois la danse et commence à poser pour quelques photos de mode. C'est alors qu'elle auditionne pour une comédie musicale High Button Shoes où elle n'aura qu'une ligne de texte, mais cela suffit pour qu'elle soit remarquée et retenue pour participer à une pièce de théâtre et que son visage commence à être connu. Afin de s'améliorer, elle travaille, en plus de la danse, le chant et la diction. En 1951, elle obtient un rôle important dans The Secret People, puis dans Nous irons à Monte-Carlo. C'est à cette occasion qu'elle rencontre l'écrivain Colette qui voit en elle sa Gigi idéale. Elle interprétera le rôle à New-York avec succès et, à la suite de ces représentations, signera un contrat avec la Paramount pour être la princesse de Vacances romaines auprès de Grégory Peck. Sa carrière est lancée et le succès ne se démentira plus.
Le look d'Audrey devient une folie et sa coiffure sera copiée par des millions de femmes. Elle impose, en effet, une beauté radicalement autre que celles des stars habituelles d'Hollywood : si loin de la beauté sensuelle de Marilyn ou de Jane Russel, de celle glacée et lointaine de Greta Garbo ou encore de la cérébrale Katherine Hepburn. En 1953, elle tourne Sabrina de Billy Wilder et débute sa longue collaboration avec le couturier Hubert de Givenchy qui, dorénavant, l'habillera dans la plupart de ses films. L'année suivante, après avoir interprété l'Ondine de Giraudoux sur scène, elle épouse l'acteur Mel Ferrer de douze ans son aîné et déjà père de quatre enfants. Ils tourneront ensemble Guerre et Paix de King Vidor (1955), puis Audrey enchaîne avec Drôle de frimousse (1956) au côté de Fred Astaire. En 1957, Mel Ferrer et elle travaillent pour le téléfilm "Mayerling" qui sera un échec, si bien que l'actrice s'engage pour Au risque de se perdre qu'elle part tourner au Congo. Les prises de vue seront pénibles et fatigantes, mais le film n'obtiendra pas moins de huit Oscars, dont celui d'Audrey au titre de meilleure actrice. C'est certainement l'une de ses prestations les plus marquantes.
En 1960, après une grossesse difficile, elle donne naissance à son premier enfant Sean Ferrer baptisé à Lucerne par le même pasteur qui avait marié Audrey et Mel. Aussitôt après, l'actrice est à New-York pour Diamants sur canapé de Blake Edwards qui lui vaudra d'être de nouveau nommée aux Oscars, mais cette fois sans l'obtenir. En 1962, Audrey tourne Charade de Stanley Donen avec pour partenaire Cary Grant, film qui sera sa plus grande réussite au box-office. Succédera My Fair Lady (1964) de George Cukor et Seule dans la nuit (1967), produit par son mari Mel Ferrer, avec lequel l'entente n'est plus si cordiale. Audrey va épouser le docteur Andréa Dotti qu'elle a rencontré lors d'une croisière. Le couple s'installe à Rome et Audrey aura le bonheur d'avoir un second fils Luca, né le 8 février 70. Après s'être retirée un moment des studios, l'actrice finit par sortir de sa retraite pour La rose et la flèche (1976) auprès de Sean Connery. Divorcée d'avec Dotti, elle s'éloigne peu à peu du cinéma et consacre beaucoup de son temps à l'Unicef pour lequel elle est nommée ambassadrice, visitant les endroits les plus démunis de par le monde. De ce travail, elle dira : " On m'a donné le privilège de parler pour les enfants qui ne peuvent pas parler eux-mêmes, et ma tâche est facile car les enfants n'ont aucun ennemi politique. Sauver un enfant est une bénédiction ; en sauver un million est une occasion donnée de Dieu". Sa dernière apparition à l'écran aura lieu en 1989 dans un film de Steven Spielberg : Pour toujours, où elle tient le rôle d'un ange. En 1992, opérée d'un cancer du colon, elle souhaite retourner dans sa maison "La paisible" où elle a vécu les plus beaux moments de sa vie familiale avec ses enfants et sa mère. Elle s'y éteint paisiblement le 20 janvier 1993, quatre mois avant son 64e anniversaire. Depuis lors, son élégance et sa grâce n'ont cessé de nous manquer.
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