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9 juillet 2006 7 09 /07 /juillet /2006 09:52
AUTANT EN EMPORTE LE VENT de VICTOR FLEMING

  

S'il est un film en tous points fidèle à un roman, c'est bien celui-ci. Margaret Mitchell n'a pas été trahie. L'histoire du tournage fut une épopée presque aussi riche en épisodes et rebondissements que celle relatée par la romancière. Avant même sa publication, l'ouvrage faisait l'objet de diverses spéculations, bien que la guerre de Sécession ait eu la renommée de n'être guère prisée du public. Et on le comprend : une guerre fratricide qui avait mis à feu et à sang le sud des Etats-Unis et avait vu les hommes d'un même pays se tuer sauvagement pour des idées, au lieu de tenter de s'écouter et de se comprendre... Le roman sortit le 30 juin 1936. Le 30 juillet, Margaret Mitchell signait le contrat de cession des droits cinématographiques de son livre - qui se révéla être, dès les premières semaines de sa mise en vente,  un incroyable succès de librairie - à David Seilznick qui les acquit pour la somme de 50 000 dollars et confia, sans plus tarder, la mise en scène à Georges Cukor et l'écriture du scénario à Sidney Howard. C'est donc Cukor qui fut chargé du travail de défrichage, longue élaboration qui nécessita des centaines de peintures d'atmosphère pour donner le ton du futur film. Dans le même temps, Seilznick cherchait sa Scarlett O'Hara, ce qui ne fut pas une mince affaire. Pas moins de 1400 candidates furent auditionnées. Paulette Goddard et Katherine Hepburn furent retenues et demeurèrent longtemps les favorites. Le personnage de Rhett Butler posa un problème différent. En écrivant son livre, Margaret Mitchell  pensait déjà à Clark Gable, mais il était sous contrat avec Louis B. Meyer et Selznick n'envisageait pas de se ruiner pour l'avoir dans sa distribution. Mais la pression populaire fut si forte, qu'il finit pas céder, et accepta de sortir les sommes astronomiques que nécessitait la rupture du contrat avec Meyer. Gable engagé, il restait toujours à trouver la Scarlett O'Hara idéale, au risque que la presse et le public, qui suivaient les négociations du film avec curiosité, ne croient Selznick incapable de mener à bien son projet.

 

 

On commence à tourner les scènes de l'incendie d'Atlanta alors que la vedette principale n'a pas encore été choisie. C'est le frère de David Seilznick qui lui présenta Vivien Leigh, de passage à Hollywood avec son mari Laurence Olivier. Seilznick fut séduit d'emblée, mais la presse se déchaîna contre cette anglaise qui entendait incarner une femme de la Louisiane traditionnelle. Enfin les rumeurs  faiblirent et le tournage put commencer. C'est à ce moment que Cukor quitta le plateau brusquement, en total désaccord avec Gable et au grand dam de Vivien Leigh et d'Olivia de Havilland qui appréciaient ce parfait directeur d'actrices. Clark Gable insista pour que Victor Fleming prenne la suite avec deux acolytes : Sam Wood et William Cameron Menzies. Le 1er juillet 1939, le film était en boîte après 125 jours de tournage et la première avait lieu à Atlanta le 15 décembre 1939, suscitant un enthousiasme spectaculaire. Sans doute est-ce la personnalité hors du commun de Seilznick, âgé seulement de 37 ans, qui contribua à apaiser les différends innombrables qui agitèrent le tournage et le rendirent pour le moins tumultueux. Certaines scènes nécessitèrent cinq à six versions différentes. Cependant, soixante ans après sa réalisation, Autant en emporte le vent  reste un exemple du savoir-faire hollywoodien et de la parfaite transposition d'un roman en film. Il est également une des rares évocations de l'époque de la guerre de Sécession, dont il a su rendre le climat, évoquant l'inconscience des Sudistes qui croyaient, à tort, être rapidement vainqueurs des Nordistes, sans cacher  sa nostalgie pour ces officiers vêtus de gris et ce Sud brutalement ravagé, humilié, incendié, pillé et livré aux soudards, si bien que nombreux sont ceux qui, aujourd'hui, jugent que le film fait la part trop belle à un camp plutôt qu'à un autre. La complexité de la situation ne permettait pas alors le recul nécessaire pour une impartialité de bon aloi et l'auteur était une femme du sud.
 

                       

Aux malentendus dramatiques que la guerre avait déclenchés, aux haines brutales et soudaines s'ajoutent dans le film, comme dans le roman, les incompréhensions affectives des quatre héros : Scarlett, Rhett, Mélanie et Ashley, chacun se perdant dans les méandres de sentiments trompeurs. Alors que Scarlett et Rhett sont, à l'évidence, faits l'un pour l'autre, ils ne cesseront de se déchirer et de se perdre. Ainsi en emporte le vent de nos erreurs, de nos contradictions, de nos doutes, de nos illusions, de nos aveuglements. Seule la terre dure et c'est à elle que Scarlett se raccrochera à la fin de l'opus, à cette terre rouge de Tara qui l'a vu naître et qui a vu naître et mourir ses ancêtres. " La terre est l'unique chose dans ce monde qui mérite que l'on travaille pour elle, que l'on se batte pour elle, que l'on meure pour elle parce que c'est l'unique chose qui demeure" -  lui dit son père au début du film, alors qu'elle est en proie au désespoir que lui inspire le prochain mariage d'Ashley, l'homme qu'elle croit aimer. Face à un Clark Gable au sommet de sa carrière, la jeune Vivien Leigh se révélera inoubliable dans le rôle emblématique de Scarlett O'Hara et l'Oscar, qui couronnera son interprétation, sera, ô combien, mérité. Ce film fut d'ailleurs couvert d'oscars, celui de la meilleure interprétation d'un second rôle revenant à la merveilleuse Hattie Mc Daniel dans celui de Mammy. Ce film, dont le coût de production paraissait faramineux en 1939 - 4.000.000 dollars - en rapportera 20.000.000 durant son exclusivité. Il reste un monument du cinéma, un film qui, tout ensemble, nous propose un panorama saisissant de l'époque de la guerre de Sécession et une subtile analyse des rapports entre une femme fière et un monde d'hommes, passant, sans la moindre rupture, de la fresque historique à la peinture intimiste des sentiments. Autant en emporte le vent.
 


Pour lire l'article consacré à Vivien Leigh, cliquer sur son titre :   VIVIEN LEIGH

 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN, cliquer sur le lien ci-dessous :

 


LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN

 

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commentaires

D
Bonjour Armelle, malgré que j'aime beaucoup le film, je ne pense pas que je le reverrai ce soir surtout en VF. Le couple Gable/Leigh inoubliable et j'ai une pensée pour Olivia de Haviland qui a fêté ses 101 ans en juillet dernier. Et en plus, elle vit à Paris. Bonne soirée.
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K
Ah, "Autant en emporte le vent" ! J'avais commencé à lire le livre, mais n'étant pas trop portée sur la lecture, je me suis rapidement découragée :D<br /> <br /> Sinon, par rapport à la centaine de pages que j'ai tout de même réussi à lire, le film m'a semblé effectivement très fidèle, comme tu le dis d'ailleurs très bien dans ta belle analyse. Ce qui m'a frappée en voyant ce film pour la première fois, c'est que Vivien Leigh correspond en tous points à la Scarlett que l'on s'imagine en feuilletant le bouquin. Elle a su donner vie à cette héroïne au fort caractère, et c'est tout simplement prodigieux. Mais Clark Gable est lui aussi très convaincant en Rhett Butler.<br /> <br /> Un film qui a 70 ans cette année et qui pourtant, ne vieillit pas.
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  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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