Eté 1980. Barbara est chirurgien-pédiatre dans un hôpital de Berlin-Est. Soupçonnée de vouloir passer à l’Ouest, elle est mutée par les autorités dans une clinique de province, au milieu de nulle part. Tandis que son amant Jörg, qui vit à l’Ouest, prépare son évasion, Barbara est troublée par l’attention que lui porte André, le médecin-chef de l’hôpital. La confiance professionnelle qu’il lui accorde, ses attentions, son sourire... Est-il amoureux d’elle ? Est-il chargé de l’espionner ? D'autre part, le malheur de la population ne peut en aucun cas la laisser indifférente. Dans ce monde clos où chacun espionne chacun, quelle place va-t-elle parvenir à trouver pour survivre ? Ce n'est pas sans raison, que l'affiche nous la montre de dos, car véritablement Barbara se trouve, dès le début de l'histoire, le dos au mur. Cette nouvelle vie, au fin fond d'une sinistre province, est-elle ou non acceptable ? Emmurée dans son silence et son opposition, comment parviendra-t-elle à conserver sa dignité , comment échappera-t-elle à la lente érosion de l'ennui et de la solitude ?
Sobre, dépouillé à l'extrême, ce quatuor à cordes, où chacun des personnages joue en permanence sur la plus sensible, est un moment à part dans la production actuelle. Centré sur le personnage de Barbara, admirablement campé par Nina Hoss impénétrable à souhait, cet opus montre, à travers les faits et gestes de l'héroïne, le lent cheminement qui va la conduire à renoncer à son projet initial pour emprunter une tout autre voie. Celle-ci se révèlera plus conforme aux convictions intérieures que cette expérience douloureuse n'a pu manquer de lui inspirer. Ainsi le malheur des autres peut-il engendrer une forme de résistance et d'apaisement intérieur. En offrant sa compassion généreuse à des êtres en proie au désespoir, Barbara fait basculer sa propre existence et s'engage sur le chemin inverse de celui prévu avec son amant. La désespérance, que ne cesse de générer un régime totalitaire pervers et inhumain, provoque en elle un sursaut d'humanité. C'est le mal environnant qui lui fait choisir le bien qu'elle dispensera en soignant, en étant présente, et c'est ce désert de l'âme qui parvient à lui inspirer des actes de pur désintéressement et de fraternité profonde. Un film original de par son thème, sa mise en scène ponctuelle, sa lenteur calculée, sa réflexion entre la fuite et la résistance, entre le désir de vivre et celui de s'accomplir. A noter également la présence physique très forte de l'acteur Ronald Zehrfeld, formidable dans le rôle du médecin-chef André qui conserve jusqu'à la fin son mystère et son ambiguïté.
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