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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 09:17
BLACK SWAN de DARREN ARONOFSKY

        
Il est regrettable - et il faut le déplorer - que les Américains  mettent plus de talent à promouvoir leurs films qu'à les réaliser. Ce fut le cas d'Avatar, d'Inception et Black Swan souffre également d'avoir été porté au pinacle et annoncé comme un chef-d'oeuvre avant sa sortie en salles. Le danger est que le spectateur, facilement manipulable et toujours bien disposé à s'enthousiasmer, attend trop d'une oeuvre qui, après projection, se trouve réduite malheureusement à ses dimensions réelles, autrement plus modestes. Enseignée par l'expérience, je me rendais hier, à la séance de 17 heures, sans à-priori, mais sans empathie excessive. Je me méfie trop des engouements en aval pour privilégier davantage ceux en amont qui me paraissaient d'ailleurs, à la lecture de nombreuses critiques, plus modérés. Et c'est, en effet, un jugement modéré que m'inspire ce long métrage de Darren Aronofsky et également le regret que le sujet, en lui-même séduisant et porteur, tiré du livre de Andres Heinz, n'ait pas été abordé de façon plus fine, plus subtile et plus artistique. Traitant de l'art de la chorégraphie et de la danse, c'est-à-dire de l'expression la plus évanescente de la beauté, ce film pèche par manque d'art. Si les difficultés de la discipline sont bien rendues, si la férocité du milieu est soulignée à traits vifs et crédibles, le parcours psychologique de l'héroïne, interprétée par la jolie Natalie Portman, sombre dans un pathos dont les ficelles sont aussi grossières que des câbles. Là, où il aurait fallu suggérer d'une caméra légère afin de mieux persuader les spectateurs des dilemmes, des refoulements, des angoisses de Nina, de ses fantasmes aussi, c'est le catalogue complet des déviances de notre société et de son mal-être que l'on nous sert et nous inflige à grand renfort d'hémoglobine : castration, mutilation, obsession, masturbation, tout y passe dans un délire psychotique et schizophrène pénible. Oui, vraiment ... too much.



Et pourtant, il aurait fallu peu de choses pour que le film soit une grande réussite : plus de modestie d'abord, un style moins agressif et grandiloquent, une caméra plus subjective, plus poétique, plus délicate, plus habile à aller à l'essentiel que de rester à sa surface, de fouiller les coeurs que d'en étaler les ravages. Dommage, car les acteurs sont tous excellents, que le rythme est bon et que la caméra à l'épaule ne m'a pas gênée, car elle saisit fort bien les scènes de répétitions, les danseurs au travail, la présence toute puissante du maître conduisant son corps de ballet ou bien les moments plus intimes où Nina se retrouve avec sa mère. Mais voilà, à vouloir trop démontrer, à privilégier exagérément le pathétique, on brouille les cartes, on étouffe l'émotion et on ne laisse dans la mémoire du spectateur qu'une image écornée.

 

Pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN

 

 

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BLACK SWAN de DARREN ARONOFSKY
BLACK SWAN de DARREN ARONOFSKY
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commentaires

M
Je l'ai vu chez des amis en dvd. Tous ont aimé. J'ai détesté. Tout à fait de votre avis : à force de trop vouloir démontrer, on ne démontre plus rien.
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E
Bien d'accord avec cette critique. J'ai même abandonné peu avant la fin, craignant le "grand final guignolesque" que les Américains adorent. Au début j'ai aimé puis en effet, c'était tellement lourd que ça me semblait une promenade à l'asile, avec hurlements en fond. Black Hole serait plus approprié ;-)
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E
Pour moi:assez pénible somme toute.
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N
j'ai été déçue par ce film - comme vous, armelle, j'ai eu une impression de "too much"
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E
Je me souviens que même aux USA les critiques sérieux déploraient les mêmes lacunes....
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D
Bonsoir Armelle, dommage que le film ne soit pas à la hauteur des affiches qui sont sublimes. Bonne soirée.
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A
Je pense que cela est tout à fait vrai. En effet, il est impossible à une actrice, même si elle a pratiqué la danse petite fille et jeune fille, de pouvoir, à l'âge de 28/30 ans, après une dizaine d'années sans pratique journalière, parvenir à exécuter, ne serait-ce que quelques passages du "Lac des cygnes", extrêmement difficile sur le plan technique. C'est une question de pied. Un pied de danseuse, qui stoppe l'entraînement pendant plusieurs années, ne peut plus faire de pointes. On peut garder de la grâce et de la souplesse, mais les pointes, c'est fini. Je le sais, pour avoir repris la danse au même âge que Natalie, après une dizaine d'années d'arrêt. Je me faisais plaisir... sur demi pointes.<br /> Si on pouvait danser presqu'à l'égale d'une étoile avec quelques mois d'entrainement, même intensif, cela se saurait.
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E
Je suis bien de votre avis sur la critique du film, je ne l'ai pas aimé, pas trouvé à la hauteur de toute la promo tabageuse.<br /> C'est effectivement un sujet très fort et intéressant qui aurait mérité d'être traité avec plus de finesse quand ça touche la psychologie des personnes, leur âme, sans nul besoin d'étalage de vulgarité qui en fin de compte dessert le film. C'est vrai aussi que les acteurs sont excellents, ça aurait pu être un très beau film, si une sensualité toute suggestive avait remplacé l'étalage de sexualité à l'état brut qui banalise l'histoire, et gomme toute l'émotion que pouvait susciter un tel sujet.
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D
J'ai aimé cette critique, plus subtile que ne le semble le film, merci Armelle. Je ne peux que vous encourager à aller voir le site de Yara Kupper, belle, mystérieuse et aérienne comme sa danse. Je pense que vous aimerez.
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B
Un très bon film. Il faut dire que j'aime beaucoup le style d'Aronofsky et l'interprétation des comédien(ne)s est tout simplement parfaite et pleine de conviction.
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  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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