Ce sera, à n'en pas douter, un des succès de l'été : 700 000 entrées minimum, le million si l'été est pourri dans le Finistère et alentour. Bowling emprunte aux Ch'tis son caractère régionaliste, son hyper-localisation : Carhaix, patrie des Vieilles Charrues. Mais qui est donc l'auteur, cette Marie-Castille Mention-Schaar ? Une ancienne productrice passée à la réalisation et qui est l'unique cinéaste français(e ) à avoir sorti deux films cette année : - Ma première fois - qui était aussi la sienne - en janvier et, bien entendu, Bowling en juillet. Ce n'est pas lui faire offense de dire que Bowling, co-écrit avec un autre ex-producteur, Jean-Marie Duprez, est d'abord un coup de production. Un soupçon de comédie sociale à l'anglaise et le récit de l'épanouissement tardif d'une bourgeoise parisienne (Catherine Frot en DRH délaissée par son odieux époux) ; en quelque sorte la province contre la capitale avec dialogues en breton et deux vedettes qu'on ne taxera pas de parisianisme abusif : Mathilde Seigner et Catherine Frot. Le scénario a certes été bâclé à la hâte et la mise en images n'est guère inspirée. Si ce n'est pas tout à fait un nanar, c'est, en tous les cas, un symptôme : le nouveau cinéma moyen français n'a d'autre mission que de divertir. Et il y parvient, parce que l'histoire a un bon goût d'humanisme tout terrain et que les actrices se donnent un mal fou pour tirer vers le haut une bluette sociale pleine de bons sentiments et de maladresses. Que les jeunes cinéastes aillent voir ailleurs, ce n'est pas ici qu'ils trouveront des idées et des innovations, un style et du panache. Mais c'est tout plein gentil, on ne s'ennuie pas vraiment, et je le répète les quatre rôles principaux sont tenus par des personnes charismatiques ; Catherine Frot arriverait à me faire sourire ou à me toucher en me racontant l'accouchement de sa soeur et on connait la présence d'une Mathilde Seigner qui, dans le personnage d'une sage-femme au fort caractère, n'a pas même besoin d'en rajouter : un froncement de sourcil, un sourire, tout est dit.
Que je vous raconte néanmoins l'histoire puisqu'il y en a une et qu'elle est même tirée d'un fait divers : la maternité de l'hôpital de Carhaix, au coeur de la Bretagne, est en péril. Si bien que lorsque la DRH chargée de restructurer les services débarque dans la petite ville, elle est accueillie comme un chien au milieu d'un jeu de quille. Et ce n'est pas là un jeu de mots puisque le sport local n'est autre, en effet, que le bowling. Malgré l'hostilité ambiante, Catherine la parisienne va découvrir les charmes de la vie provinciale. Elle, qui est cruellement privée d'affection conjugale auprès d'un mari collectionneur qui n'a d'yeux que pour ses statues en ferronnerie et en plâtre, va parvenir à s'intégrer à son nouvel environnement en se familiarisant avec le bowling, loisir qui passionne ses collègues et, ce, d'autant plus que les compétitions entre villes bretonnes approchent. N'est-ce pas le meilleur moyen pour Carhaix d'attirer l'attention de la presse locale et de faire parler d'elle et la façon la plus astucieuse pour Catherine de se faire accepter de son entourage ? Si bien que l'esprit d'équipe qui unit les quatre femmes sur les pistes va également les réunir dans la lutte qu'elles entendent mener pour sauver la maternité. Tout cela est extrêmement sympathique, plein d'énergie et de bonne humeur, il y a même quelques jolis paysages de Bretagne qui défilent sur l'écran et le quatuor est irrésistible, en connivence parfaite avec les personnages représentés qui, sans nul doute, ont été écrits sur mesure pour elles au point de juger inutile de changer les prénoms. Au final - et afin que la philosophie ait toujours le dernier mot - il arrive que de simples quilles, une fois unies, renversent les montagnes. A bon entendeur salut, nous sommes en plein positif.
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