Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 décembre 2007 2 18 /12 /décembre /2007 10:54
RIO BRAVO de HOWARD HAWKS

                                                                                        

Rio Bravo est sans doute le film le plus connu de Howard Hawks, au point que cette oeuvre bénéficie d'un statut quasi mythique, celui du dernier western classique où le réalisateur s'est plu à approfondir les sujets qui lui étaient les plus chers (comme le fit également John Ford en son temps) : humour,  rebondissements de l'intrigue et attention particulière consacrée aux traits de caractère de chacun des personnages. Pour raconter une fois encore l'histoire d'un petit groupe aux prises avec un ennemi plus fort en nombre, scénario qui reprend en l'inversant celui de Le train sifflera trois fois, Howard Hawks a choisi de promouvoir un thème fédérateur, celui de l'avènement d'un ordre politique défini comme juste, parce qu'il prend en charge l'émancipation des faibles. Nous sommes donc loin des premiers westerns dont l'ambition n'était autre que de chanter les louanges de l'Etat Américain et de l'instituer dans la plénitude d'une épopée grandiose qui s'apparentait à la légende. Si bien que les 141 minutes de ce long métrage seront utilisées au mieux par un cinéaste qui sait user de toutes les ressources de son art.



Joe Burdette, homme autoritaire et coléreux abat un homme dans un saloon et est arrêté par le shérif Chance (John Wayne) qui va se battre pour empêcher que le frère de Joe ne parvienne à le libérer, grâce à sa puissante influence sur la région. Combat pour le droit, pour la morale, que le shérif entend mener au prix des risques que lui et les siens vont encourir. C'est donc a un noble affrontement auquel nous sommes conviés et, à travers lui, à la réhabilitation de Dude (Dean Martin), l'adjoint du shérif qui a sombré dans l'alcoolisme à la suite d'une déception amoureuse. Au final, ceux qui gagnent ne seront ni les plus forts, ni les meilleurs, mais des hommes capables de se remettre en cause et d'évoluer. Et il est vrai que nous n'assistons pas à un combat classique avec d'un côté les puissants, de l'autre les faibles, mais entre ceux qui ont à coeur de s'améliorer en vue du bien commun et ceux qui n'entendent servir que leurs intérêts et ne modifier en rien leurs sinistres habitudes. Cela est particulièrement vrai pour Dude qui est tombé si bas qu'il n'est plus qu'une épave humaine mais parviendra à se relever, grâce à son engagement pour une juste cause. Hawks a réellement mis l'accent sur l'aspect psychologique des personnages et ramassé son action en trois journées, n'utilisant guère les paysages extérieurs mais en faisant de Rio Bravo un quasi huit-clos. De même qu'il se plait à nous dépeindre des êtres sans volonté, redonnant vie aux perdants.

                                                                              

L'apport de Jules Furthman comme scénariste donne à l'intrigue une incontestable vigueur. Alors qu'à prime abord les personnages pourraient apparaître comme appartenant à la convention westernienne : le valeureux shérif, l'adjoint alcoolique, le jeune cow-boy plein de fougue, la femme de mauvaise vie au grand coeur -et que le décor est, pour sa part, tout aussi conventionnel : une ville provinciale (Old Tucson en Arizona) avec ses saloons, sa place, son hôtel, sa prison, sa grande-rue - autant d'éléments vus à de multiples reprises - Hawks saura les transcender superbement et de manière exemplaire, renouvelant le style du western et lui apportant une dimension originale et personnelle. Ainsi les rapports qui s'établissent entre Chance et Colorado (Ricky Nelson), le jeune cow-boy décidé à venger la mort de son patron et qui offre ses services au shérif,  ne sont pas les mêmes que ceux de John Wayne et de Montgomery Clift dans La rivière rouge (lire ma critique en cliquant  ICI), pas plus que Feathers, sublimement interprétée par la belle Angie Dickinson dont c'était là le premier grand rôle, ne rappelle les héroïnes précédentes de Hawks :Louise Brooks, Lauren Bacall,  Joanne Dru, car elle possède son individualité propre. On verra également dans ce film que les rapports homme/femme s'équilibrent et Feathers prendra dans certaines occasions le dessus sur Chance, particulièrement lors d'un dialogue éblouissant où elle impose sa volonté face à son partenaire sans doute déstabilisé par son amour pour elle.


" J'ai eu l'idée de Rio Bravo - dira Hawks - parce que je n'aimais pas un film intitulé High Noon ( Le train sifflera trois fois - lire ma critique en cliquant ICI). Pour moi un bon shérif ne se mettait pas à courir la ville, comme un poulet dont on a coupé la tête en demandant de l'aide ; et pour couronner le tout, c'est finalement sa femme quaker qui devait le sauver. Ce n'est pas comme ça que je vois un bon shérif de western. Un bon shérif se retournerait en demandant : " Est-ce que vous êtes à la hauteur ? Est-ce que vous êtes suffisamment à la hauteur pour prendre le meilleur sur les hommes ? " Le type répondrait probablement que non et le shérif ajouterait : " Eh bien, en plus, il me faudrait vous prendre en charge ".



Howard Hawks s'inspirera lui-même de Rio Bravo en réalisant par la suite El Dorado et Rio Lobo. Dean Martin fait ici l'une de ses prestations les plus fameuses, John Wayne est égal à lui-même dans le rôle du patriarche qui représente l'honneur et la force et les seconds rôles sont tous excellents. Un film qui fut salué, à sa sortie, par une critique unanime comme un chef-d'oeuvre. Et le demeure.

 

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN, cliquer sur le lien ci-dessous :

 


 

LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN  

 


 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

C
<br /> Un de mes films de chevet !<br /> <br /> <br />
Répondre
N
<br /> Réalisé de mains de maître par Howard Hawks, se western restera toujours une grande référence du genre etprobablement l'un des meilleurs films de son metteur en scène. Indémodable et inoubliable.<br /> <br /> <br />
Répondre
E
RédemptionFilm classique,au panthéon,à mon avis mérité.Le plus fort de Rio Bravo est à mon avis la rédemption de Dude mais il ya plein d'autres choses,la musique au loin,l'attaque finale,les quatre héros,le jeunot,le papy,le soilide et l'instable.Toute notre vie aussi...
Répondre
T
Un western surcôté ?J'avoue que si j'ai adoré, enfant et adolescent, ce western, je le trouve un peu moins à mon goût, aujourd'hui, certainement parce que j'ai plus d'éléments de comparaison. Je trouve la forme très classique, le film un peu longuet et verbeux, de même, le méchant, Claude Atkins manque un peu d'épaisseur pour être bien crédible. Dans le même style, je préfère nettement Le dernier train pour Gun Hill, avec l'affrontement Kirk Douglas//Anthony Quinn, qui me semble un peu plus complexe et riche que Rio Bravo ou alors le magnifique Homme des vallées perdues, où Shane//Alan Ladd affrontera le terrible Jack Palance !<br /> J'aime beaucoup John Wayne, mais je préfère, et de loin, La prisonnière du désert !<br /> En bref, je n'arrive pas trop à comprendre pourquoi ce western très classique, qui se laisse voir sans problème, est devenu culte ! Un mystère !
Répondre
S
Et oui, l'un des plus grands westerns américains. Rio Bravo se revoit avec autant de plaisir et d'admiration.
Répondre

Présentation

  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
  • Contact

Profil

  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

Stanley Kubrick

 

 

ET SI VOUS PREFEREZ L'EVASION PAR LES MOTS, LA LITTERATURE ET LES VOYAGES, RENDEZ-VOUS SUR MON AUTRE BLOG :  INTERLIGNE

 

poesie-est-lendroit-silence-michel-camus-L-1 

 

Les derniers films vus et critiqués : 
 
  yves-saint-laurent-le-film-de-jalil-lespert (1) PHILOMENA UK POSTER STEVE COOGAN JUDI DENCH (1) un-max-boublil-pret-a-tout-dans-la-comedie-romantique-de-ni

Mes coups de coeur    

 

4-e-toiles


affiche-I-Wish-225x300

   

 

The-Artist-MIchel-Hazanavicius

 

Million Dollar Baby French front 

 

5-etoiles

 

critique-la-grande-illusion-renoir4

 

claudiaotguepard 

 

affiche-pouses-et-concubines 

 

 

MES FESTIVALS

 


12e-festival-film-asiatique-deauville-L-1

 

 13e-FFA-20111

 

deauville-copie-1 


15-festival-du-film-asiatique-de-deauville

 

 

Recherche