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28 mars 2008 5 28 /03 /mars /2008 10:42
CLINT EASTWOOD - PORTRAIT

                                                              

Un nom qui signe une carrière prolifique et bénéficie d'une aura internationale, qui se conjugue aussi bien sur le plan de l'interprétation que de la réalisation de films. Né le 31 mai 1930 à San Francisco, Clint Eastwood fit son apprentissage d'acteur à la  firme Universal avec laquelle il signa l'un des derniers contrats de salarié proposé par les studios. Alors qu'il semble confiné dans les seconds rôles et des séries comme Rawhide, Sergio Leone va lui donner l'occasion de révéler son talent d'interprète en le faisant tourner successivement dans trois longs métrages : "Pour une poignée de dollars" (1964),  "Et pour quelques dollars de plus " (1965) et surtout dans  "Le bon, la brute et le truand" (1966), le chef-d'oeuvre que l'on sait. De retour aux Etats-Unis, Clint va fonder sa propre société, Malpaso, et entamer une fructueuse association avec Don Siegel, d'où sortiront notamment "Les proies" (1970) et le premier volet de la saga de l'inspecteur Harry. C'est en 1971, après trois collaborations fructueuses avec Siegel, que Eastwood décide de faire cavalier seul en tournant son premier film "Un frisson dans la nuit", où il démontre un incontestable talent pour la mise en scène épurée et terriblement efficace. Grâce à la réussite de la série de l'Inspecteur Harry, créée conjointement avec Siegel, qui a eu le mérite de le propulser au hit-parade du Box-Office au même niveau qu'un Robert Redford et un Al Pacino, Clint a désormais les moyens de financer des projets plus personnels, des films en demi-teinte souvent emplis d'émotion. Un auteur est né dont les capacités ne vont cesser de s'affirmer, réalisant une oeuvre où il analyse cliniquement l'Amérique en diversifiant les genres : drame, polar, western, film noir. Le réalisateur sait habilement utiliser tous les outils mis à sa disposition pour offrir sa propre vision de la société : des services de santé à la conquête spatiale, de la corruption politique à l'homosexualité, jetant un regard toujours humain, mais sans complaisance, sur les problèmes qui se posent à son pays. Rien ne laisse indifférent cet esprit curieux, qui veille à se forger sa propre opinion et à ne pas se laisser influencer par les modes. Certains critiques verront en lui un héritier de John Ford et salueront ce fils spirituel des grands maîtres de l'âge d'or d'Hollywood.
 


En 1992, il obtient l'Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur pour "Impitoyable" (Unforgiven), western sombre dédié à Don Siegel et Sergio Leone, ses deux pygmalions. Grand film que celui-ci sur la violence et la rédemption qui clôt définitivement le genre et semble achever une époque de sa propre vie. En effet, dans les films qui vont suivre, il semble que Clint prenne du recul et de la hauteur et cède à une inspiration plus apaisée, nous peignant des héros qui, en avançant en âge, ont opté pour la sagesse, sans être pour autant fades ou conventionnels. Ce sera, entre autre, la magnifique réalisation de "Sur la route de Madison" (1994), l'une des plus belles histoires d'amour portée à l'écran, avec une finesse et une sensibilité rares. Tout en retenue, en regards et frôlements, Clint face à Meryl Streep  nous dévoile une passion mâture d'une poignante intensité. Ainsi en une vingtaine d'oeuvres, ce soi-disant réactionnaire aura tout abordé, du plaidoyer contre la peine de mort "Jugé coupable" aux préjugés dont souffre un riche homosexuel "Minuit dans le jardin du bien et du mal " jusqu'aux frasques sexuelles d'un président  "Les pleins pouvoirs", il analyse avec intelligence et acuité les symptômes propres à une civilisation en train de traverser de dangereuses turbulences, dessinant un portrait réaliste de son pays, sans se laisser aller au défaitisme. Car si Clint redoute l'opinion de masse, il garde confiance dans les contre-pouvoirs et fait passer sur l'écran un souffle puissant inspiré de son idéal et de sa conviction qu'il y a toujours un sursaut possible pour retrouver les valeurs basiques et construire plutôt que détruire. En 2003, "Mystic River", intrigue puissante à la texture complexe s'accompagne d'une réalisation classique et épurée qui fait de cet opus l'un de ses meilleurs films, de même  que "Million Dollar Baby", deux ans plus tard, lui mérite une nouvelle consécration en remportant, douze ans après "Impitoyable", l'Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur, tandis que Hilary Swank, son personnage central, repart avec la statuette de la meilleure actrice et Morgan Freeman celle du meilleur second rôle masculin. 
 
              


Acteur et réalisateur de premier plan, Clint Eastwood jouit aujourd'hui d'un statut particulier dans l'univers cinématographique, celui d'un homme fort et humain, d'un conteur hors pair qui sait mieux que quiconque mettre son talent exigeant au service de thèmes graves et actuels, tous abordés avec la même audace et le même souci d'impartialité, composant une belle oeuvre de réflexion sur les grandeurs et misères de notre temps. Il incarne d'autre part, à la perfection, ce qu'un certain cinéma hollywoodien est en mesure de faire : mise en scène dynamique, gravité du propos sous l'apparence d'une production de genre à la finalité spectaculaire. Son dernier opus " American sniper", qui crée polémique, compte déjà comme un des films marquants de l'année 2015 et fait salles combles aux Etast-Unis. Bien qu'âgé de 85 ans, Eastwood regarde toujours notre monde avec la soif inassouvie d'en déchiffrer la complexité profonde.

 

Pour lire les articles de la rubrique consacrée aux réalisateurs, cliquer sur son titre :


LISTE DES ARTICLES - REALISATEURS du 7e ART

 

Et pour accéder à mes critiques des films de Clint Eastwood, comme Sur la route de Madison, L'homme des hautes plaines,  L'échange, Gran Torino,  Au-delàE. Edgar, Million Dollar Baby, Pale Rider, cliquer sur le lien ci-dessous :     

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN

 

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CLINT EASTWOOD - PORTRAIT
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commentaires

A
Bonjour Armelle, en réponse à votre commentaire et suite à cet article sur C. Eastwood, je comprends tout à fait votre réticence pour aller voir son dernier film. Je peux vous l'avouer, j'ai pensé à vous pendant la séance et me demandais ce que vous en penseriez. Tant de violence, de morts, et tout ça pour le résultat que l'on connait aujourd'hui. Non merci. Trop c'est trop, d'autant plus dommageable qu'un homme de sa trempe se soit engouffrée dans un tel projet. À bientôt chère Armelle, je m'accorde quelques jours de "vacances" sous des mètres de neige qui bloquent tout. Mais au moins j'ai le plaisir de savourer le silence et ma musique. Et loin de mon blog qui visiblement subit quelques bugs venant d'overblog. J'ai par ailleurs eu toutes les difficultés possibles pour vous envoyer ce message.
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A
Oui, la neige ne vous épargne pas dans les Pyrénées. C'est sans doute trop... Mais les paysages, si le soleil revient, vont être fabuleux. Reposez-vous et à très bientôt.
S
Formidable acteur et réalisateur talentueux. Toujours très curieuse de découvrir ses films. Il a su mûrir en nous étonnant et en se renouvelant sans cesse.
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B
Chacun de ses films est un évènement à ne pas manquer. eastwood sait insuffler à chacun de ses films une énrgie attractive et un charme certain; il sait toujours tirer le meilleur partie de ses comédiens et je garde toujours un bon souvenir de la découverte d'une de ses oeuvres et que chacune, même les plus mineure, détiennent une place cher dans mon coeur; Un cinéaste qui n'arrête pas de me surprendre.
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T
Un des plus grands cinéastes vivants. Tant de films, avec une régularité remarquable dans l'excellence...
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B
Un éxellent article illustrant à merveille l'un des mes metteurs en scènes préférés!
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K
Peu de réalisateurs (et d'acteurs !) peuvent se vanter d'avoir su tourner leur image en dérision tout en faisant preuve d'une étonnante maturité avec le temps. Clint Eastwood, lui, a réussi avec le brio qu'on le sait. Ce qui fait naturellement de lui l'un des maîtres du 7e Art.
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K
une fois de plus je suis tout à fait d'accorde avec cet article présentant un Dieu vivant du cinéma monseigneur sa sainteté Clint Eastwood<br /> Un artiste complet au talent incroyable qui aura incontestablement marqué le cinéma de son empreinte<br /> ce qui me subjugue le plus chez lui c'est sa longévité et l'évolution dont il a fait preuve, sa capacité à se renouveler. Comment passer de l'action primitive des Sergio Leone à l'humanisme d'un "million dollar baby" ?<br /> Un modèle à suivre pour tout fan de cinéma !
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B
Clint Eastwood est un des derniers géant de l'histoire du cinéma. Un de mes comédiens préféré dont je ne me lasse pas de voir les films. Je vais d'ailleurs en parler dans mon blog, prochainement.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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