Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
Le Dernier Empereur, réalisé en 1987 par Bernardo Bertolucci, est une grande fresque historique qui relate la vie de l'empereur de Chine Pu Yi. A l'âge de trois ans, celui-ci avait été enlevé à sa mère et conduit dans la Cité Interdite pour succéder à l'impératrice douarière Ts'eu Hi, qui avait d'abord exercé la régence au nom de son fils Tong Zhi, puis de son neveu Guang Xu. Sa politique conservatrice et nationaliste, dans un état miné par la corruption et les conflits internes, avait favorisé la révolte des Boxers, vite matée par un corps expéditionnaire occidental.
Quand le petit empereur monte sur le trône, il devient entre les mains des régents, qui se chargent de le tenir écarté des tumultes de l'histoire, une sorte de marionnette qui n'est là que pour être en représentation lors des nombreuses et pompeuses cérémonies officielles, dont le but est d'impressionner la population. Servi par des centaines de domestiques, vivant parmi les eunuques et les courtisans, l'enfant s'ennuie dans son rôle de figurant, d'autant qu'il est chaque jour privé davantage de sa mère que les officiels s'emploient à éloigner. Alors que le Kuomintang s'est déjà emparé du pouvoir, rien ne parait avoir changé à l'intérieur de la Cité Interdite qui vit en autarcie comme une île coupée du monde. Jusqu'au jour où la révolution, ayant fait son oeuvre, l'empereur se voit contraint de quitter le palais envahi et saccagé par les insurgés et obligé à chercher refuge au Japon. Bien entendu, les Japonais sauront l'utiliser comme un pion sur l'échiquier de la politique internationale. Mais rien ne se passe comme il était prévu. L'axe Allemagne-Italie-Japon ayant perdu la guerre de 39-45, les Soviétiques viennent prêter main forte aux Chinois pour chasser l'envahisseur japonais et l'empereur est naturellement livré aux autorités de son pays. Condamné à la prison à vie, il est, grâce à sa bonne conduite et à son changement idéologique qui en a fait semble-t-il un communiste pur teint, délivré par un responsable compréhensif. Il finira sa vie comme jardinier du parc botanique de Pékin, visitera, avec le flot des touristes, la Cité dont il avait été le prince et écrira ses mémoires qui seront publiées en 1965. Il meurt en 1967 dans l'indifférence générale. Ainsi assiste-t-on, la gorge nouée, à la transformation d'un homme-dieu en un personnage que la dictature de Mao aura réduit à n'être plus qu'un sous-homme dans un pays vitrifié par une nouvelle idéologie.
La critique fut excellente et le film salué à sa sortie comme un chef d'oeuvre. Hiromura ira jusqu'à écrire : " Tout simplement l'une des plus grandes fresques réalisée au cinéma. Un monument, un colosse, une merveille". Le film tourné dans la Cité Interdite - ce qui a causé d'innombrables difficultés à son metteur en scène - est dédié à l'empereur défunt qui fut la dernière figure impériale du XXe siècle. Il se base sur l'incroyable et tragique histoire de ce petit garçon arraché à sa mère, privé d'enfance, écrasé sous le poids des traditions, qui ne découvrira que tardivement, et au prix de quelles blessures et souffrances, les réalités du monde.
Les acteurs, tous parfaits dans leur interprétation, rendent crédibles leurs personnages et la mise en scène, précise et efficace, nous restitue l'époque et la vie dans la Cité interdite en ses moindres détails. Le film ne nécessita pas moins de 270 techniciens, 19.000 figurants, 9000 costumes et 2 ans de négociations avec les autorités chinoises pour obtenir le droit de tourner sur les lieux. Aussi est-il une prouesse dans tous les sens du terme. On sort de sa projection ébloui par l'ampleur des prises de vue, la qualité des restitutions historiques, la beauté des images, les scènes tout à la fois rigoureuses et fastueuses, le bouleversant destin de cet empereur que l'existence se plut à placer dans les situations les plus extrêmes et qui, ayant passé son existence à ne pas vivre, entre, grâce à ce film, dans la légende.
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