Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
Par Armelle BARGUILLET
Dino Risi, le cinéaste de la comédie italienne par excellence, s'en est allé à l'âge de 91 ans, sans tambour, ni trompette, nous laissant le souvenir d'une filmographie hilarante et de qualité, allant du magnifique "Parfum de Femme" (1975) à "Le Fou de guerre" (1985). Auteur d'une oeuvre savoureuse, ce fils de médecin, qui se destinait dans un premier temps à une carrière de psychiatre, a géré le genre avec un immense talent et une fine intelligence. C'est lui qui, après la vague du néo-réalisme, fit revenir le sourire dans les salles obscures. Après avoir été l'assistant de Soldati et de Lattuada, Dino Risi sauta le pas et devint réalisateur avec un premier long métrage en 1952. Il y évoque alors les classes défavorisées dans "Pauvres mais beaux" (1956) avant de signer les troisième volet de "Pain, amour et ..." où il révélait la sculpturale Sophia Loren qui prenait le relais de Gina Lollobrigida. Ainsi s'est-il plu à brosser des portraits jubilatoires des personnages de la vie quotidienne italienne, sans oublier de pointer du doigt avec ironie et férocité les vestiges toujours sombres du fascisme.
Cela avant de réaliser ce que certains considèrent comme son chef-d'oeuvre "Le Fanfaron" (1962), où les ressorts conventionnels de la comédie s'effritent dans une confrontation cruelle entre Vittorio Gassman et Jean-Louis Trintignant, le quadragénaire hâbleur et le jeune homme timoré, symboles d'une société que le metteur en scène pointait du doigt sans complaisance. Il excelle également dans un film à sketchs comme "Les Poupées" et réussit une prodigieuse satire avec "Les Monstres" (1963), où il épingle, non sans délectation, la sottise de ses contemporains. Ce metteur en scène avait choisi de traiter les tragédies de l'histoire en jetant sur le faciès des montres de notre époque ou des laissés-pour-compte un masque bouffon, abordant le terrorisme par le biais de l'ambiguïté ou le mariage des prêtres par celui de l'émotion. Artisan moraliste, pudique et lucide, il le prouve encore dans "Parfum de femme" qui valut à Gassman un prix d'interprétation au Festival de Cannes 1975 et osa s'approcher d'un sujet difficile - celui d'un aveugle coureur de jupons - sans hypocrisie, où il apparaît que le désespoir peut se déguiser et s'étourdir afin que le drame vire à la farce et que le cynisme finisse par déposer les armes devant le sentiment. Avec "Parfum de femme" (1974) commence sa période pessimiste : de l'aveugle exubérant de ce film au fou dédoublé d'"Ames perdues" (1976) et jusqu'au vieil acteur déchu de "Dernier amour" (1978), tous représentent les facettes révélatrices de leur auteur de plus en plus obsédé par un monde qui semble fasciné par ses abîmes.
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