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10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 11:16
ERIC ROHMER OU UN CINEMA DE LA PAROLE

         
Aux Cahiers du Cinéma, dont il fut le rédacteur en chef de 1957 à 1963, Eric Rohmer partageait avec Doniol-Valcroze et Pierre Kast un goût proche pour le marivaudage cinématographique. Tous trois nés en 1920 étaient les aînés des jeunes turcs : Rivette, Chabrol, Godard et Truffaut nés entre 1928 et 1932. En tant que critique, Rohmer allait s'attacher à réfléchir à la nature de l'imaginaire cinématographique et au cinéma comme art de l'espace. Une fois derrière la caméra, il placera néanmoins la parole au coeur de son oeuvre et fera de celle-ci un long journal intime, journal d'un séducteur toujours repris par le démon de la fidélité. Admirateur de Hitchcock sur lequel il écrira un ouvrage avec Chabrol en 1957, de Hawks, de Rossellini, de Renoir et de Mizoguchi, il sera un défenseur du cinéma classique et un opposant de fait au cinéma moderne. Convaincu que la Grèce est le berceau et le centre de la civilisation mondiale, nous proposant un modèle de beauté insurpassable, il voit en Hollywood ce que la Renaissance italienne fut au monde des arts. Passionné de pédagogie, Rohmer travaillera pour la télévision scolaire de 1964 à 69, réalisant des émissions sur la littérature, l'urbanisme et l'architecture, ainsi qu'un documentaire sur les films Lumière, sous forme de conversation entre Henri Langlois et Jean Renoir.


 

Son oeuvre composée, pour l'essentiel, de séries avec "Les six contes moraux" (1962-1972), "Les comédies et proverbes" ( six films de 1981 à 1987 ), "Les contes des quatre saisons" (1990 - 1998) fait de la conversation ordinaire ou érudite (Ma nuit chez Maud - 1969), l'enjeu narratif de ses films. Les dialogues d'une grande pureté littéraire révèlent à eux seuls un authentique talent d'écrivain au point que leur lecture provoque déjà un réel plaisir. Ce cinéma de la parole entrepris avec des moyens minimalistes explore la relation entre un texte épuré et des images étincelantes et aborde à l'écran des sujets peu habituels : la religion catholique, le puritanisme, le pari de Pascal, sans pour autant verser dans une quelconque affectation. Ce cinéma est, par ailleurs, celui de la tentation (L'amour l'après-midi  Le genou de Claire), du renoncement, du passage à l'acte attendu et  non accompli par fidélité à des valeurs, à un code moral, à une conviction spirituelle. Contrairement à ses amis de la Nouvelle Vague, il connaîtra le succès tardivement grâce à "Ma nuit chez Maud" (1969), son film le plus accompli avec Jean-Louis Trintignant et Françoise Fabian. Il se consacrera, plus tard, à des recherches picturales innovantes avec des films comme "Perceval le Gallois" (1978), "La marquise d'O" (1976) ou  "L'anglaise et le duc" (2001). Proche de Bresson de par son goût de l'épure et de la pureté, il s'en éloigne par son attirance prononcée pour les beautés de la chair, l'éclat du corps de jeunes filles ravissantes et une certaine perversité maîtrisée. A la façon d'un Henry James, il fait du non-dit, de l'implicite, du malentendu, la dramaturgie de ses films. Dans le cinéma français, il tient une place à part, celle d'un cinéaste chez lequel l'intelligence a pris le pouvoir sur le sentiment et l'énoncé du verbe sur l'image.

     

Pour consulter mes articles consacrés à des films de Rohmer comme Ma nuit chez Maud  -  Les nuits de la pleine lune - Les amours d'Astrée et de Céladon  et  Le genou de Claire, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS

 

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commentaires

A
Cher Gérard,<br /> <br /> Je ne vois rien de naïf et d'ennuyeux dans le cinéma de Rohmer qui est au contraire plein de poésie et d'intelligence, à moins que la poésie et l'intelligence le soient. C'est notre Musset du 7e<br /> Art qui sait user et de l'image et de la parole.
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N
très "fan" de rohmer
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T
J'étais sûre de trouver chez vous un hommage à Rohmer, que nous avons tant aimé pour sa voix originale, son cinéma loin des clichés, sa fraîcheur.
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G
Bonsoir Armelle,<br /> Je trouve que ton billet résume avec beaucoup de justesse Eric Rohmer et ses idées tout à fait respectables. Toutefois je trouve un certain manque de conviction voire un manque d'imagination pour les mettre en valeur. Je vois là un cinéma un peu naïf. Les moyens financiers très limités au niveau de la réalisation de ses films ne font qu'accentuer l'ennui que dégage la naïveté du propos. J'ai revu il y a quelques temps "Pauline à la plage" et j'ai ressenti une impression de film sans grande originalité et qui aurait mal vieilli . Bien entendu, ceci n'est que mon avis et vu la notoriété d'un cinéaste qui a conquis un grand nombre de cinéphiles, je n'entends pas remettre en cause son talent. Ainsi, le septième art permet de satisfaire tous ceux qui lui sont sensibles et c'est très bien ! Amitiés.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

Stanley Kubrick

 

 

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