Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
La vocation artistique va se développer très tôt chez le jeune Francis Ford Coppola qui, atteint de la poliomyélite, passera son enfance alité, ce qui favorisera son imagination et l'incitera à bricoler des spectacles de marionnettes et à s'inventer un monde fictif en mesure de faire de lui un créateur à part entière. Fils d'un musicien italien émigré (auteur de plusieurs des partitions de ses longs métrages), le jeune Francis s'initie dès son âge le plus tendre à réaliser des films amateurs avec la caméra 8mm de son père, puis part étudier le théâtre à l'Université de Hofstra avant d'intégrer l'école UCLA et, une fois ses études achevées, à accepter toutes sortes de travaux (films d'horreur, érotiques, montage de films soviétiques ) afin de se familiariser avec les techniques cinématographiques et à vivre en osmose avec cet univers. Mais, bientôt, son évidente facilité à rédiger des scénariis lui permet de se consacrer à des tâches plus nobles comme de participer à l'élaboration de "Paris brûle-t-il ?" de René Clément et "Reflets dans un oeil d'or" de John Huston. En 1963, il passe à la réalisation avec "Dementia 13", un film d'horreur produit par Corman, ensuite avec "Big Boy" (1966), comédie sélectionnée pour le Festival de Cannes, enfin avec "La vallée du bonheur", dernière comédie musicale interprétée par Fred Astaire. Refusant les gros budgets auxquels il peut prétendre, il tourne avec une équipe réduite "Les gens de la pluie" (1969), road-movie typique de la contre-culture des années 60, où on voit une bourgeoisie en rupture de ban prendre en auto stop un athlète mentalement retardé. La beauté de la mise en scène et la qualité de l'interprétation confirmeront auprès du public l'émergence d'un talent original avec lequel il faut désormais compter. C'est à ce moment qu'il fonde avec Georges Lucas les studios American Zoetrope basés à San Francisco. Hélas, l'échec de "THX1138" de Georges Lucas mineront les espérances de Coppola et le contraindront à accepter d'écrire le scénario du "Parrain" d'après un best-seller de Mario Puzo, mais il pose ses conditions et entend gérer ce budget colossal en engageant Marlon Brando dans le rôle de Don Corleone et un inconnu Al Pacino dans celui de son fils. Or le coup de poker se révélera être un coup de maître et, "Le Parrain", un triomphe qui assoira définitivement la réputation de son auteur.
"Le Parrain 2" ne fera que confirmer le succès du premier opus et les deux oeuvres seront récompensées par l'Oscar du meilleur film et l'Oscar du meilleur réalisateur. Entre temps, Coppola a écrit et mis en scène un film d'espionnage de facture personnelle "Conversation secrète", qui conte l'histoire d'un homme soupçonné d'être impliqué dans un meurtre, sobre thriller politique sur l'obsession des écoutes téléphoniques en pleine actualité dans les années 70 aux Etats-Unis. Ce film recevra la Palme d'or à Cannes. Ensuite, Coppola va alterner les oeuvres baroques et les études psychologiques, fouillant ses sujets avec la maîtrise qui le caractérise, ainsi "Appocalypse Now" en 1979, vision hallucinée des horreurs de la guerre au Viêt-Nam ou "Dracula" (1992) qui dépasse de loin en richesses et intrigues les nombreuses versions précédentes. Dans le second registre, ce seront "Outsiders/Rusty James" (1983), peinture d'une jeunesse à la dérive qui bénéficie d'une somptueuse imagerie et, à mi-chemin entre ces deux orientations, il faut recenser "Coup de coeur" (1982), projet modeste sur les peines de coeur d'un couple banal dont le mérite est d'avoir expérimenté, pour la première fois, les ressources des trucages numériques. En 1990, soit seize ans après "Le Parrain 2", Coppola met en scène "Le Parrain 3", conclusion et final de cette trilogie magnifique, où le personnage central est toujours campé par Al Pacino, remarquable. Plus encore que les deux précédents, le troisième volet de cette saga est une grande réussite, un opéra tragique quasi shakespearien où la vie de Mikaël et de la famille Corleone se déploie avec une ampleur baroque et impressionnante et où Coppola signe un film d'une force peu commune qui sonne comme "Le châtiment d'une justice immanente". Mais, très éprouvé par la mort de son fils, le cinéaste traverse une période difficile où il prend goût à la drogue, devient sujet à des crises mystiques et fait même une tentative de suicide, ne tournant plus alors que des oeuvres moins inspirées comme "L'idéaliste" (1997) ou "Supernova" (2000). Il ne reviendra à une réalisation originale et personnelle que sept ans plus tard avec "L'homme sans âge" (2007), d'après le roman éponyme de Mircéa Eliade. Mais ce film ne sera pas un succès. Cependant, malgré ses passages à vide ou ses changements d'humeur, Francis Ford Coppola n'en demeure pas moins l'auteur de quelques films parmi les plus innovants de notre époque et peut être considéré aujourd'hui, en cette seconde décade du XXIe siècle, avec son retour à la sagesse et sa barbe, comme le patriarche du 7e Art. D'autant que sa fille assure la relève.
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Le parrain 3