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25 novembre 2017 6 25 /11 /novembre /2017 10:37

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Visage taillé à la serpe, chevelure blanche, l'acteur Harvey Keitel, l'inoubliable interprète de " Mean Streets " de Scorsese (1973), de " La leçon de piano " de Jane Campion (1993) ) et de " Pulp Fiction " de Quentin Tarantino (1994) n'hésite pas à dire ce qu'il pense du 7e Art de son pays, lui qui fut tour à tour acteur et producteur : " Il s'infantilise - avoue-t-il - et sur une grande échelle. La culture s'effondre et c'est un phénomène mondial qui s'est développé pour toutes sortes de raison : politiques, économiques, religieuses. Et surtout par avidité et cupidité. Quand l'argent parle, c'est la culture qui déguste ! L'esprit d'aventure, de découverte ne souffle plus dans ce business. Autrefois, les jeunes n'avaient pas de budget, ils tournaient les week-ends parce qu'il fallait bien travailler durant la semaine pour payer le loyer ! A l'époque, on se rencontrait dans la rue ; j'ai connu Martin Scorsese alors qu'il était étudiant. J'étais moi-même sténo au tribunal de Manhattan. Plus tard, j'ai fait la connaissance de Quentin Tarantino par l'intermédiaire d'une amie de l'Actors Studio. Lorsque j'ai lu le scénario de " Réservoir dogs ", j'ai vu tout de suite l'étendue de son talent et j'ai co-produit le film, en même temps que j'entrais dans la peau de l'implacable M. White.

Alors aujourd'hui, à l'exception de quelques-uns comme Spielberg, on dicte ce que l'on veut faire. Les enjeux économiques interfèrent dangereusement avec l'art. Et les séries télévisées ne valent pas mieux. Certaines comme " Mad Men " sont épatantes. Mais le reste du temps, je les trouve pathétiques. J'en sais quelque chose ! J'ai joué dans " Life on Mars " avec des équipes talentueuses, malheusement dirigées par des gens guidés par le profit. Mon parcours a été effectué comme un long cheminement, souvent difficile, parsemé de chutes et de moments de grâce. Avec une étape marquante, l'Actors Studio, où j'ai eu le privilège d'apprendre auprès des plus grands comme Elia Kazan. Je n'oublie pas non plus une autre expérience fondamentale : mon engagement dans les marines à 17 ans. Je suis issu d'un milieu pauvre et je voulais être le héros de ma propre vie. J'ai bourlingué pendant trois ans pour finalement rentrer au bercail parce que ma mère me manquait. C'est chez les marines que j'ai lu mon premier livre "Dear and glorious physician " de Taylor Caldwell !

Après je me suis lancé dans le cinéma et parce que je ne trouvais pas de bons rôles aux Etats-Unis, j'ai beaucoup tourné avec des cinéastes européens. C'est Bertrand Tavernier qui, le premier, a cru en moi. Après avoir vu  " L'horloger de Saint Paul ", j'avais dit à ma petite amie du moment combien j'aurais aimé tourner un film avec un tel réalisateur. Trois jours après, je recevais une proposition pour jouer dans " La mort en direct ". Une incroyable coïncidence et le début d'une grande aventure internationale avec Ettore Scola, Abel Ferrara, Jane Campion et qui, à ce jour  je l'espère, n'est pas terminée.

 

De père roumain et de mère polonaise, Harvey Keitel est né à New-York le 13 mai 1939. Dès le début de sa carrière, il a su se singulariser en acceptant de s'engager avec des metteurs en scène débutants mais dont il avait deviné le potentiel de talent. C'est ainsi qu'il a tourné dans le premier film de Scorsese  "Who's that knocking at my door", ainsi qu'avec Ridley Scott et James Toback. Son jeu, tout en intensité intérieure, le place parmi les plus grands acteurs du 7e Art. Ancien marine, il est bientôt aux côtés de Scorsese et de Robert de Niro et fréquente l'Actors Studio. Ayant une idée très précise de l'art cinématographique, il lui arrive de quitter un studio pour divergence de vue. C'est ainsi qu'il fera lors du tournage d'"Apocalypse Now" du réalisateur Francis Ford Coppola et sur celui de "Eyes Wide Shut" de Stanley Kubrick. Son franc parler lui vaut d'être en disgrâce avec les studios hollywoodiens et lui donne l'occasion de tourner avec des metteurs en scène français et européen. 

En 2012, il est d'ailleurs l'invité d'honneur du 38e Festival du cinéma américain de Deauville et en 2014, il participe à une campagne publicitaire pour l'agence britannique "Direct Line" où il parodie son personnage de Winston Wolf de "Pulp Fiction". Depuis ses débuts dans les années 1970, il n'a cessé de tourner et la liste de ses apparitions sur la pellicule est impressionnante. Il compte parmi elles quelques-uns des films les plus importants du cinéma américain et européen dont "Taxi driver", "Réservoir dogs" "Les duellistes" ou "La dernière tentation du Christ". 

Sobre et juste, très exigeant, cet acteur inclassable est actuellement à l'écran dans l'opus d'Amanda Sthers "Madame" et le sera bientôt, en 2018, dans "L'île aux chiens" de Wes Anderson.

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique ACTEURS DU 7e ART, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

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HARVEY KEITEL - PORTRAIT
HARVEY KEITEL - PORTRAIT
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commentaires

E
Je l'aime beaucoup, on arrive même à le trouver séduisant dans Les duellistes et Le piano... il est toujours surprenant. J'ai pourtant connu une Française qui donnait cours à ses enfants à New York et sa femme et lui étaient des névrosés notoires qui vidaient leur sac (plein de choses qui auraient dû y rester :) ) lors des réunions de parents d'élèves...<br /> <br /> Ce qui, finalement, ne l'empêche pas d'être un acteur d'exception!
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

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