La trame du film prend place à la fin de la période des Royaumes Combattants (de 453 à 221 avant JC), quand le roi des Qin est sur le point d'unifier une Chine divisée en 7 royaumes se livrant à des guerres constantes. S'il est un danger que redoute le futur empereur, c'est le trio de guerriers de l'état rival de Zhao : Ciel Etoilé, Lame Brisée et Flocon de Neige. Ils ont déjà essayé de l'assassiner dans le passé, ce qui pousse le souverain à s'isoler dans son palais en portant continuellement son armure. Un jour, un combattant qui se fait appeler Sans Nom arrive au Palais du roi de Qin. Il prétend avoir vaincu les trois légendaires guerriers et, pour prouver ses dires, présente leurs armes respectives. Ce qui lui vaut une entrevue auprès de l'empereur, à qui il conte les faits, puis sacrifie sa vie pour sauver la sienne.
Ce film est assurément une célébration des arts martiaux envisagée à l’égal de ceux de la danse, transformant l’opus en une chorégraphie savante et d’une grande beauté gestuelle, de même que les costumes conçus de façon à amplifier encore la somptuosité des images. Par ailleurs, la beauté des paysages du nord de la Chine est magnifiée par les couleurs qui, chacune, correspond à une page théâtrale en adéquation avec l’histoire du film. Ainsi du rouge, couleur du feu et de la passion passe-t-on au bleu, couleur de l’eau et de la sérénité, au blanc aérien et léger, pur comme la loyauté des chevaliers à leur cause, puis au vert jade, couleur terrestre et boisée liée au passé, signe de la mort et de la fatalité du destin. Comme la calligraphie, l’un des thèmes du film, l’exercice de l’épée exige du pratiquant une parfaite maîtrise du geste suprême et suppose qu’il la porte dans son cœur de façon à embrasser par la pensée l’univers entier. C’est ainsi que le roi Quin envisage son rôle et accepte le sacrifice de Sans Nom qu’il transformera en celui de Hero et auquel il réservera des funérailles grandioses, afin que le royaume connaisse enfin la paix et l’harmonie et s’unisse autour de figures légendaires.
Surfant sur la vague du renouveau du wu xia pian, initié par Tigre et Dragon, Zhang Yimou réalise Hero avec les stars les plus en vue du cinéma de Hong Kong et prend pour directeur de la photographie le très talentueux Christopher Doyle. Il n’échappera pas aux critiques, principalement occidentales, qui lui reprocheront son sous-texte idéologique, lequel justifierait le totalitarisme pour assurer la stabilité de l’empire. Mais tous les sous-entendus sont possibles et cela à l’encontre de bien des films…américains par exemple. Reste que l’œuvre est d’une grande élégance esthétique et d’un réel flamboiement, malgré quelques rares longueurs. Pour se défendre, Zhang Yimou a affirmé qu’il ne mélangeait jamais son travail avec la politique. Mais si on met de côté la suspicion, ce film est indiscutablement magnifique et sa réussite visuelle incontestable mériterait à chaque instant un arrêt sur image.
Zhang Yimou a donc choisi ses interprètes parmi les plus prestigieux : Jet Li dans le rôle de Sans nom affirme sa présence et sa virtuosité à manier le sabre, Tony Leung est un Lame brisée émouvant, visionnaire pour qui l’amour et la droiture comptent plus que la mort, Maggie Cheung est un Flocon de Neige glacial et aérien, belle comme la neige, alors que la ravissante Zhang Ziyi affiche son ardeur habituelle et son étonnante photogénie. Ainsi Hero est-il entré définitivement dans le panthéon des films de sabre chinois, résumant les traditions artistiques chères au cœur des asiatiques, pour le plus grand plaisir du spectateur qui appréciera autant la beauté des images que la musique fort bien adaptée de Tan Dun.
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