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18 avril 2007 3 18 /04 /avril /2007 13:49
UNE HISTOIRE SIMPLE de CLAUDE SAUTET

                           

"Mes films ne sont pas déprimants et ne débouchent pas sur le désespoir. (...) J'essaie toujours de trouver dans les personnages que je décris cette vitalité biologique qui les amène à s'en sortir".  Comme Doillon,  Claude Sautet est le cinéaste de la vie des autres, de ces gens simples que l'on croise, rencontre, oublie. Il aime surprendre sur les visages les expressions familières, les regards fugitifs, les interrogations inquiètes. Dans la foule anonyme des grandes villes, son objectif semble isoler, par hasard, seuls ou en groupe, César et Rosalie (1972), Vincent, François, Paul et les autres (1974), Anna, Gabrielle, Marie ( Une histoire simple ), échantillons humains qui illustrent si bien les élans du coeur et les blessures de l'âme et nuancent à l'infini la perception des choses de la vie. Tel un sculpteur, Sautet travaille cette matière brute du réel, ces êtres dont il tente de saisir, d'approcher l'identité, de sonder les coeurs et les reins. Qui sont-ils ? Les maîtres de leur avenir ou les esclaves de mille contraintes ? Ainsi, au fil des bobines, le cinéaste brosse-t-il le tableau impressionniste d'une société qui, dix ans après mai 68, est en pleine mutation, destin particulier des individus inséparable de celui de la collectivité. Rien n'échappe à son oeil attentif et scrutateur : ni le spectacle de la rue colorée, ni celui du cercle familial en fête ou dans la peine, ni le monde du travail entre éclatement et solidarité, ni la fratrie angoissée des hommes, ni l'univers féminin  autour duquel tout gravite. Histoires simples que celles de ces vies que l'on surprend dans leur décor journalier, autour des tables festives, dans le brouhaha des bistrots ou encore dans leur univers professionnel, là où se tissent les ambitions, les jalousies, les suspicions.  
  
                        

Une histoire simple (1978) est celle de Marie qui rompt avec Serge et décide de ne pas garder l'enfant qu'elle attend de lui, le cinéaste abordant ici le délicat et douloureux problème de l'avortement qui après la promulgation de la loi Veil commençait à se banaliser et prouvait l'évolution rapide d'une société qui n'entendait plus supporter d'entraves à sa liberté. Sautet donne à voir mais ne juge pas ; il se tient en retrait, se contente d'être un peintre des moeurs, un témoin. Cinéaste, c'est-à-dire homme de l'image, il se garde de se montrer partisan. Et on doit l'en remercier, car son cinéma, de belle facture, dans la lignée d'un Renoir et d'un Becker, ne retient sur sa pellicule ultra sensible que les expressions fugitives, les douleurs soudaines, les chuchotements de l'indicible, les aveux susurrés au creux des longs silences, les amours qui se nouent et se dénouent, de ceux qui ne savent pas attendre ou ne peuvent pas finir.

                  

Marie, l'héroïne d'une histoire simple, interprétée par la merveilleuse Romy Schneider, après avoir quitté Serge, son amant (Claude Brasseur), renoue avec Georges son ex-mari (Bruno Cremer) et retrouve en maintes occasions la bande d'amis avec laquelle elle partage ses loisirs, ses soucis et ses joies. Chacun, à l'intérieur de l'histoire, vit son histoire propre, les unes et les autres se mêlant et s'entremêlant dans ce microcosme qui montre combien la solitude peut être plus grande encore au milieu des autres. Familles recomposées, divorces, tentatives de suicide, amours déclinantes, notre lot quotidien est dépeint en une fresque intimiste, sans agressivité, dans les dégradés pastels, avec une humanité empreinte de tendresse. C'est l'art de Sautet d'être ainsi proche de ses personnages, au point de nous les rendre incroyablement accessibles. Celui-ci n'est-il pas notre voisin, celui-là notre confrère, notre associé, voire notre parent ? Cette proximité, par ailleurs, n'est pas dépourvue de piquant et de piment, ce, grâce aux dialogues aimablement ciselés par Jean-Loup Dabadie. Et puis Claude Sautet sait tirer le meilleur de ses interprètes. S'il donne beaucoup, il reçoit en retour. On sait que Romy Schneider fut l'une de ses actrices fétiche et travailla avec lui dans Les choses de la vie, César et Rosalie, Max et les Ferrailleurs, Mado et cette histoire simple où elle est la femme icône d'une modernité encore hésitante. "Romy est une actrice qui dépasse le quotidien, qui prend une dimension solaire. Elle est la synthèse de toutes les femmes, leur chant profond qui donne un sens à leur vie. Elle a une sorte de propreté morale qui irradie d'elle-même et la rend absolue" - écrivait le cinéaste de son actrice. C'est dire combien il la comprenait et, à travers elle, toutes les femmes. Car ce cinéaste sut toujours rester à hauteur d'homme et poser sur ses semblables un regard fraternel.  

 

Pour lire les articles consacrés à Claude Sautet, Romy Schneider et Bruno Cremer, cliquer sur leurs titres :

 

CLAUDE SAUTET OU LES CHOSES DE LA VIE      

ROMY SCHNEIDER - PORTRAIT      

BRUNO CREMER  

 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, dont César et Rosalie, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS   

 

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UNE HISTOIRE SIMPLE de CLAUDE SAUTET
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UNE HISTOIRE SIMPLE de CLAUDE SAUTET
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commentaires

E
J'ai vu (ou revu, mais je n'en avais pas de souvenir) ce film à la TV il y a quelques jours, et en effet ça n'a pas pris une ride. C'est "tout simple", oui. Des gens comme on en connaît, pas toujours consistants, la vie telle qu'elle est... Romy Scheider magnifique comme toujours
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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