Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 14:43

Il-etait-une-fois-en-Amerique.jpg   

    

Le 3 décembre 1933, aux Etats-Unis, la prohibition vit ses dernières heures. Noodles et ses amis d'enfance, des truands enrichis grâce à la contrebande d'alcool, doivent effectuer une dernière livraison. Pour les sauver d'eux-mêmes, Noodles a donné ses amis. Mais l'arrestation tourne à la boucherie et tous sont tués. Anéanti, Noodles s'installe dans une fumerie d'opium du quartier chinois et laisse les souvenirs remonter à la surface. Quarante ans plus tôt, dans le quartier de Lower East Side, peuplé d'émigrants et de crève-la-faim, ils formaient une bande de gamins débrouillards déjà prêts à affronter tous les dangers pour sortir de la misère. Lui était séduit par l'inaccessible Deborah. De menus larcins en coups de plus grande ampleur, la bande de compères s'était peu à peu introduite dans le milieu de la criminalité, tout en cultivant une profonde amitié. Mais avec le temps, ces amitiés vont être mises à rude épreuve et Noodles sera trahi par Max,  celui avec lequel il avait passé, depuis l'adolescence, un pacte indéfectible.

 

Ainsi le film se déroule-t-il à New-York, à trois périodes différentes : les années 1920 dans un quartier juif populaire où nous assistons aux premiers faits d'arme de cette bande tumultueuse, à leurs premières amours et à  la naissance de leur amitié, principalement entre Noodles et Max ; puis les années 30 qui correspondent à leur ascension criminelle dans l'Amérique de la prohibition ; enfin les années 60 où, après les années vécues en prison, Noodles revient sur les lieux de sa jeunesse, retrouve sa bande et se confronte à son passé. Cela grâce à un montage complexe et savamment dosé qui joue avec les fondus enchaînés, les lumières nocturnes, les brumes opaques et rend plus nostalgiques les réminiscences, par exemple un tableau ou une fenêtre qui sert subitement de prolongement à un événement ancien. C'est le cas lorsque Noodles, après avoir aperçu une photo de Deborah, son amour, la revoit enfant dansant dans un dépôt encombré d'objets hétéroclites. Lors de cette scène, l'une des plus belles du film, la jeune Jennifer Connelly fait preuve d'une grâce miraculeuse sur la musique tout aussi miraculeuse de Morricone.

 

article-once-upon-a-time-in-america.jpg

 

Tout cela présenté avec un art accompli qui me rappelle Visconti dans un tout autre registre, mais avec le même souci du détail et le soin extrême porté à la reconstitution. Sergio Leone a alors 54 ans et, derrière lui, huit chefs-d'oeuvre. Celui-ci sera donc le dernier puisqu'il meurt prématurément six ans plus tard, alors qu'il travaillait à un projet ambitieux sur le siège de Léningrad. Ce film ultime fait figure de testament et il y a de cela dans sa composition en forme d'opéra crépusculaire ou de symphonie pathétique sur des vies irrémédiablement gâchées et sur la chute inéluctable des personnages, petits caïds qui ne respecteront même pas leur pacte d'amitié. On constate à quel point le réalisateur avait sur l'humanité une vision désenchantée. C'est d'ailleurs une oeuvre sur le désenchantement, celui de l'amitié d'abord et de l'amour ensuite, les femmes ayant un rôle peu glorieux dans cet opus consacré à la virilité. Elles ne sont là que comme objets sexuels ou victimes, victimes des hommes et d'elles-mêmes dans une perspective très sombre de la réalité amoureuse et de la féminité. On sait que, lors de sa sortie, le film a profondément heurté les ligues féministes de l'époque et on le comprend. Les scènes des deux viols sont pénibles et auraient pu être écourtées sans dommage.

 

il-etait-une-fois-en-amerique-1984-02-g.jpg

 

  

Pour consulter l'article consacré à Sergio Leone, cliquer sur son titre :

 

SERGIO LEONE OU LE CINEMA COMME OPERA BAROQUE

 

Et pour prendre connaissance des articles de la rubrique CINEMA EUROPEEN, cliquer  ICI

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

 32703.jpg

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

W
This is one of the best classic French movies that I have ever seen. The characters did a great job and casing is done to the perfection. The story writers should get inspired by watching such good movies.
Répondre
T
Film que j'ai vu en salle, à sa sortie, en 1984. La nostalgie de l'enfance, la trahison, la cupidité des hommes, la corruption du pouvoir, tous les thèmes chers à Leone reviennent sur une émouvante<br /> et lyrique musique de maître Morricone.
Répondre

Présentation

  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
  • Contact

Profil

  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

Stanley Kubrick

 

 

ET SI VOUS PREFEREZ L'EVASION PAR LES MOTS, LA LITTERATURE ET LES VOYAGES, RENDEZ-VOUS SUR MON AUTRE BLOG :  INTERLIGNE

 

poesie-est-lendroit-silence-michel-camus-L-1 

 

Les derniers films vus et critiqués : 
 
  yves-saint-laurent-le-film-de-jalil-lespert (1) PHILOMENA UK POSTER STEVE COOGAN JUDI DENCH (1) un-max-boublil-pret-a-tout-dans-la-comedie-romantique-de-ni

Mes coups de coeur    

 

4-e-toiles


affiche-I-Wish-225x300

   

 

The-Artist-MIchel-Hazanavicius

 

Million Dollar Baby French front 

 

5-etoiles

 

critique-la-grande-illusion-renoir4

 

claudiaotguepard 

 

affiche-pouses-et-concubines 

 

 

MES FESTIVALS

 


12e-festival-film-asiatique-deauville-L-1

 

 13e-FFA-20111

 

deauville-copie-1 


15-festival-du-film-asiatique-de-deauville

 

 

Recherche