James Stewart, né à Indiana en Pennsylvanie, fait partie de cette génération d'acteurs qui a eu la chance de participer aux innovations les plus marquantes d'un art qui se trouvait alors en plein essor. Hollywood était, à cette époque, la Mecque du 7e Art, le creuset où fermentaient les talents les plus divers et se vivaient les expériences les plus enthousiasmantes. Ainsi a-t-il pu tourner avec les meilleurs : Frank Capra, George Cukor, Alfred Hitchcock, Ernst Lubitsch, Anthony Mann, Otto Preminger et les titres de ses films sont-ils autant de chapitres de l'histoire du cinéma. Avec modestie, cet acteur, qui était également diplômé d'architecture, général de brigade et poète à ses heures, disait : "Je suis James Stewart et je joue James Stewart. Je ne pourrais pas me risquer dans de grandes interprétations". C'est Joshua Logan qui le persuade de devenir comédien, alors qu'il est à l'Université. Suivant son conseil, le jeune homme rejoint les rangs d'une petite compagnie théâtrale dans laquelle se produisait déjà Henry Fonda. Quelque temps plus tard, ils partageront un appartement à New-York et resteront toute leur vie des amis proches.
En 1939, James Stewart quitte New-York pour Hollywood, signe un contrat avec la MGM et tourne dans son premier film :The Murder Man. Il enchaîne ensuite film sur film dont Mr Smith goes to Washington de Frank Capra. Il y interprète un jeune sénateur naïf aux prises avec des politiciens véreux, un rôle qui contribuera à forger son image d'américain idéaliste. En 1940, The Philadelphia Story, où il est le partenaire de Katharine Hepburn et de Cary Grant lui vaut l'Oscar du meilleur acteur. La guerre interrompt sa carrière. Il s'engage comme simple soldat dans l'armée de l'air et effectue un nombre impressionnant de missions contre l'Allemagne, au point d'être promu colonel et décoré à plusieurs occasions. Plus tard dans l'armée de réserve, il continuera de gravir les échelons et prendra sa retraite comme général de brigade.
A son retour à la vie civile en 1946, il reprend le chemin des studios et tourne ce qui sera son film préféré : It's a wonderful life , toujours avec Frank Capra. - " Capra était sans aucun doute le meilleur réalisateur que j'ai jamais connu - disait-il. Il avait un sens très sûr des vraies valeurs : la famille, les amis, la communauté, Dieu. Et avec son sens remarquable de l'humour, il était capable de mettre toutes ces valeurs dans ses films sans avoir jamais l'air de prêcher" -
C'est en 1948 que commence sa collaboration avec Hitchcock, dont il sera l'un des interprètes masculins préférés avec Cary Grant. Il réalisera avec lui quatre films : La Corde, Fenêtre sur cour, L'homme qui en savait trop et Sueurs froides ( Vertigo ).
En 1978 dans The Shootist (Le dernier des géants) de Don Siegel, il tenait le rôle d'un médecin vieillissant annonçant à John Wayne qu'il n'en avait plus pour très longtemps à vivre. Ainsi ce film symbolisait-il la fin d'une époque qui avait été glorieuse pour le cinéma. Il mourut d'une embolie pulmonaire le 2 juillet 1997 à l'âge de 89 ans. Selon ses amis, sa santé n'avait cessé de se dégrader depuis la disparition de sa femme Gloria, avec laquelle il avait vécu plus de quatre décennies. Le président Clinton déclarera, lors de ses obsèques, que l'Amérique avait perdu un trésor national. C'est dire à quel point il était apprécié du public. Si certains ne le trouvaient pas assez fauve ou félin, plus fade que Clark Gable et que Cary Grant, il sut jouer avec finesse les criminels repentis, les hommes qui avaient le souci de se réconcilier avec eux-mêmes, parce qu'ils cherchaient toujours une solution à l'inexplicable et tentaient de corriger les erreurs commises. " J'ai eu l'habitude de choisir des rôles de gars vulnérables, le mec qui fait des erreurs, celui qui ne peut pas se figurer toutes les conséquences de ses actes mais qui garde le contrôle". Il savait mieux que personne se faire aimer - disait John Ford, parce que les gens sentaient que c'était une personne parfaitement loyale. Il était tout le temps bon. Tout le monde l'aimait - ajoutait-il.
Quant à Nicolas Saada, voici ce qu'il écrivait dans Le Cahier du Cinéma n° 470 :
" Dans chaque film, James Stewart compose un personnage presque identique : témoin passif de la violence des hommes qui, dégoûté, est tout de même conduit à y prendre part. Il y a du Fritz Lang dans cette problématique. James Stewart l'a exprimé avec une conviction et un talent qui trouveront plus tard un écho dans les films d'Alfred Hitchcock. Mais l'acteur n'aurait peut-être pas atteint la maturité de "Sueurs froides" sans cet admirable travail sur l'angoisse et la cassure qui caractérise ses rôles dans les westerns d'Anthony Mann. Je pense à la séquence finale de "L'appât" où Stewart traîne le cadavre de Robert Ryan comme un sac, en hurlant pour essayer de justifier son comportement. Il y a d'autres moments forts : dans "Les Affameurs", Stewart de retour en ville pour comprendre pourquoi on ne lui a pas livré la nourriture que les colons attendent, retrouve Arthur Kennedy dans les bras de la fille du chef de convoi. Suit alors un regard plein d'amertume qui en dit long sur le personnage. Il n'y avait qu'Anthony Mann pour faire de ce héros, l'espace d'un plan très court, un homme frustré et blessé..."
Pour lire les critiques des films de James Stewart dont "Fenêtre sur cour", "Sueurs froides", "L'appât", "L'homme qui tua Liberty Valance", "La flèche brisée", cliquer sur le lien ci-dessous :
LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN