Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 septembre 2012 3 05 /09 /septembre /2012 09:53

600full-jean--pierre-melville.jpg  

 


Jean-Pierre Melville, né en 1917, réalisateur, scénariste, adaptateur, dialoguiste, interprète, producteur, décorateur, monteur, est un des très grands du cinéma français et international et compte à son actif plusieurs chefs-d'oeuvre indiscutables. Né à Paris le 20 octobre 1917 sous son nom de famille Grumbach, il est appelé sous les drapeaux son baccalauréat tout juste passé et connaitra les tourments de la guerre qui le marqueront à jamais et ne seront pas sans influencer certains de ses films comme "Le silence de la mer" et "L'armée des ombres". En 1942, il gagne Londres et prend le nom de Melville en hommage à l'auteur de Moby Dick et attendra son retour à Paris, en 1945, pour épouser enfin sa vocation de cinéaste et réaliser son premier court-métrage : "Vingt-quatre heures de la vie d'un clown". Son premier long métrage attendra  1947 et sera une adaptation fidèle du roman de Vercors "Le silence de la mer", réalisé avec un budget réduit mais une qualité de mise en scène toute en retenue, suscitant l'admiration  de Jean Cocteau, séduit d'emblée par son style dépouillé et néanmoins lyrique. Il lui confiera l'adaptation des "Enfants terribles" et peu de temps après le cinéaste, soucieux de jouir d'une totale indépendance, s'empressera  d'acquérir les studios Jenner où il tournera la plupart de ses films. Il lui arrivera également de passer derrière la caméra et d'apparaître dans certains opus tels l'"Orphée" de Jean Cocteau, "Deux hommes dans Manhattan", "A bout de souffle" de Godard ou "Landru" de Chabrol.

 

Mais c'est en tant que cinéaste qu'il va marquer les mémoires et être un modèle et un inspirateur pour la nouvelle vague de talents qui trépigne d'impatience dans l'attente d'enterrer au plus vite le cinéma de papa. D'un naturel indépendant, Melville a su très tôt s'affranchir des règles cinématographiques en vigueur pour inaugurer une forme nouvelle d'adaptation proche du cinéma américain. Avec "Bob le flambeur" en 1955 et "Deux hommes dans Manhattan" en 1958, il restitue à merveille l'ambiance du Montmartre des gangsters ou la nuit new-yorkaise à la façon d'un documentaire et au prix d'une froide stylisation qui sait s'attarder sur les détails et tourner le dos aux péripéties psychologiques. D'où ce fétichisme vestimentaire qu'il impose à Belmondo  dans Le Doulos et à Delon dans "Le Samouraï". "Deux hommes dans Manhattan" n'est en définitive que l'échange permanent des figures du Bien et du Mal, thème récurrent chez Melville. Par ailleurs, "L'ainé des Ferchaux", tiré de Simenon dont l'univers l'attirait, et  "L'Armée des ombres" traitent l'un et l'autre des faiblesses humaines, non sans misanthropie et avec l'ampleur tragique qui est la marque première du réalisateur. Créateur hors norme, le cinéaste se plait à filmer des odes sobrement lyriques et l'ambiguïté de personnages affrontés à la guerre ou au crime, se faisant un devoir de restituer des atmosphères lourdes de sens et d'ambivalence. Trois films sortent du lot de ces belles réalisations par leur force narrative, le contre-emploi d'un acteur - ce sera le cas avec Belmondo dans "Léon Morin prêtre" où Melville joue sur des poncifs vaguement bressonniens, prenant ses distances avec le récit de Béatrix Beck et recourant à la voix off - et du "Silence de la mer", d'après le roman de Vercors, situé sous l'occupation allemande et réalisé avec un budget minime et des techniques certes conventionnelles mais que le réalisateur charge d'une sobre intensité. Enfin le troisième chef-d'oeuvre est sans nul doute "Le Samouraï", le plus beau rôle d'Alain Delon avec celui que lui offrit Visconti dans "Rocco et ses frères", où le personnage est défini par ses gestes plutôt que par sa personnalité. Le scénario avait été écrit par Melville en 1963 et correspond si bien au personnage que rêvait d'interpréter Delon que l'entente se fera d'emblée. L'acteur sera prodigieux dans la peau de Jef Costello, plus proche du loup que de l'homme. Ce sabreur solitaire est hanté par la mort et entièrement requis par sa mission qu'il exécute sans faiblir avec  la froideur implacable et le masque d'impassibilité que Delon saura lui prêter. "Le Samouraï" fixe définitivement une écriture singulière, celle d'un Melville inspiré qui a le goût des figures mythiques et le sens aigu de la tragédie à l'ancienne, dont l'oeuvre a quelque chose de fulgurant et d'hypnotique. Il mourra  le 20 août 1973 à l'âge de 56 ans, quelques mois après l'échec cuisant de son dernier film "Un flic", qui l'avait beaucoup affecté.

 

Pour prendre connaissance des critiques des films du réalisateur, cliquer sur leurs titres :

 

LE SAMOURAI de JEAN-PIERRE MELVILLE

        

LE SILENCE DE LA MER DE Jean-Pierre MELVILLE

 

 Pour consulter la liste des articles de la rubrique REALISATEURS DU 7e ART, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES ARTICLES - REALISATEURS du 7e ART  

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

 

JEAN-PIERRE MELVILLE OU L'OEUVRE AU NOIR
Partager cet article
Repost0

commentaires

T
Melville, un véritable dictateur sur les plateaux, mais un cinéaste très doué. Le Samouraï est une merveille.<br /> Bonnes fêtes de fin d'année, Armelle.
Répondre
A
Merci Tietie. Joyeuses fêtes à vous aussi. J'imagine aisément que Melville ne devait pas être facile lors d'un tournage et, comme vous, je considère la plupart de ses films comme des chefs-d'oeuvre. Et en premier lieu " Le samouraî " où il a donné à Delon son plus beau rôle.
S
Le plus grand réalisateur français pour moi. Quasi que des chefs d'oeuvre à son actif.
Répondre
A
Oui, Selenie, l'un des plus grands. Oui ,que des chefs-d'oeuvre."Le silence de la mer" entre autre. Et "Le samouraï".

Présentation

  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
  • Contact

Profil

  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

Stanley Kubrick

 

 

ET SI VOUS PREFEREZ L'EVASION PAR LES MOTS, LA LITTERATURE ET LES VOYAGES, RENDEZ-VOUS SUR MON AUTRE BLOG :  INTERLIGNE

 

poesie-est-lendroit-silence-michel-camus-L-1 

 

Les derniers films vus et critiqués : 
 
  yves-saint-laurent-le-film-de-jalil-lespert (1) PHILOMENA UK POSTER STEVE COOGAN JUDI DENCH (1) un-max-boublil-pret-a-tout-dans-la-comedie-romantique-de-ni

Mes coups de coeur    

 

4-e-toiles


affiche-I-Wish-225x300

   

 

The-Artist-MIchel-Hazanavicius

 

Million Dollar Baby French front 

 

5-etoiles

 

critique-la-grande-illusion-renoir4

 

claudiaotguepard 

 

affiche-pouses-et-concubines 

 

 

MES FESTIVALS

 


12e-festival-film-asiatique-deauville-L-1

 

 13e-FFA-20111

 

deauville-copie-1 


15-festival-du-film-asiatique-de-deauville

 

 

Recherche