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7 mars 2008 5 07 /03 /mars /2008 09:27
JEREMIAH JOHNSON de SYDNEY POLLACK

                       

Se voulant l'antithèse des premiers westerns, ceux magnifiquement illustrés par John Ford ou Fred Zinnemann  qui relataient l'épopée de la conquête de l'ouest magnifiée par la grandeur des héros, films qui liaient le tragique au romanesque et s'accompagnaient de chevauchées et de poursuites, de règlements de comptes et de batailles,  "Jeremiah Johnson"  (1972)  de Sydney Pollack  va nous conter la vie d'un homme qui, dégoûté par le monde civilisé, gagne les montagnes Rocheuses pour y mener la vie rude et dangereuse des trappeurs et se lie d'amitié avec la tribu indienne des Têtes-Plates. C'est ainsi que ce long métrage ferme le cercle ouvert par "La ruée vers l'Ouest "(1931) ou "La charge fantastique" (1941), en nous proposant un destin absolument contraire à celui des pionniers d'antan : un homme qui tourne le dos à cette civilisation pour revenir à la vie primitive, au coeur d'une nature encore sauvage. Cependant Pollack n'a pas suivi à la lettre la philosophie d'un Jean-Jacques Rousseau  et a eu le mérite de nous montrer que les antagonismes, qui subsistent au coeur de cet univers, sont aussi violents et sanglants qu'ailleurs. Cet univers, en effet, n'a rien d'angélique et les instincts de l'homme n'y sont pas à l'abri de la cruauté et de l'esprit de vengeance, hélas !  - aussi verrons-nous dans le film des Indiens tuer un enfant et une femme qui vivaient avec Johnson pour le punir d'avoir traversé leur cimetière.

 

Pour réaliser ce film, Pollack fit appel à Robert Redford qui avait déjà été son interprète en 1966 dans "Propriété interdite". Les deux hommes décidèrent alors de ne reculer devant aucune difficulté pour assurer au film une réelle authenticité. C'est pourquoi ils exigèrent de la Warner Bros de tourner dans l'Utah à presque 4000m d'altitude, dans des conditions qui furent particulièrement pénibles. La Warner Bros finit par accepter, à condition que le budget ne soit pas dépassé. " Ce qui m'a surtout intéressé " - déclarait Pollack - " c'est le personnage du montagnard qui quitte sa civilisation pour aller sur la montagne ( les Rocheuses ont un pouvoir particulièrement attractif ), afin de se créer une vie selon ses désirs. Mais une fois à l'intérieur de ce bloc montagneux qui promet les rêves les plus fous, il se rend compte que la vie y est dure, que la nature a aussi ses lois, tout comme les Indiens. Il m'intéressait donc d'avoir ce personnage pour bien faire sentir que la fuite n'est pas un moyen, qu'une société sans loi n'est pas possible. Ainsi nous avons décidé avec Redford de respecter le plus possible cette authenticité ".
 


Et il est vrai que ce film s'attache à rendre avec précision les spectacles de la nature, la vie des animaux, la survie et l'existence quotidienne en ces terres isolées, existence rythmée par le passage des saisons. Jeremiah Johnson doit s'y acclimater et rien n'est aussi simple que prévu. Devenu chasseur habile, grâce aux conseils de Griffe d'Ours, il est amené à recueillir un jeune garçon nommé Caleb, dont la mère est folle, et à sauver le trappeur Del Gue, enterré vivant par les Indiens. Reconnu par les Têtes-Plates comme un guerrier valeureux, on lui attribue aussitôt la responsabilité de la mort des Pieds-Noirs tués, en réalité, par Del Gue. Aussi, pour les reconquérir et obtenir à nouveau leur confiance, Jeremiah se voit-il dans l'obligation d'épouser Swan, la fille du chef indien. C'est alors qu'un groupe de militaires lui demande de leur servir de guide pour tenter de retrouver des pionniers bloqués par les neiges, mais, afin de gagner du temps, ceux-ci vont avoir la maladresse et l'imprudence de traverser le cimetière sacré des Crows, qui considéreront cela comme une profanation. Si bien qu'ils vont venger cet outrage en tuant le jeune Caleb et Swan, la femme de Jeremiah. Révolté par un tel acte de barbarie gratuit, celui-ci prend son fusil et abat tous les Crows qu'il rencontre. Puis, lassé de ces tueries, il part pour le Canada et croise en chemin le chef des Crows qu'il saluera et qui lui rendra son salut.

 


Initialement, il était prévu que Jeremiah meure gelé comme si la montagne, après lui avoir volé ses rêves, lui volait sa vie, mais le cinéaste décida d'opter pour un final plus optimiste en le laissant en vie et en indiquant, avec l'échange des saluts, que les hommes des hautes terres finissent toujours par se comprendre, car il y a entre eux comme un pacte secret gagné de haute lutte par leur âpre apprentissage de l'adversité.

 

 Pour lire l'article consacré à Sydney Pollack, cliquer sur son titre :  

 

SYDNEY POLLACK

 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN, dont Out of Africa, Tootsie et On achève bien les chevaux, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN

 

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JEREMIAH JOHNSON de SYDNEY POLLACK
JEREMIAH JOHNSON de SYDNEY POLLACK
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commentaires

E
Vu et revu, film né autour de l'AIM (American Indian Mouvement) et de l'occupation de la chapelle de Wounded Knee (ou un de mes amis s'est rendu avec d'autres "Natives", montant de l'Oklahoma en pick up truck...). Le film m'a vraiment imprégnée, il a ce ton de vérité tranquille...
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S
Un mélange entre "Le dernier trappeur" de Vanier et "Josey Wales" de Eastwood... L'apprentissage de l'homme des montagnes par Robert Redford au summum et une mise en scène de Pollack discrète et au<br /> plus près du regard de son acteur fétiche. Magnifique... 4/4
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E
C'est une merveille que j'ai dû voir six fois.Pollack-Redford,une collaboration magnifique qui nous teinte de tristesse maintenant que Pollack nous a quittés et que Redford n'a plus guère de fougue<br /> ni d'inspiration,me semble-t-il.On ne peut être au mieux toute une vie.
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P
Sydney PollackJe le connaissais de nom, mais je ne l'avais pas vu.Merci pour ces photos. Dans Jeremiah Johnson et le récit que tu en fais colle vraiment bien à Robert REDFORD qui s'était retiré un bon moment lui aussi dans sa montagne. Quand je pense que j'ai vu pratiquement tous les films de M. POLLACK, je suis contente pour une fois de pouvoir dire très sincèrement et en toute connaissance de cause, BRAVO.
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C
Immense perte pour le Cinéma Américain que la mort de ce metteur en scène si brillant qu'était Sydney Pollack. Encore un géant du cinéma qui disparaît.
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R
Merci de cette précision qui m'avait échappé. ARMELLE
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B
Johnson n'épouse pas Swan pour reconquérir les têtes-plates mais simplement en échange des scalps pieds-noirs. Du troc tout simplement.<br /> Un film magnifique en tout état de cause qui n'a pas pris une ride.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
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