Joe Ransom (Nicolas Cage) descend les bouteilles aussi vite qu'il brûle sa vie. Joe est peut-être irresponsable, il n'en est pas moins un travailleur acharné. C'est dans une forêt, où il est employé à abattre les arbres, qu'il rencontre Gary (Tye Sheridan), un adolescent de 15 ans. Pour Gary, l'enfant malheureux maltraité par un père ivrogne et paresseux, tout n'est pas perdu, il est encore temps pour lui d'emprunter le droit chemin, à condition d'échapper à l'emprise néfaste de son père Wade qui n'hésite pas à tuer pour voler. Joe, touché par la volonté et le courage du jeune garçon qui souhaite s'en sortir et échapper à l'emprise malsaine de son père, ainsi que sauver sa mère et sa soeur de ses lâchetés et brutalités, l'engage et, contre toute attente, l'adolescent et l'ancien taulard finissent par sympathiser. Le chemin de la rédemption, dans une petite ville du Sud, sera jalonné de soirées en solitaire, de coups de gueule, de bagarres avec des fous de la gâchette épris de vengeance ou de revanche, ainsi que de visites au lupanar local. Un climat certes oppressant et une violence toujours omniprésente dans un opus conduit avec une certaine rigueur malgré des longueurs dans la première partie et des scènes gore dont on pourrait fort bien se passer. Inspiré d'un roman de Larry Brown, le film nous montre une Amérique malade de sa brutalité, de son matérialisme, de sa pauvreté latente, de son absence d'idéal, sans nous priver toutefois - et c'est là sa qualité première - d'une lueur d'optimisme.
D'autant que les acteurs sont parfaits, tous habités par leur personnage et que Nicolas Cage fait là un retour remarqué sur le grand écran. Il s'investit totalement dans ce rôle en demi teinte où il apparait comme un mauvais sujet repenti, touché par une sorte de grâce et devenant spontanément un père de substitution pour l'adolescent en quête d'un avenir respectable. Et celui qu'il lui propose est empreint d'une vraie humanité et d'un esprit d'abnégation qui sort l'histoire de son ornière de frénésie et de perdition. Pour ce final lumineux et sobre, le film mérite notre intérêt et se singularise au coeur d'une production américaine d'une violence quasi insupportable qui tourne sur elle-même comme l'animal qui se mord la queue. Ce qui justifie pleinement l'accueil excellent qu'il reçut au 39e Festival du film américain de Deauville, ce dernier profitant de l'occasion pour rendre un hommage appuyé et enthousiaste à l'acteur principal Nicolas Cage.
Pour consulter la liste des articles consacrés à la rubrique CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN, cliquer sur le lien ci-dessous :
LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN
commenter cet article …