Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 octobre 2007 1 15 /10 /octobre /2007 09:40
L'ASSASSINAT DE JESSE JAMES de ANDREW DOMINIK

               

Voilà un film dont on avait beaucoup parlé lors de sa présentation à Deauville et qui avait fait une forte impression sur le public, bien que, déjà, les avis aient été partagés. Il est vrai que "L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford" a peu à voir avec le western traditionnel et que certains spectateurs pourront trouver cette oeuvre trop longue et trop éloignée du portrait légendaire du hors-la-loi qui avait raison de tout et de tous. Ce film présente une intrigue peu habituelle.  Il ne s'agit pas seulement d'une histoire de gangster mais de l'itinéraire intérieur d'un jeune homme idéaliste qui s'est trompé de combat et que sa vie dissipée ne peut satisfaire, d'où un sentiment d'échec et de frustration qui ne cesse de saper son moral jusqu'à faire de lui un paranoïaque... si bien qu'il semble que, désormais, il n'aspire qu'à une mort libératrice et justificatrice qu'il rencontrera par procuration. Le film d'Andrew Dominik retrace les derniers mois de l'existence de Jesse James sous l'emprise de cette dépression grandissante. Nous ne sommes plus dans les grands espaces des westerns d'antan peuplés de chevauchées fantastiques, mais dans les décors enneigés du Wisconsin où la misère domine, tant matérielle que psychologique. Bien entendu, la légende du western est mise à rude épreuve, mais l'ambition de l'auteur n'était pas d'ajouter un film supplémentaire à une longue liste de bons et de moins bons films du genre, mais de réaliser une oeuvre singulière qui se déploie en empruntant des chemins de traverse, nous dépeint des scènes familiales et dont l'ascétisme prend peu à peu et, inéluctablement, un éclat funèbre et déchirant. Le metteur en scène s'attarde à creuser la psychologie des personnages et, même si la fin nous est connue, elle s'avance par des voies inattendues et mystérieuses. C'est également une ode à la solitude exprimée par la lenteur du rythme qui traduit la rencontre, comme désirée, d'une fin tragique qui  s'en vient sans bruit, à pas feutrés.

 

                       

Jesse James était le second fils d'un pasteur. Né en 1847, il mourra en 1882 à l'âge de 34 ans. En 1862, lors de la guerre de Sécession, la ferme où il demeure avec sa famille est saccagée par les nordistes et le jeune homme sauvagement battu, ce qui l'incitera à rejoindre son frère aîné dans l'armée sudiste. Mais il est jugé trop jeune (il n'a que 16 ans) pour cet engagement. Par dépit et pour venger la défaite de son camp, il rallie  la troupe du sanguinaire William Quantrill jusqu'à la capitulation des confédérés en 1865. Par la suite, il crée avec son frère sa propre bande et ensemble envisagent des attaques et des vols pour survivre en ces lendemains troublés. Mais une agence privée se lance à leurs basques et dix hommes cernent la maison familiale blessant le père, la mère et un jeune demi-frère. Cette opération  provoquera l'indignation d'une partie de l'opinion publique qui considère ces délinquants comme "des victimes de la guerre". En 1876, après l'échec d'une de leurs expéditions, Frank, l'aîné, décide de se retirer d'une actualité devenue trop dangereuse, mais Jesse ne l'entend pas de cette oreille. Il recrute de nouveaux compagnons et cette fratrie offensive va perpétrer d'innombrables forfaits, attaquant les trains, les convois, détroussant les voyageurs, si bien que les gazettes font de ces bandits de grands chemins une légende vivante...et terrifiante. Avec son caractère dur et implacable, Jesse est presque autant redouté de ses comparses que de ses victimes, si bien que l'un d'eux, qui l'admire tout autant qu'il le craint,  finira par l'abattre lâchement dans le dos, avide de renommée et appâté par la prime offerte pour la suppression de cet ennemi public. Tour à tour pitoyable, inquiétant et jovial, ce film, économe sur le plan des effets, nous sert un drame sombre et réaliste où les héros introvertis sont davantage préoccupés de leurs névroses que de leurs faits d'armes. Méditation lyrique sur un destin qui se fourvoie et se dérobe, il est interprété par un Brad Pitt tourmenté qui s'est totalement effacé derrière son personnage et réussit une performance remarquable. Maître de son jeu, il domine le film avec aisance, face à un Casey Affleck prometteur, parvenant à révéler, sous ses dehors juvéniles, une ambition qui fera de lui le bras armé de la loi. Ce duo explosif nous livre une épopée intime d'une belle et douloureuse  intensité. Original et ambitieux.

 

Pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN, dont un grand nombre de westerns, cliquer sur le lien ci-dessous :


LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

                               

Partager cet article
Repost0

commentaires

E
Je serais tentée, si ce n'était Brad Pitt. Mais il a sans doute maintenant dépassé sa légende facile de "beau gosse" et je devrais lui donner une nouvelle chance :) Car le sujet est très intéressant....
Répondre

Présentation

  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
  • Contact

Profil

  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

Stanley Kubrick

 

 

ET SI VOUS PREFEREZ L'EVASION PAR LES MOTS, LA LITTERATURE ET LES VOYAGES, RENDEZ-VOUS SUR MON AUTRE BLOG :  INTERLIGNE

 

poesie-est-lendroit-silence-michel-camus-L-1 

 

Les derniers films vus et critiqués : 
 
  yves-saint-laurent-le-film-de-jalil-lespert (1) PHILOMENA UK POSTER STEVE COOGAN JUDI DENCH (1) un-max-boublil-pret-a-tout-dans-la-comedie-romantique-de-ni

Mes coups de coeur    

 

4-e-toiles


affiche-I-Wish-225x300

   

 

The-Artist-MIchel-Hazanavicius

 

Million Dollar Baby French front 

 

5-etoiles

 

critique-la-grande-illusion-renoir4

 

claudiaotguepard 

 

affiche-pouses-et-concubines 

 

 

MES FESTIVALS

 


12e-festival-film-asiatique-deauville-L-1

 

 13e-FFA-20111

 

deauville-copie-1 


15-festival-du-film-asiatique-de-deauville

 

 

Recherche