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11 mars 2014 2 11 /03 /mars /2014 10:51
L'HOMME DES HAUTES PLAINES de CLINT EASTWOOD

                  

Venu de nulle part, un cavalier taciturne surgit dans le petit village de Lago en plein désert et découvre une population terrorisée par la prochaine sortie de prison de trois hors-la-loi. L'étranger, qui a abattu dès son arrivée trois hommes qui l'avaient provoqué, est aussitôt engagé pour défendre la ville. En échange de cette collaboration, il pourra demander tout ce qu'il souhaite, rien ne lui sera refusé.

 

Avec L'homme des hautes plaines (1972), son second film, Clint Eastwood  payait sa dette envers Sergio Leone qui l'avait tiré de l'anonymat en le faisant tourner dans un chef-d'oeuvre : Le bon, la brute et le truand. En effet, cet homme, tireur d'élite, qui débarque à Lago sombre et mal rasé, ressemble au personnage, qu'en tant qu'acteur, Clint interpréta sous la direction du metteur en scène italien. Mais la ressemblance s'arrête là, car Eastwood, avec ce premier western, fait oeuvre d'auteur. Revisitant à sa manière un thème classique, celui d'une ville écrasée par la peur et la couardise (on pense bien sûr au film  Le train sifflera trois fois), il nous fait passer de l'autre côté du miroir. Chez lui point d'héroïsme et de bons sentiments, on ne tire pas son mouchoir face à une réalité aussi froide et cynique. L'homme est un loup pour l'homme, aussi dans la lutte pour le pouvoir est-ce toujours le plus habile et le plus cruel qui emporte la mise. Nous sommes en plein coeur d'un jeu terrifiant où il n'y a aucune place pour une quelconque mansuétude. Violent, et néanmoins captivant, le film est admirablement joué par un Clint Eastwood obsédant et impénétrable, mis en scène par le même Eastwood avec rigueur et concision, qualités qui ne lui feront jamais défaut dans ses autres réalisations.

 

Ne parvenant pas à pardonner la médiocrité ambiante qui règne dans cette ville, l'étranger force les habitants à repeindre leur cité en rouge et nomme shérif le nain dont ils avaient fait leur souffre-douleur, ce qui prête à ce long métrage une atmosphère à la fois crépusculaire et fantastique, avec une touche de surréalisme très envoûtante. D'autant que Eastwood se plaît à laisser planer le doute sur l'identité de son cavalier. Est-il le propre frère du shérif Duncan, qui avait été assassiné par les trois bandits sous les yeux complices et apeurés des habitants, et qui revient se venger d'eux ? Est-ce l'ange de la mort lui-même venu à Lago pour rappeler à chacun sa responsabilité dans le meurtre ? Le mystère demeure. Mais il est vrai que l'arrivée de l'étranger bouleverse les habitudes de cette cité dont la population n'est composée que d'adultes - on ne voit pas d'enfants - liés entre eux par le secret d'une responsabilité criminelle collective. Aussi l'étranger prend-t-il plaisir, à la façon de l'ange exterminateur, à les humilier en les méprisant, en les obligeant à reconnaître pour shérif un être disgracié et à leur faire repeindre en rouge leurs propres maisons, rebaptisant la ville du nom de " Hell " qui signifie " Enfer ". Puis, après avoir tué ses adversaires par le fouet, la corde ou l'arme à feu, il repart comme il était venu dans un anonymat troublant, non sans avoir donné au shérif Duncan une sépulture décente dans le cimetière de Lago.


                  

Jouant des atouts d'une mise en scène flamboyante ( entre autre l'incendie final d'une partie de la ville ), d'une photographie splendide due à l'objectif de Bruce Surtees et d'une musique inspirée de celle d'Ennio Morricone, Eastwood ne se prive pas de manier à l'envi l'humour et la dérision et nous conte avec virtuosité l'histoire de cet homme seul, trahi par une ville impuissante mais faisant face, à la façon d'une parabole inscrite en rouge sang.

 

Pour lire l'article consacré à Clint Eastwood, cliquer  sur son titre :   

 

CLINT EASTWOOD - PORTRAIT

 

 Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN, dont les oeuvres de Eastwood, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN

 

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L'HOMME DES HAUTES PLAINES de CLINT EASTWOOD
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commentaires

A
Je suis d'accord avec toi, Palilia. On avait l'impression que c'était des extra-terrestres.
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P
bonsoir Armelle : j'ai vu beaucoup de films de Clint Eastwood, beaucoup de westerns parce qu'il n'y avait quasiment que ça quand on était très jeunes, mais je n'ai pas vu ce film. Ils avaient la<br /> gâchette facile dans ces films mais ça ne faisait pas la même impression que les films-réalité de maintenant: on avait l'impression que c'était un autre monde et... un film
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E
Moi aussi j'adore cet acteur si fin doublé d'un metteur en scène excellent et sensible...
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T
CLINT EASTWOOD un de mes acteurs préférés américains
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B
Un film qui ne reçut pas l'approbation de John Wayne qui tiendra des propos désagréable à eastwood .<br /> <br /> Eastwood ne niera jamais que son but était de séloigner de tous ce que ford, Wayne et Gary Cooper avait fait.
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B
Mon wester préféré. La ville de Logo et ses habitants d'une grande lacheté. L'étranger aux yeux inquiètant et au charisme incroyable dont l'interprètation de Clint Eastwood rend encore plus inquiètant et la musique lancinante. Une vrai chef d'oeuvre!
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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