Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
Par Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
Plus qu'un film sur le destin d'une figure incontournable de la vie politique européenne de la seconde moitié du XXe siècle, La dame de fer est une réflexion sensible sur une femme vieillissante, dont la vie a été, certes, exceptionnelle mais qui se trouve confrontée - comme toutes les autres - à la maladie, la vieillesse et la solitude. L'accent est mis ainsi sur la condition humaine d'un être perdant peu à peu ses ressources et son autonomie, cela grâce à un scénario qui s'est refusé à se focaliser sur les grandes heures de ce destin hors normes et lui a préféré les pages plus discrètes et méconnues de cette fille d'épicier qui, à force de volonté et de détermination, a réussi à démanteler les barrières peu poreuses liées au sexe et au milieu social. C'est également un film sur le pouvoir et le prix à payer pour y parvenir, d'autant plus si on est une femme venue de nulle part. Aussi ce portrait imaginé est-il troublant, car il confère à celle que l'on reléguait dans le seul et unique rôle de dame de fer requise par la grandeur de l'Angleterre, une vision autrement plus humaine servie, il est vrai, par le charisme d'une actrice de l'envergure de Meryl Streep, qui n'aura pas usurpé son Oscar.
Tout a déjà été écrit de quelques-unes des pages essentielles des deux mandats de ce premier ministre de Sa majesté pour que je n'en rajoute pas inutilement, mais l'opus est néanmoins un formidable portrait de femme en proie à ses obsessions, à ses chagrins, à ses convictions, dont le combat principal a été celui qu'elle s'est livrée à elle-même pour atteindre ses objectifs et écrire une page de l'histoire de la Grande-Bretagne dans un souci constant de grandeur et de puissance. Réalisé par une femme Phyllida Lloyd d'après le scénario d'une autre femme Abi Morgan, ce portrait est beau et émouvant mais n'échappe pas à quelques fautes de goût, principalement dans les apparitions soudaines du mari disparu dont on sait qu'il formait avec Margaret un couple uni. C'est sans doute cette solidité de sa vie maritale qui a permis à madame Thatcher de consolider le socle sur lequel reposait sa carrière de chef de gouvernement. Privilégiant la petite histoire aux dépens de la grande, on comprend que le film ait déçu, bien qu'il ait le mérite - et non des moindres - de nous montrer à quel point chacun, à un moment donné de sa vie, aussi illustre ou modeste soit-elle, est confronté aux mêmes détresses et aux mêmes abandons. Aussi, pour conclure, citerai-je cette réplique mise dans la bouche de l'actrice et sensée avoir été prononcée par le premier ministre lors d'une visite à son médecin : " De nos jours, les gens ne pensent plus : ils ressentent ! "Comment vous sentez-vous ?", "Je ne me sens pas à l'aise"...Vous savez quel est l'un des grands problèmes de notre époque ? C'est que nous sommes gouvernés par des gens qui se soucient plus de sentiments que de pensées ou d'idées. Moi, c'est cela qui m'intéresse. Demandez-moi ce que je pense, pas comment je me sens !
Le must du film en quelque sorte, un must qui permet d'oublier le recours trop permanent à des connotations inutilement sentimentales.
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